WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Crise systémique et paradigme de la décroissance : effondrement ou métamorphose

( Télécharger le fichier original )
par Billy FERNANDEZ
Université de Savoie - Master 2 Système Territoriaux, Développement Durable et Aide à  la Décision 2010
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II . La voie de décroissance

Comme le note Raphael LARRERE << le paradoxe de la globalisation È réside en ce qu'un Ç catastrophisme (éclairé) au niveau global coexiste avec un optimisme (raisonné) au niveau local >>. Alors qu'au niveau global, l'approche systémique de l'environnement - celle de l'écologie classique synthétisée par les frère Odum (1953)- confère à l'homme une place de <<perturbateur >>, on découvre qu'un mode de vie soutenable au niveau local est possible dès lors qu'on fait << bon usage de la nature >> (LARRERE, 1997).

Ainsi, en réponse à l'analyse de l'effondrement, l'hypothèse de la décroissance permet d'espérer changer par anticipation un avenir probable subi. Il s'agit de choisir de <<se détourner de la fascination des ruines >>120 en envisageant une <<métamorphose>> (MORIN, 2007).

Ainsi, le paradigme mobilisé à travers le diagnostic de l'effondrement a déjà largement permis d'entrevoir la pensée de la décroissance, une métamorphose par le dépassement du développement. Nous essayerons d'en dresser grossièrement les contours dans le paragraphe suivant.

A. La décroissance : de la bombe sémantique à l'utopie concrete

1. Eléments de définition : contours d'un concept-nébuleuse

a. Statut et sens

La décroissance est d'abord présentée par ses tenants comme un <<slogan>> (LATOUCHE, 2006), un <<mot-obus>> (ARIES, 2005), <<une bombe sémantique>> (CHEYNET, 2008) mettant en cause << l'économisme >>, le << croissancisme >>, et la marchandisation de la nature et des rapports humains. Selon le qualificatif qu'on lui adjoint - << soutenable >>, << conviviale >>, <<équitable >>... - celle-ci prend des significations différentes. Il s'agit donc d'une courant de pensée en forme de nébuleuse.

La pensée de la décroissance s'inscrit dans la double filiation du paradigme écologiste et de la critique du développement et de la société de consommation.

Le point de départ est ainsi tout autant l'idée que la société de croissance n'est pas soutenable, mais encore qu'elle n'est pas souhaitable, au sens oü elle ne permettrait pas l'épanouissement de l'individu et l'harmonie sociale. Il s'agit bel et bien de considérer que ces deux volets sont en fait intrinsèquement liés.

Mais si le sens premier de la décroissance se réfère à celle du Produit Intérieur Brut, Serge LATOUCHE nous met en garde : <<la décroissance préconisée pour elle-mFjme serait absurde ; mais à tout prendre, cela ne le serait ni plus ni moins que de prôner la croissance pour la croissance... Le mot d'ordre de la décroissance a surtout pour but de marquer l'abandon de l'objectif de la croissance illimitée, objectif dont le moteur n'est autre que la recherche du profit par les détenteurs du capital avec des conséquences désastreuses pour l'environnement et pour

1 2 0 Jean Claude Besson Girard, <<Malaise dans l'effondrement >>, Entropia, n°7, automne 2009

l'humanité >>121. Ainsi, de son aveu même, << il faudrait mieux parler Çd'a-croissance È comme on parle d'athéisme >>. Il s'agit donc de remettre en cause << l'indice fétiche que constitue de le PIB >>.

b. Choisir ou subir la décroissance

Par ailleurs, pour la plupart de ses tenants, la décroissance, si elle n'est pas choisie, sera nécessairement subie, car elle serait inéluctable. L'alternative, <<au temps des catastrophes>> (STENGERS, 2008), est donc << décroissance ou barbarie>> (ARIES, 2005).

Ainsi, pour Yves COCHET, la décroissance est <<la néces sité biophysique de réduire les mouvements et les consommations de matière et d'énergie >>. La décroissance soutenable a ainsi pour objectif premier de faire diminuer équitablement l'empreinte écologique globale afin de la ramener à un niveau soutenable. Il s'agit également d'anticiper le pic de Hubbert pétrolier afin d'envisager sereinement une société de l'après-pétrole.

c. Bonheur et décroissance

Un lien avec le bien-être et le bonheur est souvent établi122, suivant le slogan <<moins de bien, plus de lien >>, notamment en ce qu'une société de décroissance induirait une augmentation de la convivialité au dépend des consommations matérielles. Son but est Ç une société olt l'on vivra mieux en travaillant et en consommant moins mais mieux>>123. La décroissance s'inspire ainsi de la simplicité volontaire - individuelle ou micro-collective- pour envisager une <<sobriété heureuse >>124.

d. Les indicateurs, entre outils et dérives

En outre, le recours à des indicateurs alternatifs au PIB pour (re)construire une société de la décroissance, qu'il s'agisse de l'Empreinte Ecologique, du Produit Intérieur Doux des québécois, de l'Indice de Progrès Véritable (IPV) est préconisé par la plupart des partisans de la décroissance. Mais il existe un relatif consensus autour de l'idée formulée par Patrick VIVERET : <<le droit à compter autrement a pour but de défendre le droit de ne pas compter >>. Ainsi, quand bien même existerait-t-il un indicateur miracle capable de mesurer le bonheur ou le bien-être, l'objectif obsessionnel de tout mettre en Ïuvre pour le faire croitre serait de fait une rechute dans l'imaginaire de la rationalité instrumentale et quantifiante, mouvement évidemment absurde.

1 2 1 Petit Traité de la Décroissance sereine, 2004, Mille et une nuits, p.20 -21.

122 D'ailleurs le colloque annuel 2009 de la CIPRA ayant pour titre << La croissance à tout prix? È avait pour sous-titre << Les Alpes à la recherche du bonheur. È

123 Serge LATOUCHE, Petit traité de la décroissance sereine, op.cit. p. 22. Cela correspond assez bien à ce qu'André GORZ appelait la << rationalité écologique >>.

124 Expression utilisée dans un sens proche par Patrick VIVERET et Pierre RHABI, ce dernier parlant également de << décroissance conviviale.>>

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand