II. Les évolutions de l'industrie de hedge
funds
En premier lieu analysons de manière
générale les grandes tendances de l'industrie des hedge
funds.
A. Les tendances générales de l'industrie
des hedge funds
i. L'augmentation du nombre de fonds et du volume des
actifs gérés
Une tendance a déjà fait l'objet de commentaires :
l'augmentation du nombre de fonds et du volume des actifs
gérés.
L'attrait croissant des hedge funds aux yeux des
investisseurs institutionnels est à la fois une conséquence et
une cause de cette tendance. Les fondations figurent en tête des nouveaux
clients des hedge funds. Dans un contexte de concurrence croissante
pour des meilleurs rendements, ces investisseurs recherchent des supports de
placement alternatifs permettant d'augmenter leurs gains. On peut
considérer que la participation accrue d'importants acteurs
institutionnels améliore la gouvernance et renforce l'obligation de
rendre des comptes. Les investisseurs institutionnels ont à la fois les
moyens et l'obligation d'exercer une due diligence sur le
placement de leur capital.
ii. La multiplication des styles d'investissement
La multiplication des styles d'investissement constitue
une autre tendance notable
Étant donné que la plupart des fonds cherchent
à exploiter les imperfections du marché, les gérants se
spécialisent de plus en plus sur les segments qui les
intéressent. À l'origine, la plupart des hedge funds
étaient des fonds « long/short » : ils tiraient leurs
rendements de positions acheteuses (longues) sur des actifs qu'ils jugeaient
sous-évalués, et de positions vendeuses (courtes) sur les actifs
de la même classe qu'ils estimaient surévalués. Cependant,
il existe aujourd'hui un important groupe de fonds « long-only
», spécialisés dans l'identification d'actifs
sous-évalués, qui ne se couvrent pas (hedging) en
prenant une position vendeuse sur des actifs de la même classe.
Certains fonds sont dits « event-driven »
au sens où ils se spécialisent dans l'adoption de positions
(longues ou courtes) sur des événements potentiels qu'ils jugent
mal refl étés dans les prix du moment. Les « macro hedge
funds » prennent, eux, des positions reposant sur une analyse de
variables macroéconomiques mondiales. D'autres encore sont
spécialisés par
secteurs et s'appuient sur leur connaissance de certaines
branches d'activité pour accroître la valeur de leurs
portefeuilles.
Un certain nombre de fonds se concentrent sur l'exploitation
d'anomalies du marché. Ils traquent les prix relatifs qui ont
divergé des normes historiques pour des raisons qui semblent
injustifiées.
Ils prennent alors des positions anticipant un retour à
la normale (c'est ce qui a provoqué la quasi-faillite de LTCM. Ce fonds
avait parié que la divergence de prix entre les bons du Trésor
« on the run » (les plus récemment émis) et
« off the run » (émis précédemment),
qui avait atteint un niveau phénoménal, renouerait avec un niveau
plus normal. C'est ce qui s'est effectivement produit, mais trop tard pour
sauver LTCM).
En outre, l'augmentation considérable de la puissance
de calcul contribue largement à encourager le trading
algorithmique qui permet de prendre des positions immédiates et
volumineuses en fonction d'anomalies de prix perçues. Grâce
à cette technologie, il est également possible de gérer
l'exposition au risque en temps réel. Il convient toutefois de
reconnaître que l'efficacité d'une gestion automatisée du
risque est totalement tributaire du caractère réaliste des
modèles sous-jacents.
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