VII. PERSPECTIVE DE CONSERVATION DE LA FAUNE
7.1. Intégration des
populations riveraines à la gestion de la faune
Le problème de gestion repose sur la faible implication
des populations riveraines et aux conditions de vie de ces derniers. On se rend
compte qu'au fil du temps, la disparition des espèces de la faune
sauvage va croissante. Aujourd'hui on ne parle plus du rhinocéros noir
dans le parc national de la Bénoué et ses ZIC adjacentes. Si rien
n'est fait, ce sera le tour de l'élan de derby, la plus majestueuse de
toutes les antilopes. Cette sauvegarde ne pourrait se faire qu'en donnant la
priorité aux hommes, acteurs incontournables de la conservation de la
biodiversité. Il est important de bien intégrer les populations
dans la gestion de leur écosystème en prenant exemple sur le
système de gestion communautaire de Campfire au Zimbabwé, Admade
en Zambi ou Biozim dans la moyenne vallée du Zambèse
(Vermeulen, 2003).
7.2. Elevage non conventionnel de la faune
Les espèces menacées d'extinction peuvent
être élevées à la Bénoué comme c'est
le cas dans beaucoup de régions du monde (zoo de Washington, Los
Angeles, Afrique du Sud, etc...) (Sabot, 2001). Le
rhinocéros aujourd'hui disparu peut être réintroduit dans
une ZIC de l'UTO Bénoué mieux contrôlée afin de
favoriser sa production. Les enjeux multiples pour une telle espèce sont
des raisons pour son élevage.
7.2.1. Le Game Ranching
Par définition, le game ranching est un élevage
extensif, en milieu naturel, d'espèce sauvage ou de gibier.
Bien que peu connu du milieu, l'élevage du gibier a
été testé avec succès dans plusieurs régions
du monde. En Afrique du Sud, il représente 50% du marché mondial,
en Namibie avec la loi de 1967 permettant la propriété de la
faune aux propriétaires fonciers, les ranches sont passés de 52
à 411 en 5 ans. En Amérique, 38% de la population ont une
activité corrélée à la faune sauvage (SOFRECO,
2003).
Le processus du projet de Game ranching dans la région
est en cours depuis 2000. L'objectif du game ranching serait d'élever
les espèces phares en voie de disparition dans une des zones de chasse
autour du parc national de la Bénoué. Ceci développera au
mieux le tourisme de vision et générera plus de richesse et de
bien être car il est clair que si la conservation n'est pas soutenue,
c'est parce qu'elle ne génère pas de bénéfices aux
populations riveraines. Il ne peut y avoir de gestion saine de l'environnement
tropical sans épanouissement des êtres humains qui en vivent. Si
nous voulons que
les espèces sauvages, les hippopotames, la girafe et bien
d'autres survivent, assurons d'abord un avenir décent aux
communautés humaines riveraines.
Il est temps que la faune sauvage soit élevée
pour solutionner le problème de disparition des espèces. Les
méthodes de gestion tant vulgarisées et appliquées
n'assurent toujours pas leur perpétuation. L'élevage des animaux
sauvages peut avoir un impact économique important et permettrait de
mieux préserver la biodiversité tout en octroyant des revenus
substantiels aux populations. Le développement des Games Ranching pourra
être une motivation pour maintenir l'écosystème naturel.
Les espèces de
la faune sauvage décroissent progressivement et risquent
d'atteindre un niveau critique d'ici peu, d'oüla nécessité
d'anticipation sur l'alternative d'élevage de nouvelle espèces
sauvages.
7.2.2. Elevage en captivité
Un accent sera mis sur l'élevage en captivité de
certaines espèces menacées notamment, l'élan de derby dans
la périphérie du PNB, dans un objectif de préserver cette
espèce dans la zone. Cet élevage en captivité
nécessite des conditions particulières :
Taille des abris et des enclos : Une boxe mesurant 6,5
m2 est suffisant pour l'élan, mais dans les régions
nécessitant de longue période d'hébergement, les logements
intérieurs devront mesurer au moins 14 m2 pour une seule
antilope et il faudra ajouter 7,4 m2 pour chaque animal
supplémentaire. Quant aux enclos extérieurs, leur surface sera au
minimum de 30 m2 par élan (Smith et al, 1997).
