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Des glaciers au vignoble : gestion de l'eau et stratégies d'irrigation dans les "terroirs" vitivinicoles de l'oasis de Valle de Uco (Mendoza, Argentine)

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par Joris Robillard
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master 1  2008
  

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DEUXIÈME PARTIE :

PRINCIPES ET ACTEURS DE LA GESTION

DE L'EAU DANS LE SYSTÈME

D'IRRIGATION TRADITIONNEL

Dans l'Oasis de Valle de Uco, les cultures sont irriguées avec l'eau des cours qui descendent de la Cordillère (l'eau superficielle) et l'eau présente dans le sol (l'eau souterraine) qui constituent une seule et même ressource : l'eau de fonte nivo-glaciaire des cours d'eau andins. Une seule ressource, donc, mais qui a donné lieu à deux accès : un accès traditionnel qui s'inscrit dans un système d'irrigation hérité et un accès moderne s'inscrivant dans les logiques de la mondialisation. C'est l'accès traditionnel qui fait l'objet de cette seconde partie dans laquelle sont présentés les modalités de la gestion de l'eau (I) ainsi que les acteurs qui y participent (II).

I- Les grands principes d'une gestion par l'offre

Le système d'irrigation dans l'Oasis de Valle de Uco, et plus généralement dans la province de Mendoza, est un système hérité des Indiens Huarpes. Ces derniers, avec ou sans l'aide des Incas, développèrent un système d'irrigation qui consistait à dériver les eaux des cours d'eau andins en mettant à profit la pente du cône de déjection afin d'irriguer leurs cultures27 par inondation (PONTE, J.R, 2006).

Ainsi, lorsque les Espagnols arrivèrent dans la province vers 1551 et fondèrent Mendoza en 1561, ils découvrirent environ 15 000 hectares de terres irriguées grâce à ce système (PINTO, M., s.d.). Le premier contact entre les Espagnols et les populations du Nouveau Monde fut pacifique, mais très vite l'installation de la domination hispanique se traduisit par un processus d'exportation de la main d'oeuvre indienne vers le Chili. Les Espagnols s'approprièrent les oasis irriguées et se mirent à cultiver des céréales et des fourrages pour nourrir le bétail destiné à l'exportation (MONTAÑA, E., 2007). Néanmoins, ils conservèrent le système d'irrigation mis en place par les Indiens Huarpes et s'efforcèrent de construire de nouveaux canaux d'irrigation (acequias) afin d'étendre la superficie cultivée : au XVIIIème siècle 83 canaux secondaires sont alimentés par les eaux des ríos Mendoza et Tunuyán (ARAUJO E.D., BERTRANOU A., 2004).

Le système d'irrigation connût également une importante extension entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle grâce à l'action de l'État qui, pour garantir l'accès à la terre aux immigrants, augmenta de manière significative les superficies irriguées (BUNEL, J., PRÉVÔT-SCHAPIRA, M-F., 1994).

Le système d'irrigation de l'Oasis de Valle de Uco repose aujourd'hui sur un vaste réseau de canaux d'irrigation qui irrigue quelques 41 601 hectares (DGI, 2006) grâce à l'eau de fonte nivo-glaciaire des cours d'eau andins dont les débits, non-régulés, dépendent des précipitations neigeuses qui alimentent les glaciers de la Cordillère en saison hivernale : la gestion de l'eau dans

27 D'après PONTE, J.R. (2006), maïs, pommes de terre, fèves et courges, constituaient alors la base de leur alimentation.

le système d'irrigation est donc une gestion de la ressource basée sur l'offre. Encore faut-il souligner que ce système d'irrigation est un héritage de celui initié par les Indiens Huarpes. La codification du système d'irrigation pré-colombien par la Ley de Agua (1884) et son institutionnalisation par la Constitution Provinciale de 1894 peuvent, avec le recul, être considérées comme autant de tentatives du gouvernement mendocin pour rompre avec un passé indien « qui ne passe pas » et légitimer son pouvoir sur la ressource : la gestion communautaire des Indiens Huarpes est alors remplacée par une gestion administrative et étatique. Seulement, les lois édictées en haut, ne sont pas toujours suivies des effets en bas. Car, selon RUF, Th., (2000), « les règles locales actuelles de la gestion collective de l'eau restent très marquées par les règles passées ».

A) Une gestion de la ressource basée sur l'offre

Parce que l'Oasis de Valle de Uco ne dispose pas de barrage de retenue permettant la redistribution temporelle de la ressource en eau, la gestion de cette dernière dans le système d'irrigation traditionnel est fondamentalement une gestion basée sur l'offre en eau de fonte nivoglaciaire. Or, l'offre en eau de fonte nivo-glaciaire dépend des précipitations neigeuses qui tombent sur la Cordillère des Andes pendant la saison hivernale et alimentent les glaciers.

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