3-3-2. Interdiction du Gharar et du
Maysir
La Sharia exige également, dans les affaires et le
commerce, qu'il n'est pas permis de conclure de transaction qui renferme du
Gharar. Le Gharar peut être définit comme étant tout flou
non négligeable au niveau d'un des biens échangés et/ou
qui présente en soi un caractère hasardeux et incertain.
("Comprendre la finance islamique", Publication de la Cellule de Fiqh du Centre
Islamique de la Réunion, Avril 2008 - Édition spéciale).
C'est le cas notamment :
· lorsque la vente porte sur une marchandise qui
n'est pas déterminée de façon précise.
· lorsque la transaction est conclue sans que le prix
de la marchandise ne soit fixé de façon claire.
· lorsque la transaction porte sur une marchandise
déterminée que le vendeur ne possède pas encore.
· lorsque le transfert de propriété est
conditionné à un évènement hasardeux.
Ceci correspond en finance conventionnelle aux produits ou
transactions à terme caractérisés par une incertitude
évidente quant à leur réalisation, tels que les Futures,
les Swaps ou les autres produits financiers plus complexes comme les Subprimes.
De la même manière, le Sharia interdit les
transactions basées sur le Maysir. Etymologiquement, le Maysir
était un jeu de hasard, dans le domaine économique, il
désigne toute forme de contrat dans lequel le droit des parties
contractantes dépend d'un événement aléatoire.
Ainsi, chaque contrat doit avoir tous les termes fondamentaux (tels que
l'objet, le prix, les délais d'exécution et l'identité des
parties) clairement définis au jour de sa conclusion. Les juristes
musulmans encouragent par ailleurs fortement la satisfaction de toutes les
conditions préalables avant la signature du contrat. Ceci
différencie clairement les banques Islamiques des institutions de
prêt à intérêt, basées sur le principe que
l'on peut acheter sans payer et vendre sans détenir, ce qui alimente
constamment la spéculation et porte préjudice à la
stabilité du système bancaire.
Le risque calculé d'un investissement est
autorisé par la Sharia, en revanche l'interdiction des contrats à
terme impliquant le Gharar et le Maysir vient du fait que le risque de fausse
anticipation d'évolution des marchés pourrait remettre en cause
la réalisation de transactions basées sur l'incertitude, la
spéculation, ou même la détention délictuelle d'une
information privilégiée et préalable. Les juristes
musulmans justifient également la prohibition de ces transactions par la
nécessité d'orienter les fonds disponibles au financement de
l'économie réelle, au lieu de les laisser alimenter les bulles
financières vides de toute productivité et de richesse utile.
(Zerouali, 2009)
|