Les clôtures doivent être relativement hautes car les
élans peuvent passer par-dessus des obstacles allant jusqu'à 2 m
de haut.
Composition des troupeaux : En général, les
antilopes peuvent être élevées en groupe composé
d'un mâle adulte, de plusieurs femelles adultes et de jeunes. Les
mâles peuvent ainsi être laissés avec les femelles et les
jeunes tout au long de l'année. Si l'on souhaite établir une
saison de reproduction, alors il faudra toujours séparer dans les boxes
les mâles des femelles, car les mâles peuvent blesser les femelles
lorsque les animaux sont confinés dans un espace réduit.
Alimentation de l'élan en captivité : Le guide
d'élevage des antilopes (Smith et al, 1997) recommande un régime
alimentaire composé d'herbe, de foin, et d'un aliment industriel pour
herbivores. En pratique, à ce régime alimentaire de base sont
souvent ajoutés des fruits et légumes (pommes, carottes) et
parfois des branches et des feuilles d'arbres. Certains aliments pourront
être substitués en tourteau selon la disponibilité (exemple
au Cameroun on a le tourteau de coton, de palmiste).
Tableau XII: un exemple de ration journalière d'un
élan de derby
|
Mâle
|
Femelle
|
Concentré pour herbivore
|
2 kg
|
1 kg
|
Granulé de luzerne déshydraté
|
0,7 kg
|
0,5 kg
|
Farine d'avoine
|
0,5 kg
|
0,4 kg
|
Foin (pâturage)
|
Oui
|
Oui
|
Fruits et légumes
|
4 kg
|
2,5 kg
|
Branches d'arbres
|
Oui
|
Oui
|
Complément minéral et vitaminé
|
oui
|
oui
|
(Source : Sabot, 2001)
Reproduction : La réussite de
l'élevage des élans comme de tout autre élevage repose sur
le choix des reproducteurs. Il est conseillé pour le démarrage de
capturer les petits élans et de les nourrir sur place au biberon.
L'opération consiste à capturer dans la zone quelques petits
élans de derby et les amener dans les enclos. Après 24 mois on
peut déjà les croiser, la durée de gestation est de 9 mois
pour une portée de 1 petit rarement 2. En captivité il est
possible qu'elle mette bas chaque année.
7.3. Développement des alternatives à la coupe
de bois
7.3.1. Fabrication et vulgarisation des foyers
améliorés
Les besoins croissants en bois de chauffage peuvent être
solutionnés par l'utilisation des foyers améliorés. Pour
ce faire, il faut fabriquer et vulgariser le foyer amélioré dans
les villages riverains des ZICs. Le but est d'amener les populations à
substituer le bois de feu par les foyers améliorés.
D'après les études menées dans la zone, plus de 90% de la
population utilise le bois comme combustible. Les populations ont besoin du
bois, qu'elle coupe de façon anarchique et par conséquent
perturbe la faune dans son milieu naturel. Un projet initié à
cette fin serait sans doute une solution pour freiner les populations
riveraines dans l'exploitation du bois.
7.3.2 Création des bosquets villageois
Les besoins en bois vont croissant dans la région. La
seule source de ravitaillement reste la végétation naturelle.
L'action du reboisement n'est pas encouragée et les populations se
contentent de la flore des ZIC et du parc pour satisfaire leurs besoins. Si un
arbre coupé correspondait à un arbre planté, la
végétation ne disparaitrait pas au rythme actuel. Il est grand
temps de penser à remplacer les arbres coupés. Pour chaque
village, créer un bosquet commun. L'objectif serait d'amener les
populations à reboiser et par conséquent limiter l'avancée
de la coupe du bois dans les aires protégées.
|