3) Le cas particulier des « fédérations
d'associations d'usagers »
Sur les 20 « associations d'usagers » que compte
l'oasis, 11 sont « fédérées »
(associadas) au sein de deux « fédérations
d'associations d'usagers ». Issues de la décentralisation de la
gestion de l'eau des années 1990, les « fédérations
d'associations d'usagers » (associaciones de Inspecciones de
Cauces) constituent un cas particulier puisque leur zone de
compétences s'étend sur deux échelles spatiales : la
« conduite » et la « distribution ». Les «
fédérations d'associations d'usagers » ont, en effet, la
compétence pour intervenir sur l'ensemble du réseau de canaux
d'irrigation : primaires, secondaires et tertiaires, la gestion des barrages
demeurant dans la zone de compétences du DGI. Il existe deux «
fédérations d'associations d'usagers » dans l'Oasis de Valle
de Uco : Arroyos y Vertientes et Inspecciones de Cauces Asociadas
de Tupungato (ICAT) qui sont responsables de l'approvisionnement de eau,
et donc du réseau de canaux d'irrigation, de la moitié de la
superficie irriguée par des droits à l'irrigation.
37 Cf. Carte 11
38 Employé de l' « association d'usagers
», le tomero est chargé de veiller à la bonne
marche de l'approvisionnement en eau. Au contact avec les usagers, il est leur
interlocuteur privilégié.
Tableau 2 : Les « Fédérations d'associations
d'usagers » de l'Oasis de Valle de Uco (source : DGI, 2006)
« Fédérations d'associations d'usagers
» et « associations d'usagers »
non-fédérées
|
Nombre d' « associations d'usagers » par «
fédérations »
|
Superficie irriguée par des droits à
l'irrigation (ha)
|
Arroyos y Vertientes
|
6
|
13 598
|
ICAT
|
5
|
6 106
|
Nombre d' « associations d'usagers »
fédérées
|
11
|
19 604
|
Nombre d' « associations d'usagers »
non-fédérées
|
9
|
21 997
|
Total
|
20
|
41 601
|
La gestion de l'eau de ces « fédérations
» est une gestion publique de la ressource, seul le statut juridique de
leurs employés relèverait du secteur privé (Entretien
n°9). En revanche, il est clair qu'étant donné le contexte
de libéralisation que connaît l'Argentine dans les années
1990, le processus de décentralisation visait plus à
réduire les coûts de la gestion publique de l'eau en
réalisant des économies d'échelles qu'à
réellement impliquer les usagers dans la gestion de la ressource. C'est
la raison pour laquelle BUSTOS, R.M (s.d.) est plus encline à parler de
privatisation plutôt que de décentralisation : « La
décentralisation avait deux objectifs principaux. D'un
côté, il s'agissait d'atteindre une plus grande efficacité
dans la gestion de l'eau en prenant davantage en compte les
intérêts des usagers. De l'autre, il s'agissait de diminuer les
dépenses publiques à travers une privatisation de la gestion de
la ressource en eau. Cette privatisation consistait à attribuer une
valeur marchande à l'eau et à s'assurer du consensus des usagers
en leur octroyant des « expériences participatives » dans la
gestion de celle-ci. D'un point de vue purement politique, cela revient
à faire passer un pouvoir de l'État dans le giron du secteur
privé en proclamant la plus grande participation des usagers dans la
gestion de l'eau ». Simple décentralisation ou privatisation,
il ne convient pas ici de trancher mais plutôt de montrer que les «
fédérations d'associations d'usagers », dont la zone de
compétences s'étend sur les deux premières échelles
spatiales de la « médiation » de l'eau, constituent une
nouvelle forme
d'organisation permettant de concilier intérêts
globaux et intérêts locaux : une organisation « glocale
» en somme.
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