b. La loi de l'offre et de la demande de chroniques
Un supermarché répond à la loi de l'offre
et de la demande. Ainsi, nous sommes passé d'une tendance de
marché où c'était l'offre qui influait sur la demande,
où la marque des chroniqueurs se créait indépendamment des
téléspectateurs, à une offre, au sens capitaliste du
terme, qui gouverne les marques de chroniqueurs. Une offre fondée sur
les calculs d'une demande a priori. Et le chroniqueur devient ainsi ce que
Michel Mathien appelle un « guetteur du désirable
»43. Ou, comme le synthétise le journaliste, et
chroniqueur chez Michel Drucker, Claude Sérillon :
« Dans une émission magazine ... il faut
séduire, c'est-à-dire plaire, c'est-à-dire devancer
l'opinion, c'est-à-dire vendre un produit. »44
Le risque est donc double : que la marque-chroniqueur, afin de
ne pas décevoir ses clientstéléspectateurs, tombe dans sa
propre caricature pour ne plus se vendre que comme l'image d'ellemême et,
ainsi, ne plus créer le buzz45 au final, à force de
trop user les vieilles techniques. Comme le dirait le conseiller en
communication, auteur, et professeur au Celsa, David Réguer :
« Moi, délibérément, je n'ai aucune
conviction ou seulement a posteriori, si elle rencontre son public. »46
« Trouver son public » : telle est la mission
essentielle pour toute marque souhaitant survivre. Mais paradoxalement, cela ne
peut avoir lieu que si une marque se déploie dans un univers
élitiste, où, par définition, la concurrence, bien que
qualitativement plus rude, est quantitativement moins forte.
43 MATHIEN Michel, Les journalistes : Histoire,
pratique et enjeux, Ellipses, Paris, 2007, p 205.
44 In Le Monde, 14 février 1992.
45 Emballement médiatique, ramdam.
46 REGUER David, Tout sauf anonyme, Anabet,
Paris, 2009.
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