Section 2 : Présentation des résultats et
interprétation
Nous expliquerons successivement deux phénomènes
: l'efficacité totale (CRS) et l'efficacité pure (VRS). Rappelons
que l'efficacité pure est, avec l'efficacité d'échelle
(SCALE), une composante de l'efficacité totale. Dans le chapitre 2, nous
avons postulé que les variations de l'efficacité totale de la CBC
étaient essentiellement dues à celles de l'efficacité
d'échelle. Nous disions que l'échelle de production de la banque
s'est rendue inappropriée à partir d'une certaine période
(septembre 2008), et que ceci a fait dégringoler son niveau d'efficience
totale. Cependant, nous ne pouvions pas encore expliquer avec assurance ce qui
a provoqué cette inadéquation subite de l'échelle de
production. De même, nous n'avons encore rien dit concernant
l'explication de l'évolution de l'efficacité technique pure. Dans
cette section, à l'aide d'un modèle économétrique
linéaire1, nous expliquerons l'évolution de
l'efficacité technique totale par un ensemble de variables explicatives
au Paragraphe 1, et nous dénoncerons les variables explicatives de
l'efficacité technique pure au Paragraphe 2.
1 Dont la structuration est présentée au
chapitre 3 section 2 paragraphe 2
L'efficacité technique des banques et ses facteurs
explicatifs : application à la Commercial Bank - Cameroun
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Paragraphe 1 : Explication de l'efficacité
technique totale
Le modèle économétrique que nous avons
conçu avec les vingt-cinq variables collectées et
présentées plus haut à l'état brut ne nous a
donné aucune variable significative. Ce constat laissant croire qu'il
existe des colinéarités entre les variables, il était
question dès lors d'appliquer les procédures de sélection
des variables. A l'aide de la procédure
Backward, nous avons effectué une
sélection optimale de variables. A l'issue de cette procédure,
les six (06) variables suivantes ont été retenues : le niveau de
trésorerie, le ratio trésorerie sur Total actif, le Total de
l'actif, le Total des crédits, le Coefficient de transformation et le
Rapport entre le volume de crédits et dépôts de la CBC sur
celui du marché entier. Par conséquent, ces variables retenues
(selon la proposition du logiciel) sont celles qui sont le moins
corrélées entre elles et qui expliquent au mieux le
phénomène à expliquer.
Quant aux variables restantes, elles semblent beaucoup moins
significatives ou corrélées avec d'autres variables. Par
conséquent leur effet explicatif sur l'efficacité totale est
négligé.
Le modèle final estimé se présente sous la
forme :
Score d'efficacité technique totale = F(niveau de
trésorerie ; trésorerie/total actif ; total actif ; total
crédit ; coefficient de transformation ; volume prod CBC/volume
marché)
Le logiciel statistique R® présente cette
équation sous la forme :
Resultfinal=lm(formula = donne$score ~
donne$tresorerie + donne$tresTactif + donne$Totalactif + donne$TotalCred +
donne$Coeftransf + donne$volcbcvm)
Le tableau qui suit rend compte d'une façon très
résumée des résultats obtenus.
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Tableau 2 : Facteurs explicatifs de l'efficacité
technique totale
Variable
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Coefficient
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Erreur Standard
|
T
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Value Pr(>|t|)
|
Niveau de significativité
|
Constante
|
-1.075e+01
|
6.469e+00
|
-1.662
|
0.1205
|
|
Niveau de trésorerie
|
-1.797e-04
|
8.984e-05
|
-2.000
|
0.0668
|
*
|
Trésorerie/total actif
|
-4.610e+01
|
2.237e+01
|
2.061
|
0.0599
|
*
|
Total actif
|
3.280e-05
|
2.540e-05
|
1.291
|
0.0921
|
.
|
Total crédit
|
-3.145e-05
|
1.186e-05
|
-2.652
|
0.0199
|
*
|
Coefficient de transformation
|
3.380e+00
|
1.872e+00
|
1.806
|
0.0942
|
.
|
Volume prod CBC/volume marché
|
4.000e+01
|
1.661e+01
|
2.409
|
0.0316
|
*
|
Erreur résiduelle
|
0.14 à 13 DDL
|
|
|
|
|
R2
|
0.8082
|
|
|
|
|
R2 ajusté
|
0.7196
|
|
|
|
|
F- Statistic
|
0.9128 à 6 DDL
|
|
|
|
|
p-value
|
0.0004841
|
|
|
|
|
Signif. codes: 0 `***' 0.001 `**' 0.01 `*' 0.05 `.' 0.1 `
' 1
Source : Auteur, résultats obtenus du logiciel statistique
R®
Il découle de ce résultat que le modèle
établit est globalement significatif : la statistique de
Fisher donne une p-value de 0.00048<<0.05 avec
un R2 ajusté de 80%. Toutes les variables de cette
sélection finale s'avèrent significatives au seuil individuel de
10%. Ainsi, notre interprétation portera uniquement sur deux types de
variables : les variables à influence négative et les variables
à influence positive.
