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Crise systémique et paradigme de la décroissance : effondrement ou métamorphose

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par Billy FERNANDEZ
Université de Savoie - Master 2 Système Territoriaux, Développement Durable et Aide à  la Décision 2010
  

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1 . Le cas du changement climatique d'origine anthropique

a. Données essentielles

i. Caractéristiques élémentaires

Le climat de la Terre a toujours varié, essentiellement du fait des forçages astronomiques, mais également du fait, entre autre, des crises volcaniques. Les travaux, notamment des géographes, sur les paléo-environnements, en témoignent largement, et avec toujours plus de précision.

Par ailleurs, la présence dans l'atmosphère de gaz effet de serre (GES) est une des conditions autorisant la vie sur Terre.

Le système climatique est en outre remarquablement stable depuis environ 10 000 ans, ce qui a permis, entre autre, la Néolithisation et a créé un cadre privilégié - probablement indispensable - pour la constitution de nos sociétés, au moins occidentales.

Pourtant, depuis l'époque pré-industrielle, l'augmentation des émissions de GES dues aux activités anthropiques a conduit à une augmentation marquée des concentrations de GES atmosphériques.

Le 4ime rapport du GIEC8 est la principale source utilisée pour caractériser les éléments de ce paragraphe, étayés par des écrits de Jean JOUZEl, Hervé le TREUT, Michel PETIT, Edouard BARD et Jean Marc JANCOVICI.

ii. Observations et causes

Ces émissions sont constituées de rejets de dioxyde de carbone (CO2) (77% des émissions anthropiques totales en 2004), de méthane (CH4), de protoxyde d'azote (N2O) et de différents gaz frigorigènes (HFC, PFC et SF6). Les émissions globales de GES ont crü de 70% entre 1970 et 2004, dont une augmentation de 24% entre 1990 et 2004. Les concentrations de gaz carbonique dans l'atmosphère ont atteint des niveaux sans précédent depuis 650 000 ans : 379 ppm* en 2005 contre 280 ppm avant l'ère industrielle.

Par ailleurs, le réchauffement du système climatique est sans équivoque, car il est maintenant évident dans les observations de l'accroissement des températures moyennes mondiales de l'atmosphère et de l'océan, la fonte généralisée de la neige et de la glace, et l'élévation du niveau moyen mondial des océans.

Ainsi, onze des douze dernières années figurent au palmarès des douze années les plus chaudes depuis 1850. Le niveau de la mer s'est élevé de 17 cm au cours du vingtième siècle et de 3 mm par an entre 1993 et 2003, soit le double de la moyenne enregistrée durant tout le vingtième siècle. Une augmentation du nombre des cyclones tropicaux intenses est observée dans l'Atlantique Nord et d'autres régions du Globe depuis 1970.

8 Groupe d'Expert Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (IPCC en anglais)

Le 4ème rapport du GIEC affirme que la probabilité que les changements climatiques soient dus aux activités humaines est supérieure à 90%.

iii. Un couple - température de départ / rythme de réchauffement - inédit

Au cours des cent dernières années (1906-2005), le climat s'est réchauffé de 0,74°C en moyenne globale alors que le réchauffement post-wurmien (de 4 à 7°C) s'est effectué sur 5000 ans. Ainsi, le rythme de réchauffement actuel du climat est dix fois plus rapide que celui de la dernière glaciation. Par ailleurs, ce rythme s'est fortement accentué sur les 25 dernières années, la température de la Terre ayant augmenté de 0,18°C par décennie, soit un peu plus que le double de la moyenne des cent dernières années.

On conçoit aisément que la biosphère ne pourrait probablement pas Çs'adapterÈ aux variations envisagées par le GIEC, qui prévoit une augmentation comprise entre 1,1°C et 6, 4°C. Mais quelles en seraient les conséquences?

iv. Conséquences à court terme

Le GIEC s'est basé sur quatre scénarios d'émissions pour modéliser le climat futur et ses conséquences probables. Nous ne les détaillerons pas ici, mais nous retiendrons les grandes tendances, à savoir:

- une augmentation de la fréquence d'occurrence de certains événements météorologiques extrêmes (canicules, inondations, sécheresses). En parallèle, on s'attend à une augmentation de 10 à 40% des risques d'inondations dans les régions humides et une diminution de 10 à 30% de la disponibilité en eau dans les régions sèches.

- un bouleversement de nombreux écosystèmes, avec l'extinction possible de 20 à 30% des espèces animales et végétales si la température augmente de plus de 2.5°C, et de plus de 40% des espèces pour un réchauffement supérieur à 4°C. Le seuil de 1,5 à 2,5 °C de réchauffement appara»t critique pour le maintien de la biodiversité actuelle. Un réchauffement supérieur entra»nera des changements importants dans la structure et la fonction des écosystèmes. En outre, à partir de 2°C de réchauffement, les écosystèmes terrestres risquent de relâcher plus de gaz à effet de serre dans l'atmosphère qu'ils n'en stockeront.

- Des crises liées aux ressources alimentaires : dans de nombreuses parties du globe (Asie, Afrique, zones tropicales et subtropicales), les productions agricoles chuteront, ce qui risque de provoquer des crises alimentaires, sources potentielles de conflits et de migrations.

- Des dangers sanitaires : le changement climatique aura vraisemblablement des impacts directs sur le fonctionnement des écosystèmes et sur la transmission des maladies animales, susceptibles de présenter des éléments pathogènes potentiellement dangereux pour l'homme. L'accroissement des maladies diarrhéiques, des affections dues aux canicules, inondations, tempêtes, incendies et sécheresses sera couplé à l'augmentation de maladies cardiorespiratoires en raison de niveaux plus élevés d'ozone troposphérique.

- Des déplacements de population : l'augmentation du niveau de la mer (18 à 59 cm d'ici 2100) devrait
provoquer l'inondation de certaines zones côtières (notamment les deltas en Afrique et en Asie),

provoquant d'importantes migrations dont la gestion sera délicate. En décembre 2008, à l'occasion de la conférence de Poznam, l'ONU estimait Çselon les prévisions les plus optimistes È, à Çplus de 250 millions le nombre de réfugiés climatiques d'ici à 2050 È9.

Par ailleurs, il faut noter que selon le rapport d'étape du GIEC (Climate Change Science Compendium 2009), datant de septembre 2009, le scénario de travail le plus pessimiste du GIEC (A1FI- jusqu'à +6,4°C d'ici à 2100) est aujourd'hui dépassé par la réalité des émissions comptabilisées par les états.

Plus encore que les effets à court terme, c'est le comportement du système climatique à moyen et long terme qui interroge la perspective d'un effondrement écologique.

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