INTRODUCTION
Le Niger, vaste pays de l'Afrique de l'Ouest, couvre une
superficie de 1.267.000 km2. Il s'inscrit entre la longitude
0°16'et 16° Est et la latitude 11°01' et 23°17'Nord.
L'agriculture, l'élevage et la pêche constituent les principaux
activités des populations mais pratiqués de façon
traditionnelle (PAN-LCD/GRN, 2000). Son climat de type sahélien sur sa
grande partie, sa topographie peu marquée (300 m d'altitude moyenne)
mais constellée de dépression occupée par des mares ou des
vallées et l'occupation anthropique de l'espace conditionnent une forte
pression sur les ressources en eau (PSEAEDD., 2001).
A l'instar des pays du Sahel, menacé par le
phénomène de mauvaise répartition spatiotemporelle de la
pluviométrie due au phénomène de changement climatique
combinée à la forte pression démographique. Le Niger est
confronté, depuis plusieurs décennies aux multiples
conséquences de ce phénomène qui affecte tout
l'écosystème (SDMV,GRE., 1993). C'est ainsi qu'en raison de tous
ses enjeux qui caractérisent la problématique du secteur de l'eau
de l'assainissement ; le gouvernement Nigérien a ressenti la
nécessité de se doter d'un instrument juridique de planification
de l'utilisation des ressources en eau dès la fin des années 1970
(PSEAEDD., 2001). En plus, des textes juridiques ont été
adoptés et déterminent les conditions d'utilisation de cette
ressource. Il existe quatre (4) régimes d'utilisation des ressources en
eau au Niger : le régime de l'utilisation libre, le régime de la
déclaration, le régime de l'autorisation et le régime de
concession (MH,DL, 1993).
Le pays dispose d'un potentiel hydraulique considérable
mais mal exploité. Il est formé par des ressources en eau de
pluie, eaux superficielles et souterraines (BOUBE I., 2009). Ce potentiel
hydraulique est constitué notamment de trente (30) milliards de
mètre cubes d'eau par an d'écoulement superficiel
concentré en grande partie dans le fleuve niger ; deux virgule cinq
(2,5) milliard de mètre cubes d'eau par an d'écoulement
souterrain et deux milles (2000) milliards de mètre cube d'eau
souterraine en terme de réserve d'eau non renouvelable (Projet
FEM-Bassin du Niger, 2008).Toute cette potentialité hydrique, est en
baisse du fait de plusieurs phénomènes dont le changement
climatique et la démographie galopante.
Les changements climatiques et l'accroissement
démographique que connaît la terre depuis le début du
20ème siècle obligent l'humanité à mieux
gérer ces ressources en eau. Cette gestion passe d'abord par une
meilleure connaissance de la répartition de ces ressources et de leur
quantification. Les ressources eau, élément essentiel pour toutes
les activités humaines, jouent un rôle transversal très
important dans l'atténuation de l'effet de serre, subissent une
importante pression au Niger et plus spécifiquement dans la basse
vallée de Tarka. La pérennisation de cette ressource pour la
survie des populations qui les exploitent et les générations
futures passe d'abord par une meilleure gestion communautaire des ressources en
eau et dans un second plan
par une meilleure gestion participative de ces ressources dans ce
contexte semi-aride et à forte croissance démographique.
La zone d'étude est une partie de l'unité de
gestion `'Dallol-Ader-Doutchi-Maggia», située sur le bassin versant
de la basse vallée de la Tarka. Cette zone est située dans le
centre sud de la région de Tahoua. Le bassin versant traverse les
départements Bouza et de Madaoua. Le climat est de type
Nord-sahélien (pluviométrie inférieure à 500 mm) et
la pression démographique accompagnée d'une forte augmentation du
cheptel induisent un équilibre précaire des ressources en eau
dans cette partie du Niger (P-GIRE-Tarka, 2009). Cette situation a mis les
populations dans une insécurité alimentaire et nutritionnelle
grave, et a accentué leur état de pauvreté (BOUBE I.,
2009). Sur le plan hydrogéologique, la basse vallée de la Tarka
présente au moins trois (3) aquifères superposés et
indépendants (BRGM, 1980). L'aquifère superficiel dû
à l'apport des bassins versants affluents alimenté directement
par les apports pluviaux, les réserves renouvelables avec variation de
réserves et les réserves naturelles qui sont d'autant plus
importantes selon les lieux où l'aquifère est plus puissant
(MH/DRE, 1981).
