C. Les requêtes de transparence, une
réponse aux risques des hedge funds sur les marchés
financiers
i. Les hedge funds comme source de risque
Comme d'autres institutions financières, les hedge
funds induisent deux grandes catégories de risque pour les
investisseurs et les milieux financiers dans leur ensemble : le risque
systémique et le risque non systémique. Le
risque systémique est le risque qu'une institution financière
fait courir aux autres en ne respectant pas ses obligations financières,
plaçant ces dernières dans l'incapacité d'honorer les
leurs à leur tour. Dans les cas extrêmes, il peut
déboucher sur une crise financière, et déstabiliser
les marchés des capitaux et l'économie réelle. Les autres
risques sont dits non systémiques.
a. Le risque non systémique
Une grande partie des risques auxquels est exposé un
hedge fund lui sont spécifiques. Ainsi, le risque
opérationnel et le risque de fraude touchent directement ses
investisseurs et ses banques créancières. Dans de nombreux pays,
et notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, les autorités de
régulation partent du principe que puisque ces fonds ne sont accessibles
qu'aux gros investisseurs avertis, il appartient à ces derniers, et non
aux pouvoirs publics, de mettre en place des procédures de due
diligence sur les fonds sur lesquels ils misent. De plus, les intervenants
frauduleux risquent des poursuites en vertu des dispositions en vigueur.
Ces dernières années, plusieurs fonds ont perdu
des centaines de millions, voire des milliards, de dollars (tableau ci
dessous). Sur les vingt et un cas rapportés par diverses sources
publiques, deux catégories de fonds (arbitrage sur les
marchés obligataires et global macro) totalisent ensemble 47 %
des incidents déclarés et 63 % des pertes.
b. Le risque systémique
Le risque systémique préoccupe
généralement davantage les autorités de régulation
que le risque non systémique. Depuis que les hedge funds
occupent une place plus importante sur les marchés financiers, les
décideurs redoutent de les voir contribuer au risque systémique.
Ce pourrait être le cas si un hedge fund défaillant
provoquait l'effondrement d'un grand établissement financier qui lui est
directement exposé. D'autres perturbations du système financier
pourraient s'ensuivre. Lors de la quasi-faillite de LTCM, à l'automne
1998, dix-sept contreparties, essentiellement des grandes banques, auraient
perdu collectivement entre 3 et 5 milliards de dollars si LTCM n'avait pas
été renfloué par un regroupement de certaines de ses
contreparties. Nombre d'entre elles étaient directement exposées
à LTCM, pour la plupart par le biais des dérivés de
gré à gré (OTC).
À la suite de l'affaire LTCM, le Comité de
Bâle a constaté que le potentiel de perturbations indirectes
des marchés était plus préoccupant que la
possibilité de produire un impact direct
sur les établissements financiers. Le Comité a
identifié plusieurs raisons expliquant pourquoi les hedge funds
font courir un risque aux marchés financiers :
· parce qu'ils recourent à l'effet de levier, les
hedge funds peuvent accentuer les mouvements des marchés s'ils
sont contraints de vendre des titres pour répondre aux appels de marge
;
· cette contrainte de vendre peut se
révéler d'autant plus impérieuse que les hedge funds
prennent souvent des positions analogues et investissent souvent dans des
titres plus illiquides;
· la perturbation peut être aggravée si les
courtiers qui procèdent aux appels de marge utilisent à leur
profit les informations fournies par les hedge funds ;
· beaucoup de hedge funds sont de courte
durée. Leur taux de mortalité historique s'établit
à environ 10 % par an. Cet horizon temporel rapproché peut les
inciter à prendre davantage de risques, puisque leurs stratégies
sont axées sur les gains à court terme.
La conjonction de ces facteurs a provoqué d'importantes
perturbations des marchés financiers à l'automne 1998, lors de la
débâcle de LTCM.
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