4) Le bilan de la 22ème
édition de la fête du livre
4.1. Quel bilan pour la
22ème édition ?
Bien que la fête du livre n'est pas encore eu lieu, nous
pouvons néanmoins émettre quelques remarques suite à
l'action de promotion réalisée au sein des écoles.
Il faut sans doute dépasser le lieu commun selon lequel
« les classes se suivent mais ne se ressemblent pas », et
tenter, modestement, de tirer quelques enseignements de la fête du
livre, notamment à propos de la représentation de la lecture chez
l'enfant.
Contre toute attente, alors que les catégories des
poussins et des benjamins sont encore dans l'apprentissage de la lecture, ce
sont ceux qui montrent le moins de réticences dans les interventions de
la promotion de la fête du livre. En effet, si l'école donne des
repères de lecture (analyse du schéma narratif, du sens du
texte), la médiathèque opère, par le biais de la
fête du livre, avec cette animation, une sorte de
« dérèglement » au terme duquel le livre
se fait jeu, et la lecture, plaisir.
On peut cependant avancer que ce n'est pas un public
« à conquérir » dans le sens où
après un sondage à main levée, il s'avère que la
majorité des enfants est inscrite à la médiathèque
et a déjà participé à la fête du livre. Cet
engouement pour les activités réalisées en classe peut
aussi s'expliquer par leur âge. En effet, ils sont encore dans une
période où leur conduite est guidée par la figure de
l'adulte (le parent, l'enseignant) et ils souhaitent avant tout satisfaire les
attentes de l'adulte avant les leurs. Aussi, de nombreux enfants ont envie de
participer à la fête car leurs parents les poussent à s'y
investir.
A l'inverse, le public des cadets montre clairement des
signes d'opposition à la lecture, ainsi qu'aux animations
proposées par la médiathèque. Le défi de leur faire
comprendre que la lecture peut être une source de plaisir est d'autant
plus grand, du fait que les activités de promotion sont
réalisées en classe. Cela crée une tension entre le
discours tenu et la réalité des faits. Aussi, leur
réaction semble légitime : comment leur demander d'entrevoir
la lecture sous un autre aspect que celui de la contrainte alors qu'ils sont
dans un contexte scolaire (présence de l'enseignant, intervention
pendant les cours de français, salle de classe) ?
De plus, les préadolescents et adolescents sont dans
une période de constante recherche d'une identité propre, ce qui
se traduit généralement par une ferme opposition aux formes
d'autorités (famille, société, école). Aussi, le
fait de participer à une animation également ouverte à des
enfants plus jeunes est perçu comme un régression. Ils se sentent
infantilisés, sentiment renforcé par le choix du thème de
cette 22ème édition - le cirque. Le cirque semble
avoir été pour eux un thème « passé de
mode », associé à un univers coloré et
naïf, assez peu en phase avec leur « crise
d'adolescence ».
Néanmoins, l'activité proposée avait
justement pour but de montrer qu'un thème peut être traité
de différentes manières dans la lecture. Les livres à
destination des cadets étaient loin de donner une
vision enfantine du cirque, avec, parfois, des histoires sombres, mêlant
science-fiction et enquête policière. Malgré
l'activité, les réticences demeurent, remettant en question la
légitimité de cette animation pour cette tranche d'âge.
Cette remise en question s'est également traduite à plusieurs
reprises au cours des interventions. En effet, quelques adolescents ont
demandé à pouvoir lire les livres sans être obligés
de participer à la fête, faisant ainsi comprendre que les
animations proposées le jour de la fête ne sont pas
adaptées à leur envie. L'effet de groupe joue un rôle
important dans l'appréciation des activités par les enfants,
quelque soit l'âge. Il suffit que quelques enfants montrent de
l'enthousiasme quant à une éventuelle participation à la
Fête pour que les autres suivent. A l'inverse, si un noyau d'enfants est
intéressé mais que la majorité se montre réticente,
alors aucun n'osera affirmer son enthousiasme.
Mais ceci appelle sans doute des nuances, car le bilan de l'an
passé révèle que les cadets n'avaient jamais
été aussi nombreux à participer depuis une dizaine
d'années- soit une grande partie des élèves de
5ème.
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