3-3- Principes de la finance islamique
Ce qui distingue l'approche islamique des pratiques
financières conventionnelles est une conception différente de la
valeur du capital et du travail. Au lieu d'une simple relation
prêteur-emprunteur, le système financier islamique repose sur un
partage plus équitable du risque entre le prêteur et le
propriétaire d'entreprise (Haque Zia Ul, 1980). Cette pratique
découle de cinq piliers principaux sur lesquels se base le modèle
financier islamique: il s'agit de l'interdiction du Riba (usure),
l'interdiction du Gharar (spéculation) et du Maysir (incertitude),
l'exigence d'investissement dans les secteurs licites, l'obligation de partage
des profits et des pertes et enfin le principe d'adossement des investissements
à des actifs tangibles de l'économie réelle.
3-3-1. Interdiction de la Riba
Le terme « Riba » désigne, dans le
droit musulman, tout avantage ou surplus perçu par l'un des contractants
sans aucune contrepartie acceptable et légitime du point de vue de la
Sharia. Le Riba a deux formes principales:
· Riba-Al-fadl : Il s'agit de tout surplus
concret perçu lors d'un échange direct entre deux choses de
même nature qui se vendent au poids ou à la mesure.
· Riba-Annassia : Le surplus perçu lors
de l'acquittement d'un dû, dont le paiement a été
posé comme condition de façon explicite ou implicite dans le
contrat, en raison du délai accordé pour le règlement
différé. Riba-Annassia est le type le plus répandu
dans la société, notamment à travers les crédits,
des prêts et des placements proposés par les établissements
bancaires et les organismes de financement traditionnels.
Ce qui différencie le Riba de la vente d'un bien ou
d'un service, est que la contrepartie perçue n'est
considérée comme acceptable dans le droit musulman, que si elle
vise à compenser quelque chose de légitime, comme :
· la perte de valeur liée à l'usage
d'un bien (dans le cas de la location d'un bien),
· l'effort fourni pour la réalisation d'un
objet (dans le cas de la vente d'un bien produit par le vendeur),
· ou le travail accompli pour l'obtention d'un bien
matériel et le risque engagé dans sa prise en charge (dans le cas
de la vente d'une marchandise achetée à autrui).
Selon l'orientaliste français Jacques Austruy («
l'islam face au développement économique», collection
économie et humanisme, les éditions ouvrières. Paris 2006,
p.52.), la prohibition du Riba dans toutes ses formes semble être l'une
des conséquences de l'égalitarisme recherché dans la loi
musulmane. D'après lui, cette interdiction est fondée sur la
double affirmation que le temps appartient à Dieu seul et que l'argent,
en lui même, n'est pas productif. Ainsi, la Sharia interdit le retrait
par le prêteur d'un quelconque avantage de son prêt, sauf si cet
avantage est librement accordé par l'emprunteur après
remboursement du prêt et sans en constituer une condition tacite ou
explicite.
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