Résumé
L'extraction du cycle d'une série temporelle
présente un intérêt majeur pour l'analyse conjoncturelle et
peut avoir des incidences en matière de politiques économiques.
En particulier, une anticipation des cycles de hausse et de baisse des cours
internationaux du pétrole contribuerait a` réduire la
vulnérabilitéd'un pays exportateur net de l' ' or noir
» tel que le Cameroun.
Nous nous somme proposéd'étudier les cycles des
prix du baril de pétrole. L'approximation finie et asymétrique du
filtre passe-bande idéal élaborée par Christiano et
Fitzgerald nous a permise d'extraire cette composante qui a ensuite
étédatée gràace a` l'algorithme de Bry et Boschan.
La composante cyclique identifiée par cette méthode
non-paramétrique présente des propriétés
intéressantes et rend bien comptes de l'environnement
politico-économique international. Sur la période d'étude
(Janvier 1989 - Avril 2009), sept cycles ont
étéidentifiés, cycles animés par sept phases de
hausse et huit autres de baisse tendancielle du cours du pétrole. Les
phases de hausse sont en moyenne plus longues que celles de baisse, ce qui
témoigne du mouvement haussier du prix de cette matière
première. Afin d'éprouver la qualitéde notre algorithme de
datation, nous avons a` nouveau identifiéles cycles avec la
méthode paramétrique des Modèles a` Changement de
régime Markovien. Cependant, aucun déphasage significatif n'est
apparu entre les cycles issus des deux méthodes de datation.
Par ailleurs, une modélisation de type Box et Jenkins
des cycles précédemment extraits nous a` donnéde
prévoir une hausse tendancielle des cours du baril de pétrole qui
entreront dans une phase cyclique d'augmentation pour les six mois qui suivent
la période d'étude.
Mots clés : Cycle, Datation, Irréguliers,
Modèle ARMA, Modèle MS-AR, Points de retournement,
Saisonnalité, Tendance.
1 Introduction Contexte et justification
Le p'etrole est une ressource 'energ'etique non renouvelable
donc 'epuisable. Son int'erêt 'economique ainsi que sa dimension
g'eopolitique et strat'egique ont fait de cette ressource l'une des
matières premières les plus convoit'ees de la planète.
C'est sans doute pour cette raison qu'il est souvent appel'e « l'or noir
». Le commerce du p'etrole est le plus important de la planète en
terme de valeur et si la d'etermination de son prix d'evie très souvent
les pronostics des organisations de pays producteurs (OPEP en l'occurrence),
c'est qu'elle fait l'objet d'une confrontation entre l'offre et la demande sur
le march'e international a` l'instar des valeurs financières. Entre la
seconde guerre mondiale et l'ann'ee 2005, neuf des 10 r'ecessions qui ont
frapp'e l''economie am'ericaine ont 'et'e pr'ec'ed'ees par des hausses
importantes du prix de p'etrole (Hamilton, 2005). Ces prix ont doubl'e entre
2007 et 2008 et font l'objet de grandes pr'eoccupations 'economiques
internationales. En effet, malgr'e le ralentissement de la croissance au niveau
mondial, les cours du p'etrole ont continu'e de croàýtre,
atteignant le niveau record de 132, 831 dollars US le baril en
Juillet 2008 .
Comme la quasi-totalit'e des pays de la sous-r'egion Afrique
Centrale, le Cameroun est un pays exportateur de p'etrole. A` ce titre, les
recettes p'etrolières constituent une ressource essentielle de
financement des d'epenses publiques. Nous en voulons pour preuve la structure
des recettes publiques du Cameroun qui 'etaient compos'ees a` 29 % de rentr'ees
p'etrolières en 2008. La volatilit'e des cours mondiaux et la
d'epr'eciation du dollar ne facilitent pas la pr'evision des recettes
p'etrolières. De telles fluctuations ont une incidence certaine sur les
recettes publiques. Une mauvaise anticipation des cours du p'etrole est donc
susceptible de freiner l''economie nationale. Ainsi, il apparait indispensable
pour un pays exportateur de p'etrole comme le Cameroun de disposer d'un outil
fiable de pr'evision du prix de « l'or noir » afin de mieux d'efinir
ses projets de d'eveloppement et d'affiner son cadrage macrobudg'etaire.
Problématique
Les fluctuations du cours du p'etrole ont une incidence sur le
budget de l''Etat Camerounais, donc sur la mise en oeuvre de ses politiques de
d'eveloppement. Le l'egislateur
'www.afristat.org
ne dispose pas toujours des meilleurs outils de pr'evision de
ce prix lors de la prise de d'ecision, notamment dans l''elaboration des
budgets pr'evisionnels et des notes de conjoncture. La question a` laquelle
nous tenterons de r'epondre dans le cadre de cette 'etude est la suivante :
quelle est la dynamique qui sous-tend le mouvement de fluctuation des cours du
pétrole ?
Objectifs
L'objectif principal de ce travail est d'identifier le
m'ecanisme ou le processus g'en'erateur du cycle de la s'erie de prix du
p'etrole. L'objectif ainsi fix'e peut se d'ecliner comme qu'il suit :
- D'ecrire et analyser la s'erie du cours du p'etrole
- 'Etablir le cycle des cours de p'etrole
- Mod'eliser et pr'evoir le comportement des cours de
p'etrole.
2 Revue de littérature
L'analyse des fluctuations des s'eries 'economiques a fait
l'objet de nombreux travaux empiriques. Cette analyse a toujours 'et'e plus
accentu'ee dans celle d'extraction des cycles et de datation de ces
dernières. Les 'etudes portent dans la plupart des cas sur les
s'eries des agr'egats 'economiques dans les pays industrialis'es, en
particulier dans une optique de mesurer la concordance entre deux agr'egats,
ceci pour une synchronisation de ces derniers. Nous pr'esentons en revue
dans cette section, les principaux travaux men'es pour l''etude (extraction
et datation) des cycles d'affaires. Il y sera 'egalement question, la
pr'e- sentation des travaux consacr'es a` la pr'evision de la s'erie des
cours mondiaux de p'etrole.
2.1 Définition du concept de cycle
économique
D'une manière g'en'erale, un cycle 'economique, ou
cycle d'affaire, est un type de fluctuation 'economique, r'ecurrente non
p'eriodique et d'une dur'ee sup'erieure a` un an2. La principale
r'ef'erence de la d'efinition d'un cycle d'affaire est celle propos'ee par
Burns et Mitchell3 en 1946. Pour ces auteurs, ' Les cycles
d'affaires sont un type de fluctuations que
2Dufour J. M. (2005).
3Burns, A. F. et Mitchell, W. C. (1946),
« Measuring Business Cycles
», NBER, New York, p. 3.
l'on rencontre dans l'activitééconomique globale
des nations o`u l'essentiel du travail est effectuépar des entreprises
commerciales; un cycle se compose de phases d'expansion qui interviennent
simultanément dans de nombreuses activités économiques,
suivies de phases non moins générales de récession, de
contraction et de reprise qui débouchent sur une nouvelle phase
d'expansion dans le cycle suivant; cette suite de variations est
récurrente sans être périodique; la durée des cycles
d'affaires varie de plus d'un an a` dix ou douze ans : ils ne sont pas
divisibles en cycles plus courts possédant les mêmes
caractéristiques et d'amplitude proche de la leur. [Burns et Mitchell
(1946, p. 3), traduction dans Greenwald (1984, p. 214)]4.
Cette définition laisse apparaàýtre qu'un
cycle est caractérisépar une succession d'expansions (booms) et
de récessions (slumps). Cette alternance de pics et de creux n'est pas
définie par une périodicitérégulière. La
durée d'un cycle, et de ses phases ascendante et descendante, peuvent
varier considérablement, de six a` trente deux trimestres selon Burns et
Mitchell : les points de retournement qui y sont associés ne constituent
donc pas une chronique régulière. Ainsi défini, le cycle
économique constitue avant tout une récurrence de phases
d'expansion et de contraction.
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