CHAPITRE 5 : CONCLUSION,
RECOMMANDATIONS ET LIMITES
5.1 CONCLUSION
L'objectif global de la présente investigation
était l'analyse de la filière banane plantain d'approvisionnement
de la ville de Yaoundé. Pour atteindre ce but, six objectifs
spécifiques ont été formulés et résolus.
L'objectif numéro un était d'identifier les
acteurs et leurs fonctions dans la filière banane plantain
d'approvisionnement de la ville de Yaoundé. Les résultats ont
montré que 81 % d'hommes, 85 % de femmes et 100 % d'hommes sont
impliqués respectivement dans les activités de production, de
commercialisation et de transport. Egalement, 54 % de producteurs ont un
âge compris entre [50-70[ ans, 88 % de commerçants et 89 % de
transporteurs ont un âge compris entre [20-40[ et [40-50[ ans
respectivement. 93, 73 et 79 % des producteurs, commerçants et
transporteurs respectivement ont au moins fait le primaire. 58, 26 et 16 % des
producteurs vendent leurs régimes respectivement au bord champ, sur les
marchés locaux (marché de Mbangassina) et de Yaoundé. 5,
24, 42, 20, 6 et 3% du plantain vendu sur les marchés
enquêtés à Yaoundé proviennent respectivement
d'Awaé, de Ntui, de Mbangassina, des autres arrondissements de la
province du centre, de la province de l'Ouest et de la province de l'Est. Les
revendeurs sont divisés en quatre groupes et se retrouvent sur tous les
marchés : Ce sont les super grossistes (31 %), les super
grossistes- détaillants (11 %), les grossistes-détaillants (35
%), les détaillants (23 %) et sont aidés dans l'exécution
de leurs tâches par les manutentionnaires et les acteurs indirects.
L'objectif numéro deux était d'identifier
les circuits et réseaux de commercialisation du plantain. Nos
enquêtes ont révélé qu'il existe trois types de
circuits, à savoir les chaînes à un, deux et trois
intermédiaires. En ce qui concerne les relations entre acteurs, 95 % des
producteurs reconnaissent qu'ils sont individualistes et
désorganisés. 100 % des commerçants affirment ne pas
être membre d'une association de vendeurs de plantains et ignorent
même l'existence d'une telle association mais 81 % d'entre eux
s'accordent mutuellement des crédits. Les commerçants s'entendent
avec les producteurs rien que pour les jours de livraison et contactent les
transporteurs dès qu'ils ont fini la collecte.
L'objectif numéro trois était de
déterminer le nombre de régimes manipulés par les
revendeurs. Nos travaux ont montré que la quantité de
régimes manipulée par commerçants dépend des
différentes sources de financement de leurs activités de
commercialisation. Ainsi, les super grossistes, les super grossiste-
grossistes- détaillants, les grossistes détaillants et les
détaillants manipulent respectivement une moyenne de 187, 225, 81 et 32
régimes par semaine.
L'objectif numéro quatre était de
déterminer les charges de commercialisation des acteurs. Les
résultats obtenus ont montré que les charges étaient de
29, 43 et 60 F CFA/kg respectivement pour les producteurs qui vendent au bord
champ, dans les marchés locaux et dans les marchés de
Yaoundé. Quant aux super grossistes, ils supportent les charges d'un
total de 39, 39 et 27 F CFA/kg respectivement pour ceux qui vendent aux
marchés de Mvog-Mbi, Mokolo et Mfoundi. Les super grossistes
-détaillants supportent 43 F CFA/kg de charges par régime quand
ils vendent à Mokolo ou au Mfoundi. Les charges des grossistes-
détaillants s'élèvent à 5, 5 et 6 F CFA/kg pour
ceux qui sont a Mokolo, Mfoundi et Mvog- Mbi. Les détaillants supportent
les mêmes charges à l'exception de ceux de Mokolo qui supportent 7
F CFA/kg. Du côté des transporteurs, leurs charges
s'élèvent à 15 et 10 F CFA/kg pour ceux de la ligne de
Ntui /Mbangassina ? Yaoundé et Awaé ? Yaoundé
respectivement.
