Première partie:
Approche systémique et
paradigmatique de
l'effondrement à venir
I . Des crises du présent vers un probable
effondrement systémique global?
Les crises sectorielles très brièvement
présentées dans ce paragraphe n'en sont pas. En effet, elles
admettent toutes, à leur manière, une complexité propre
ainsi qu'un rapport complexe au volet de la crise systémique globale
auquel elles appartiennent. Il sera ainsi question, à travers cet
aperçu rapide et à l'aide du paradigme de la décroissance,
d'interroger l'ampleur et la convergence de crises systémiques largement
globalisées comme les prémices d'un effondrement global.
Nous avons ainsi pris le parti d'assumer une posture qui peut
para»tre Ç catastrophiste È, au sens oü
précisément nous nous intéressons à ce qui est en
crise, avec to utes les acceptions que ce terme peut revêtir. L'objectif
est de permettre une meilleure lisibilité des phénomènes
et parfois des signaux faibles, bien que nous considérons que la
très grande majorité des phénomènes décrits
sont des phénomènes devenus ou en passe de devenir
déterminant pour les sociétés humaines, y compris dans
leur relation à l'environnement et aux ressources.
A. Une crise
éco-énergético-technologique
L'empreinte écologique, développée par
Mathis WACKERNAGEL et William REES au début des années 1990, est
un indice synthétique de soutenabilité des
sociétés. En s'intéressant au capital naturel critique,
elle sert à mesurer la surface bioproductive (BOUTAUD, 2009)
nécessaire à la double satisfaction des besoins de
l'économie d'un groupe humain donné, à savoir :
· la capacité de renouvellement des ressources
renouvelables issues de la biomasse
· la capacité d'assimilation des déchets
générés.
Le schema suivant offre une representation synthetique des
interactions entre l' econosphire et la biosphere en matiere
d'empreinte ecologique.
Figure n°1 : Econosphere et biosphere : l'economie humaine,
un sous-systeme du systeme ecologique, extrait de A.BOUTAUD et N.GONDRAN
(2009)
Notons par ailleurs que selon A.BOUTAUD& N.GONDRAN
(2009), Çles principales lacunes de cet indicateur se traduisent au
final par une sous-estimation probable du probléme ecologique auquel
l'humanité est confrontée. È7
Or, l'empreinte ecologique globale calculee en 2008 etait de
2,7 ha/hab, donc superieure à la biocapacite terrestre (2,1 ha/hab).
Notre empreinte ecologique n'est donc pas soutenable. Ce depassement ecologique
se traduit concretement par une degradation des stocks de certaines ressources
renouvelables et (surtout) par une capacite insuffisante de la biosphere
à, par exemple, sequestrer le carbone issu de la combustion des energies
fossiles, ce dernier etant largement en cause en matiere de rechauffement
climatique.
7 Celle-ci ne prend pas en compte notamment les
matieres minerales, l'eau et les dechets toxiques et nucleaires.
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