II) Les stimulants matériels à Cuba depuis
1959 : rejet et nécessité
Comme il a été dit précédemment,
la révolution cubaine s?est donc produit dans un pays
arriéré, avec un faible développement des forces
productives, et donc des formes capitalistes de propriété (faible
développement industriel, économie essentiellement agraire).
C?est dans ces conditions que Cuba s?est engagé sur la voie de la
construction du socialisme et du communisme, et la politique économique
qui va justement consister à poser les bases de cette construction va
s?avérer importante, tant sur les rapports de production (types de
propriété...) que sur les choix stratégiques et le
développement social du pays (santé, éducation,
bien-être). La politique des stimulants matériels et des modes de
rémunération va bien sûr rentrer dans ce cadre, car comme
on l?a vu dans une première partie, le type de
rémunération va être lié au rapport de production et
donc de distribution en place.
Comme le fait remarquer un éminent économiste
cubain, en 1959, le développement des forces productives à Cuba
était telle qu?il ne nécessitait pas un haut degré (de
socialisation) de rapports de production, mais que les contradictions de
classes qui se sont produites durant les deux premières années de
la révolution, entre le pouvoir révolutionnaire et la bourgeoisie
cubaine et des Etats-Unis, suite aux différents réformes
entreprises par le pouvoir (réformes agraires, nationalisations de
certaines entreprises...), a rendu les nationalisations plus poussées
des années 1960-61 nécessaires à fin de conservation du
pouvoir politique.73
Après un laps de temps qui suivit la révolution
au moment duquel des débats eurent lieu sur l?étape de transition
du capitalisme au socialisme (voir supra) l?attitude vis-à-vis des
stimulants matériels et de la loi de la valeur dans l?étape de
transition de 1959 à aujourd?hui, peut-être
caractérisée en plusieurs périodes. Certaines au cours
desquelles les stimulants matériels ont été mis de
côté au profit des stimulants moraux et d?autres où ils
furent jugés nécessaires pour un développement accru des
forces productives. Ces changements d?attitudes ont plusieurs raisons qui
peuvent parfois revêtir une forme idéologique mais qui ont aussi
des
73 RODRIGUEZ, José Luis, Estrategia del
desarrollo económico en Cuba, Editorial de ciencias sociales, La
Habana, 1990.
causes tant politiques qu?économiques. Nous allons donc
analyser ces différentes périodes et essayer d?en comprendre les
causes et les effets et voir les problèmes qui se sont posés et
qui se posent encore sur cette question depuis le commencement du processus
révolutionnaire cubain.
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