ANNEXES
Annexe 1 : Entretien avec Christophe Ono-dit-Bio
(romancier, directeur du service cuture du Point, chroniqueur dans la
Matinale de Canal +)
-Quelles ont été vos motivations pour devenir
chroniqueur à la télévision ?
Je trouve que la télévision est un instrument
génial pour parler de culture, c'est un media de masse et il y a plein
de chose que l'on peut faire passer à l'image. C'est un traitement
complémentaire de ce que je fais au Point en presse écrite, une
autre forme de pédagogie. En télé on est interrompu, il
faut toujours rebondir. Et à Canal, plus on est aiguisé, plus on
a de l'humour et un sens de l'époque, de l'air du temps, plus on est le
bienvenu. C'est cette culture là que je défends.
-Avez-vous l'impression de devenir une identité
à part, autonome, qui ne serait plus là du fait de son origine de
presse écrite ?
Moi je suis aussi romancier et je me réfère
toujours à FOG. Son ADN est autant le Point que Giesbert romancier et
Giesbert présentateur. La télévision recherche des
signatures, des visages, des tons. Ce que j'aime dans mon métier, c'est
le côté « personnalité forte ». On dit signature
en presse écrite, on pourrait dire signature en
télévision. La presse écrite est un bon fournisseur de
chroniqueurs télé.
-Beaucoup de chroniqueurs viennent d'autres mondes que le
journalisme. Notamment ceux que l'on appelle les « chroniqueurs-snipers
» tel qu'Eric Naulleau. Que pensez-vous de cette tendance ?
Ce sont des exceptions. Naulleau est éditeur et
critique les livres d'autres éditeurs, donc c'est un peu incestueux. Je
crois qu'il est là surtout pour dire du mal des invités, et on
attend ça de lui. Je crois qu'il est condamné à être
le méchant. Je ne sais pas quel est son travail, je dirai que c'est plus
une fonction de démolisseur de la télévision.
-La télévision ne simplifie-t-elle pas et
n'enferme-t-elle pas un chroniqueur ?
La télévision a toujours créé des
personnages. Souvenez-vous de Michel Chevalet, des frères Bogdanov,
Antoine de Caunes ... Il n'y a pas d'enfermement, aujourd'hui on est tous
polyvalent. On
a l'impression de voir un peu les même noms partout.
D'ailleurs c'est peut-être un peu préjudiciable. La
télé c'est une forme de nomadisme éditorial. On a besoin
de repères, on aime bien identifier une parole donnée, un
personnage pour se repérer dans une masse de produits culturels. Moi, je
n'ai pas peur de l'enfermement, je suis toujours identifié comme
quelqu'un du Point. Cette après-midi je vais tourner une vidéo
pour le site du Point : aujourd'hui les magazines vont faire de plus en plus de
télévision, sous la marque « Le Point ».
-Comment définiriez-vous votre rôle de
chroniqueur ?
Je me définis comme un missionnaire de la culture.
J'occupe mon temps de parole à expliquer une oeuvre qui décode
l'époque. Je le fais de manière très pédagogique,
j'ai été prof de lettres. Je viens avec mon projecteur pour
éclairer un aspect. Ça recoupe ma mission du Point : être
une sorte de casque bleu de la sphère culturelle.
-Que pensez-vous de la survivance des chroniqueurs par
l'esthétique du «clash » sur dailymotion notamment ?
On est là dans la dimension spectaculaire. Pour moi
c'est le combat de coqs. Il y a une plus grande personnalisation et
individualisation du monde contemporain. On est dans le domaine de
l'arène : les plateaux télé ressemblent beaucoup à
une arène d'ailleurs. C'est la partie cirque romain qu'il y a toujours
eu à la télévision.
-Comment voyez-vous l'avenir des chroniqueurs culturels
à l'ère d'internet ?
Je crois aux marques. On a peut-être l'impression que
tout se ressemble, mais tout va se décanter à l'avenir. Il y a
des marques comme certains réalisateurs tirent leur épingle du
jeu. On va voir le nouveau Woody Allen et on ne se souvient pas du titre du
film. Des marques vont survivre, se développer, d'autres, comme des
produits mal ciblés, vont se perdre.
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