- Les variables à influence
négative
Le niveau de trésorerie affiche un
coefficient de -0.000179. Le signe négatif de cette variable traduit une
influence négative du niveau de trésorerie brute sur le niveau
d'efficience totale. Toute chose étant égale par ailleurs, une
augmentation de 1% du niveau de trésorerie entrainerait une baisse du
niveau d'efficience de l'ordre de 0.0179%. L'interprétation de l'effet
du niveau de trésorerie sur l'efficience totale peut être
complétée par celle du rapport
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trésorerie sur total actif. En effet,
le rapport du niveau de trésorerie sur le total de l'actif affiche un
coefficient positif de -46.1. Toute chose étant égale par
ailleurs, l'augmentation de la proportion de la trésorerie dans le total
de l'actif de 1% entrainerait une baisse de l'efficience totale de 4610%. Pour
le comprendre, il faut noter que l'augmentation de ce rapport est la
résultante de deux facteurs distincts : l'augmentation de la
trésorerie proprement dite et la baisse du total de l'actif
(immobilisations + crédits + trésorerie). L'influence de ce
rapport en tant que variable explicative est donc relative. Pour conclure
simplement, nous noterons que le volume de trésorerie simple influence
négativement le niveau d'efficacité technique totale.
Le total des crédits donne un
coefficient de -0.00003145. Toute chose étant égale par ailleurs,
une augmentation du total des crédits de 1% entraine une baisse de
l'efficience totale de 0.0031%. En réalité, ceci conforte
l'idée selon laquelle la CBC a dépassé son échelle
optimale en ce qui concerne la production des crédits. Elle opère
(depuis septembre 2008) à une échelle inefficace, et son
efficacité totale par contrecoup1 tend à baisser
lorsque la production des crédits augmente.
- Les variables à influence positive
La taille de la banque est quantifiée
ici par le total de l'actif. Cette variable affiche un
coefficient de +0.0000380. Toute chose étant égale par ailleurs,
une augmentation de 1% du total de l'actif entrainerait une hausse de
l'efficience totale de 0.0038%. L'on peut donc conclure que la taille de la
banque influence positivement l'efficacité technique totale. Plus la
banque grandit en taille (total du bilan), plus elle est efficace. Ce
résultat est conforme à celui de Lahyani (2009) et Hauner
(2005)2, qui ont trouvé une relation positive entre la taille
des banques et leur niveau d'efficience.
Le coefficient de transformation affiche un
score de + 3.38. Toute chose étant égale par ailleurs, une
augmentation du coefficient de transformation de 1% conduit à un plus
1 Il est démontré au chapitre 2 section
2 paragraphe 2 que l'efficacité totale est fortement
corrélée à l'efficacité d'échelle.
2 Cité par Lahyani (2009)
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d'efficience totale de l'ordre de 338%. Effectivement,
l'augmentation du taux de transformation des ressources en crédit a un
effet direct et positif sur l'efficacité technique totale.
Le rapport « volume de production
(dépôts + crédits) de la CBC sur volume de production
(dépôts+ crédits) de l'ensemble des banques du
marché » donne un score de +40. Toute chose étant
égale par ailleurs, si ce rapport augmente de 1%, la CBC gagne 4000% en
niveau d'efficience totale. Ce qui voudrait dire que l'efficience totale de la
CBC est fonction croissante de la place qu'elle occupe sur le marché :
plus elle s'impose, plus elle gagne en efficience totale.
A ce niveau, l'analyse peut encore être approfondie,
dans la mesure où elle ne porte que sur l'efficience totale
(composée de l'efficience d'échelle et de l'efficience pure).
Pour cela, il est nécessaire de savoir comment expliquer
l'évolution - même de l'efficacité technique pure.
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