La mobilisation des eaux de surface et des eaux souterraines
cause problème du fait de la diminution de la pluviométrie et de
l'accroissement de la population. Tout cela n'est pas sans conséquence
sur les activités humaines dans la gestion des ressources en eau et les
relations entre les hommes. Par ailleurs des conflits naissent souvent entre
les différents usagers de la ressource en eau du fait de la
compétition sur cette dernière, les différences de statut
et d'influence organisationnelle sur les différents acteurs, les besoins
et les intérêts non satisfaits des usagers,
l'inégalité de pouvoir et d'autorité sur la ressource en
eau, les interdépendances entre les usagers de l'eau et la
méconnaissance de textes réglementaires qui régissent le
régime de l'eau au Niger. Les conflits surgissent souvent dans des
conditions de mésentente créées en rapport avec les
utilisateurs de la ressource en eau. Les usagers chacun de son
côté essayent de protéger au mieux ces
intérêts (Abdou H., 2010). C'est pourquoi plusieurs textes sont
mis en place par l'Etat et les collectivités locales dans le cadre de la
réglementation de l'utilisation et la protection de la ressource en
eau.
Il apparaît en définitive important de
réfléchir sur les stratégies d'une gestion communautaire
durable de la ressource en eau en appliquant l'approche de GIRE. C'est dans ce
cadre que le Projet de Gestion Intégrée des Ressources en Eau
dans le bassin versant de la basse de la Tarka (P-GIRE-Tarka, 2009) vient
après une phase pilote au cours de laquelle les partenaires de GWI-Niger
financés par la Fondation Howard G. Buffett ont identifié les
défis majeurs en matière de gestion des ressources en eau au
Niger, et développé une vision à long terme après
de longues recherches et discussions avec toutes les parties prenantes, de
choisir un site approprié pour réaliser cette vision . L'objectif
visé est d'améliorer la qualité de vie des
populations dans le bassin à l'aide de la GIRE, un outil
de gestion essentiel pour les communautés locales et autres acteurs et
usagers (P-GIRE-Tarka, 2009).
C'est ainsi Global Water Initiative (GWI) a mise en place un
consortium constitué des partenaires stratégiques : CARE,
Catholique Relief Service (CRS), UICN et les partenaires nationaux : CREPA, ONG
Demi E, PNE et la Faculté d'Agronomie de l'Université Abdou
Moumouni de Niamey. Parmi les nombreuses thématiques traitées
dans ce cadre s'inscrit le présent thème intitulé:
Etude comparative de la gestion communautaire des ressources en eau et
conflits d'usage dans les communes de Madaoua et Bouza cas du Projet pour la
Gestion Intégrée des Ressources en Eau dans la basse
vallée de la Tarka (P-GIRE-Tarka) Niger.
L'objectif général de cette étude est de
faire une analyse de la manière dont la gestion communautaire des
ressources en eau est effectuée dans le bassin versant de la basse de la
Tarka afin de mieux cerner les sources des conflits y afférents.
L'objectif général ne sera atteint qu'à travers les
objectifs spécifiques suivants :
~ Identifier le mode et l'organisation pratique de la gestion
communautaire des ressources en eau ;
~ Analyser les problèmes qui entravent la mise en oeuvre
efficiente des stratégies de gestion communautaire ;
~ Identifier les sources des conflits d'usage et proposer des
approches des pistes de solution. Ce travail est d'autant plus important qu'il
rentre dans le cadre d'une étude permettant de mieux diagnostiquer les
problèmes liés à cette ressource. En outre, il vise
à proposer éventuellement des solutions pour sa
pérennisation, en vue d'une exploitation équitable et raisonnable
pour le développement durable de la basse vallée de la Tarka en
appliquant l'approche GIRE. Le présent travail est structuré en
trois (3) grandes parties qui se présentent dans l'ordre suivant :
- généralité sur la zone d'étude ;
- synthèse de la problématique de la GIRE au
Niger;
- résultats, discussions, proposition de plan de gestion
et en fin conclusion-perspective.
|