1 . Le cas du changement climatique d'origine anthropique
a. Données essentielles
i. Caractéristiques élémentaires
Le climat de la Terre a toujours varié,
essentiellement du fait des forçages astronomiques, mais
également du fait, entre autre, des crises volcaniques. Les travaux,
notamment des géographes, sur les paléo-environnements, en
témoignent largement, et avec toujours plus de précision.
Par ailleurs, la présence dans l'atmosphère de gaz
effet de serre (GES) est une des conditions autorisant la vie sur Terre.
Le système climatique est en outre remarquablement
stable depuis environ 10 000 ans, ce qui a permis, entre autre, la
Néolithisation et a créé un cadre privilégié
- probablement indispensable - pour la constitution de nos
sociétés, au moins occidentales.
Pourtant, depuis l'époque pré-industrielle,
l'augmentation des émissions de GES dues aux activités
anthropiques a conduit à une augmentation marquée des
concentrations de GES atmosphériques.
Le 4ime rapport du GIEC8 est la principale source
utilisée pour caractériser les éléments de ce
paragraphe, étayés par des écrits de Jean JOUZEl,
Hervé le TREUT, Michel PETIT, Edouard BARD et Jean Marc
JANCOVICI.
ii. Observations et causes
Ces émissions sont constituées de rejets de
dioxyde de carbone (CO2) (77% des émissions anthropiques totales en
2004), de méthane (CH4), de protoxyde d'azote (N2O) et de
différents gaz frigorigènes (HFC, PFC et SF6). Les
émissions globales de GES ont crü de 70% entre 1970 et 2004, dont
une augmentation de 24% entre 1990 et 2004. Les concentrations de gaz
carbonique dans l'atmosphère ont atteint des niveaux sans
précédent depuis 650 000 ans : 379 ppm* en 2005 contre 280 ppm
avant l'ère industrielle.
Par ailleurs, le réchauffement du système
climatique est sans équivoque, car il est maintenant évident dans
les observations de l'accroissement des températures moyennes mondiales
de l'atmosphère et de l'océan, la fonte
généralisée de la neige et de la glace, et
l'élévation du niveau moyen mondial des océans.
Ainsi, onze des douze dernières années figurent
au palmarès des douze années les plus chaudes depuis 1850. Le
niveau de la mer s'est élevé de 17 cm au cours du
vingtième siècle et de 3 mm par an entre 1993 et 2003, soit le
double de la moyenne enregistrée durant tout le vingtième
siècle. Une augmentation du nombre des cyclones tropicaux intenses est
observée dans l'Atlantique Nord et d'autres régions du Globe
depuis 1970.
8 Groupe d'Expert Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat
(IPCC en anglais)
Le 4ème rapport du GIEC affirme que la probabilité
que les changements climatiques soient dus aux activités humaines est
supérieure à 90%.
iii. Un couple - température de départ / rythme de
réchauffement - inédit
Au cours des cent dernières années (1906-2005),
le climat s'est réchauffé de 0,74°C en moyenne globale alors
que le réchauffement post-wurmien (de 4 à 7°C) s'est
effectué sur 5000 ans. Ainsi, le rythme de réchauffement actuel
du climat est dix fois plus rapide que celui de la dernière glaciation.
Par ailleurs, ce rythme s'est fortement accentué sur les 25
dernières années, la température de la Terre ayant
augmenté de 0,18°C par décennie, soit un peu plus que le
double de la moyenne des cent dernières années.
On conçoit aisément que la biosphère ne
pourrait probablement pas Çs'adapterÈ aux variations
envisagées par le GIEC, qui prévoit une augmentation comprise
entre 1,1°C et 6, 4°C. Mais quelles en seraient les
conséquences?
iv. Conséquences à court terme
Le GIEC s'est basé sur quatre scénarios
d'émissions pour modéliser le climat futur et ses
conséquences probables. Nous ne les détaillerons pas ici, mais
nous retiendrons les grandes tendances, à savoir:
- une augmentation de la fréquence d'occurrence de
certains événements météorologiques extrêmes
(canicules, inondations, sécheresses). En parallèle, on s'attend
à une augmentation de 10 à 40% des risques d'inondations dans les
régions humides et une diminution de 10 à 30% de la
disponibilité en eau dans les régions sèches.
- un bouleversement de nombreux écosystèmes,
avec l'extinction possible de 20 à 30% des espèces animales et
végétales si la température augmente de plus de
2.5°C, et de plus de 40% des espèces pour un réchauffement
supérieur à 4°C. Le seuil de 1,5 à 2,5 °C de
réchauffement appara»t critique pour le maintien de la
biodiversité actuelle. Un réchauffement supérieur
entra»nera des changements importants dans la structure et la fonction des
écosystèmes. En outre, à partir de 2°C de
réchauffement, les écosystèmes terrestres risquent de
relâcher plus de gaz à effet de serre dans l'atmosphère
qu'ils n'en stockeront.
- Des crises liées aux ressources alimentaires : dans
de nombreuses parties du globe (Asie, Afrique, zones tropicales et
subtropicales), les productions agricoles chuteront, ce qui risque de provoquer
des crises alimentaires, sources potentielles de conflits et de migrations.
- Des dangers sanitaires : le changement climatique aura
vraisemblablement des impacts directs sur le fonctionnement des
écosystèmes et sur la transmission des maladies animales,
susceptibles de présenter des éléments pathogènes
potentiellement dangereux pour l'homme. L'accroissement des maladies
diarrhéiques, des affections dues aux canicules, inondations,
tempêtes, incendies et sécheresses sera couplé à
l'augmentation de maladies cardiorespiratoires en raison de niveaux plus
élevés d'ozone troposphérique.
- Des déplacements de population : l'augmentation du
niveau de la mer (18 à 59 cm d'ici 2100) devrait provoquer
l'inondation de certaines zones côtières (notamment les deltas en
Afrique et en Asie),
provoquant d'importantes migrations dont la gestion sera
délicate. En décembre 2008, à l'occasion de la
conférence de Poznam, l'ONU estimait Çselon les
prévisions les plus optimistes È, à Çplus
de 250 millions le nombre de réfugiés climatiques d'ici à
2050 È9.
Par ailleurs, il faut noter que selon le rapport
d'étape du GIEC (Climate Change Science Compendium 2009), datant de
septembre 2009, le scénario de travail le plus pessimiste du GIEC (A1FI-
jusqu'à +6,4°C d'ici à 2100) est aujourd'hui
dépassé par la réalité des émissions
comptabilisées par les états.
Plus encore que les effets à court terme, c'est le
comportement du système climatique à moyen et long terme qui
interroge la perspective d'un effondrement écologique.
|