b. Un postulat de soutenabilité ecologique
Ainsi, les limites écologiques de la planète
constituent le point de départ impérieux pour envisager tout
projet de société conviviale, soutenable et autonome. Ainsi, nous
dit Paul Ariès, << on sait par exemple que la Terre ne peut
pas absorber par an plus de 3 milliards de Tonnes Equivalent Carbone (TeC). Si
on rapporte ce chiffre à la population globale, cela nous donne 500kg
équivalent carbone par an et par habitant.[...] Cela correspond à
5000km parcouru en voiture ou un aller/retour Paris-NewYork, [...]
>>. Cela correspond également à acheter entre 50 et 500kg
de produits manufacturés ou construire 4 à 5 m2 de logement en
béton130.
Mais il ne s'agit pas de faire << la mFime chose en
moins >> (LATOUCHE, 2 007), et la décroissance -qui n'est pas
la croissance négative - << n'est envisageable que dans le
cadre d'une société de décroissance >> (ibid),
c'est-à-dire d'un système reposant sur une autre logique. Il
s'agirait bien de fait d'une <<métamorphose >>, au
sens d'Edgar MORIN, c'est à dire au processus toute à la fois
<< d'autodestruction et d'autoconstruction >>.
1 3 0 Source : Jean Marc JANCOVICI
c . L'Ç utopie concrIte È :
coopération, solidarités territoriales et
interterritoriales
Aujourd'hui, alors que <<le développement
sacrifie les populations et leur bien étre concret et local sur l'autel
d'un bien- avoir abstrait, déterritorialisé>> (ibid),
l'alternative de la décroissance constituerait un <<projet
local >>131 (ibid) fondé sur une
<<utopie concrète >>. Ce projet ne constituerait pas
pourtant du << localisme >>, mais une logique d'harmonie et de
coopération entre territoires qui serait fondée sur des
<<solidarités inter-locales>> (MAGNAGHI,
2003). On rejoint largement à cet égard les analyses de Martin
VANIER concernant l'interterritorialité et
l'interterritorialisation souhaitable de l'action publique dans une
perspective de souveraineté des territoires.
d. Décroissance et repli identitaire
Le risque d'un <<repli identitaire >>,
dans un contexte de résurgence du racisme, de la xénophobie, et
de l'extrême droite, notamment en Europe, doit nous interpeller au plus
haut point et nous inciter à une <<extrême >>
vigilance.
D'ailleurs, Alain de Benoist, figure de la
<<Nouvelle Droite>> et présenté comme
<<la tête pensante>> du << GRECE
132>>, a écrit un livre qui s'intitule Demain la
décroissance, paraphrasant d'ailleurs le titre l'ouvrage-phare de
GEORGESCU-ROEGEN.
Sur un registre similaire et au-delà de la coquetterie,
on constate une similarité picturale pour le moins troublante entre le
site de la Convention Identitaire et le site decroissance.inf o,
deuxième grand site consacré à la décroissance.
Jugez plutôt :
![](Crise-systemique-et-paradigme-de-la-decroissance--effondrement-ou-metamorphose5.png)
Figure 3 : Capture d'écran interposée du site
décroissance.info et de celui de la Convention
Identitaire, 30 octobre 2009
1 3 1 Voir le très bel ouvrage d'Alberto MAGNAGHI, Le
projet local, Editions Mardaga, Liège, 2003
132 Groupement d'Etude sur la Civilisation Européenne,
lié à la mouvance << nationale-européenne
>>.
En parallèle, comme l'avait déjà
identifié André GORZ dans les années 70, et comme le note
Serge LATOUCHE plus récemment, l'
écofascisme133 est une menace au moins aussi
importante que la crise environnementale elle-même. En outre, il convient
de déconstruire radicalement tout dis cours qui vise, sur des fondements
religieux, spirituels ou mystiques, à remettre en cause
l'idéal démocratique au profit de postures
théocratiques. L'éthique et la démocratie - largement
reterritorialisée en l'occurrence - doivent constituer le
fondement de l'action collective.
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