Le cinquième objectif était de relever et
analyser les prix pratiqués par les acteurs. Nos investigations ont
révélé que les prix pratiqués par les producteurs
varient de 78 à 133 F CfA/kg selon le lieu de vente du régime.
Les prix de vente de gros varient entre 100 et 433 F CFA/kg et les prix de
détail entre 137 et 567 F CFA/kg. Le producteur pratique les prix les
plus bas dans la filière. La PDP par rapports aux revendeurs est
inférieure à 33%. Quant aux transporteurs, leurs coûts sont
fixes et connus de tous. Les super grossistes paient 500 et 300 F
CFA/régime respectivement pour les lignes de Ntui /Mbangassina ?
Yaoundé et Awaé ? Yaoundé.
Le dernier objectif était de déterminer les
marges commerciales des acteurs de la filière. Les résultats ont
montré que les marges nettes sont de 41, 111, 111, 82, 63, 18 et 10 F
CFA/kg respectivement pour le producteur, le super grossiste, le super
grossiste-détaillant, le grossiste-détaillant, le
détaillant, les transporteurs des lignes Ntui/Mbangassina
?Yaoundé et Awaé ?Yaoundé.
La réalisation de ces objectifs a permis de
déceler quelques raisons pour lesquelles la hausse des prix sur les
marchés de Yaoundé n'est pas répercutée au niveau
des producteurs. Ce sont entre autres :
1) Les producteurs se retrouvent en grand nombre face à
un nombre très limité
d'acheteurs (situation d'oligopsone). Ceci réduit
considérablement leur pouvoir de négociation et de
décision. Le producteur est donc toujours obligé d'accepter les
prix que lui offrent les revendeurs venus de la ville. Pourtant, dans la ville
de Yaoundé, les consommateurs sont plus nombreux que les revendeurs
(oligopole). Cette situation donne une grande marge de manoeuvre de prix aux
commerçants. Ces derniers fixent les prix sur les marchés de la
ville selon leurs convenances.
2) Le producteur, lors de la vente, se retrouve dans une
situation de soumission. En effet,
95 % d'entre eux affirment vendre la banane plantain pour
satisfaire les besoins primaires de la famille (nutrition, scolarité des
enfants et santé). Ils déclarent qu'ils n'ont pas de choix que
d'accepter tous les prix, surtout que leur produit est une denrée
très périssable, qu'il faut écouler absolument.
3) Les producteurs sont parfois obligés d'accepter les
prix bas que leur offrent les
commerçants parce qu'ils veulent être payé
en espèces. Ils justifient ce comportement par le fait qu'ils aient
été abusés plusieurs fois par les revendeurs. Ces derniers
achetaient certes à des prix raisonnables, mais à crédit
en promettant de revenir rembourser ; chose qui arrivait malheureusement
rarement.
4) L'étude a montré que les charges
supportées par les commerçants ne varient pas en
fonction des prix qu'ils pratiquent. Pourtant, ces derniers
clament aux producteurs que leurs charges de commercialisation sont très
élevées, ce qui place le producteur dans une position de
faiblesse.
5) Les producteurs reconnaissent être individualistes et
désorganisés. Les prix bas que
leur offrent les commerçants résulteraient
également de leurs comportements qui donnent la force aux revendeurs.
Ces derniers achètent évidemment à celui qui fixe les plus
bas prix.
6) Il est important de noter ici que ce travail a
montré que 90 % des producteurs
pratiquent la culture de la banane plantain en association
avec le cacao, les fruitiers et d'autres cultures vivrières. Ils ne
détiennent pas de documents leur permettant de comptabiliser les
dépenses spécifiques à chaque culture présente dans
l'exploitation. Même s'ils ont une idée vague des charges qu'ils
supportent, le simple fait de n'en être pas sûr les rend moins
rigoureux lors des opérations de vente et donne un avantage
considérable aux acheteurs.
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