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Fêtes de village et nouvelles appartenances. Les fêtes rurales en Hainaut occidental (Belgique)

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par Etienne Doyen
Université Catholique de Louvain - Licence en Sociologie 2007
  

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Recueil du matériau

Il nous faut maintenant préciser sur quel matériau nous avons travaillé, et comment nous avons récolté celui-ci. D'une manière générale, nous avons voulu considérer les fêtes de village comme un fait social total, et ce faisant, nous avons essayé d'embrasser l'ensemble des sources d'informations disponibles à leur égard. Ceci s'apparente bien sûr plus à une « philosophie » de recherche qu'à un objectif effectivement réalisable, mais nous avons gardé cette conception à l'esprit tout au long de notre travail pour entretenir une position d'ouverture vis-à-vis de tout ce qui concernait, de près ou de loin, notre objet. Nous nous sommes ainsi intéressé à des sources multiples, en travaillant non seulement sur le matériau récolté expressément sur le terrain (observation directe et entretiens), mais également sur la presse locale qui, dans le cas de l'objet que nous avons choisi, constitue un véritable filon d'informations. Nous nous sommes également penché sur la publicité effectuée par les villages sur leur fête, et nous avons analysé sur les réactions et commentaires suscités par notre sujet de mémoire dans notre entourage, révélateurs précieux des représentations des fêtes de village. Nous avons eu à coeur de ne pas nous limiter au matériau récolté directement pour les besoins de la recherche, et de considérer toute information se rattachant à notre objet comme étant digne d'intérêt.

Dans ce foisonnement de sources, il nous faut décrire plus précisément le matériau direct sur lequel notre analyse s'appuie, à savoir les données recueillies sur notre terrain à l'aide d'observation directe et d'entretiens.

L'observation directe110(*) s'est imposée assez rapidement comme une méthode incontournable pour notre travail : il semble difficile, en effet, de traiter des fêtes sans assister personnellement à ces évènements. C'est ainsi que nous avons observé six fêtes111(*), accompagné de notre carnet de terrain. Nous y effectuions une première prise de notes, au cours et au terme de l'observation. Ce contenu, composé de descriptions de la fête et de premières réflexions, était ensuite retravaillé, pour laisser place à une démarche plus analytique. On retrouvera en annexe I (p. 127) un extrait de ce carnet de terrain, à titre d'exemple.

Pour compléter cette observation directe, nous avons procédé à plusieurs entretiens. Ces derniers, au nombre de douze, se sont insérés à divers stades de l'analyse. Nous avons ainsi procédé à plusieurs entretiens à caractère exploratoire, afin de récolter des informations sur notre sujet et pouvoir ainsi vérifier la pertinence de notre problématique. Par la suite, nous avons réalisé cinq entretiens à Thimougies et trois à Willaupuis (villages dont les festivités sont présentées infra), dans l'intention de compléter les observations directes effectuées dans ces villages. Il s'agissait alors de pousser plus loin l'analyse et d'obtenir des réponses à des questions suscitées par une première récolte de données. L'observation a ses avantages, mais l'entretien permet d'accéder à des informations qu'elle ne laisse pas filtrer. Les entretiens ainsi effectués étaient de type semi-directif112(*). Ce choix s'explique par le fait que nous possédions, avant d'aller sur le terrain, une problématique relativement définie. Nous avions ainsi des hypothèses que nous entendions explorer, ce qui nous a permis de réaliser un guide d'entretien. Ce guide restait assez souple, de sorte que, au-delà des questions précises que nous souhaitions poser, l'entretien ne se retrouve pas enfermé dans un cadre rigide. Ceci nous a permis de nous laisser altérer par notre terrain tout en respectant notre question théorique de départ.

Nous avons ainsi, pour chaque fête observée, mis en place un dispositif de récolte de matériau combinant observation directe et entretiens semi-directifs. Ce dispositif était à chaque fois propre au contexte observé ; le poids de l'une ou l'autre méthode de recueil variait en fonction de la situation. Nous nous sommes parfois limité à une observation directe, sans réaliser d'entretien. Ce fut le cas lors du carnaval de Basècles. La limite d'un tel dispositif réside dans le risque de surinterprétation : travaillant sur un matériau relativement réduit, nous avons alors été attentif à ne pas extrapoler et à mesurer la portée de nos conclusions.

La fête du village de Thimougies a fait l'objet d'un dispositif plus poussé. Parce que cette festivité nous semblait particulièrement intéressante au vu de nos intérêts de recherche, nous avons, en plus de l'observation directe des trois jours de fêtes, réalisé cinq entretiens avec les habitants du village et participé à des réunions de préparation de la fête. À plusieurs reprises, nous avons eu l'occasion d'avoir accès à ces moments particuliers pendant lesquels, « en interne », la fête se construit. Lors de ces séances de préparation, la fête était discutée, négociée, voire justifiée, lors d'éventuelles tensions ou conflits. Ce suivi - outre l'accès à de nombreuses informations qui n'auraient pas été disponibles lors d'une simple observation du moment de la fête - nous a permis de saisir la fête en train de se faire. Dans la foulée de ce contact privilégié avec les membres de l'ASBL organisatrice, nous avons eu l'occasion d'oeuvrer comme bénévole lors du week-end de fête. En travaillant à côté des villageois tout en conservant une position d'analyste, nous avons alors bénéficié d'une place de choix, en coulisses, pour observer le moment de la fête. Ce dispositif plus poussé, tout intéressant qu'il soit, comporte lui aussi ses limites. Alors que précédemment nous étions exposé au danger de la surinterprétation, nous avons dû dans ce cas-ci rester attentif à conserver une position d'analyse, et à ne pas nous faire coopter par notre terrain, en développant une trop grande familiarité avec celui-ci.

Après avoir détaillé les conditions du recueil de notre matériau, il convient de justifier l'unité d'analyse que nous avons choisie. Cette unité est une région, le Hainaut occidental. Plutôt que d'établir une monographie complète sur un village, en détaillant à l'excès les festivités qui y sont organisées, nous avons préféré travailler sur plusieurs villages au sein d'une même région. Ceci nous a permis d'avoir une vue d'ensemble des fêtes rurales en Hainaut occidental (cf. infra premier point de l'analyse) et de pouvoir procéder à une analyse comparée de ces fêtes (cf. infra deuxième point de l'analyse). Ce choix relève avant tout d'un souci de cohérence : nous avons souhaité prendre une unité d'analyse qui soit à la mesure de l'objet sur lequel nous travaillions. Lors de l'état des lieux de notre objet, nous avons ainsi décrit le rural comme un espace hétérogène et ouvert, dans lequel le village fait de moins en moins sens. Dans ce contexte, il était nécessaire de prendre une région comme unité d'analyse, au lieu d'un village, au risque de ne pas pouvoir saisir de nombreuses dynamiques.

C'est ainsi que nous avons pu conceptualiser l'existence d'un marché des fêtes à l'échelle du Hainaut occidental, chose qui n'aurait pas été possible si nous nous étions concentré exclusivement sur un village. Lorsque nous travaillions sur une festivité particulière, cette méthode nous a permis de cerner les connexions que le village organisateur entretient avec l'extérieur, et donc, le champ de relations dans lequel celui-ci s'inscrit113(*). Cette manière de procéder incite ainsi à mettre l'accent sur l'hétérogénéité du rural. Nous avons déjà abordé l'hétérogénéité intra-village (la mixité sociale), nous avons ici l'occasion d'insister sur l'hétérogénéité inter-villages : en travaillant simultanément sur plusieurs villages, nous aurons l'opportunité de constater leurs différences, parfois radicales.

Nous sommes ici loin d'une démarche culturaliste qui recherche le semblable (dégager, au travers d'une monographie, les valeurs qui fondent la culture commune du groupe villageois) ; la différence, au contraire, nous intéresse particulièrement parce qu'elle renvoie à l'une des caractéristiques centrales de notre objet. Pour toutes ces raisons, nous avons pris la région comme unité d'analyse. Ce faisant, notre démarche prend acte des transformations récentes du rural : puisque les villages ne sont plus des univers clos et homogènes, une analyse qui se veut cohérente ne peut se permettre de se limiter à l'un d'entre eux.

* 110 Quivy R., Van Campenhoudt L., Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod, 1988, pp. 187- 192.

* 111 Nous avons procédé à l'observation de trois carnavals, ceux des villages de Basècles, Willaupuis et Kain, à une fête de type chapiteau à Laplaigne, à la fête de la moisson à La Glanerie, et enfin, à la ducasse du village de Thimougies. Nous présentons trois de ces fêtes dans la partie analytique.

* 112 Quivy, Van Campenhoudt, op. cit., pp. 184-187.

* 113 Nous reviendrons sur ce point dans notre partie empirique.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams