8. Les acteurs de la lutte contre le VIH/SIDA à
Poitiers
Plusieurs structures ont vu le jour afin de lutter contre la
propagation du VIH/SIDA au sein de la ville. Ainsi, on compte le RPS86 qui est
un collectif de partenaires oeuvrant dans la prévention du VIH/SIDA, des
Hépatites et des IST. Les publics visés sont tous les groupes de
population, mais le RPS86 a souhaité faire une priorité de
certains groupes dans ses actions comme les personnes en difficulté
socio-économique, les personnes migrantes, les adultes de 35 à 65
ans, les jeunes et les personnes en détention. Il est constitué
d?acteurs institutionnels qui agissent tant sur le plan nation (CPAM (le
Service d'éducation santé), le CIDAG et CIDDIST du CHU de
Poitiers, Équipe de Prévention Spécialisée,
Médecine Préventive Universitaire), régional (CRIJ, CHRS),
départemental (Fédération des Centres Socioculturels de la
Vienne, CREPS et Comité de la Vienne), et local (Collectif EKINOX,
Résidence sociale «Le Local», le Réseau
Ville-Hôpital de la Vienne*29, le Collectif L'Abri*, le CCAS
de Poitiers, le CAP Sud).
Parmi ces acteurs on peut citer AIDES Vienne* qui est un acteur
non institutionnel qui lutte contre le VIH sur le plan national.
Mais, on y trouve aussi le service de maladies infectieuses de
Poitiers qui compte :
- 4 médecins* pour la prise en charge des patients
- Hôpital de jour qui compte 2 infirmières, une
psychologue et si besoin une diététicienne.
29 * Pour mes recherches j?ai eu des entretiens avec ces
acteurs.
II : Problématique
Les études sur la question du VIH/SIDA montrent que les
femmes sont de plus en plus concernées par le problème de cette
maladie. En 2009, l?Organisation Mondiale de la Santé a publié un
rapport de santé intitulé «les femmes et la
santé». Ce document examine l?état de santé des
femmes dans les différentes régions du monde, il met en avant les
disparités hommes-femmes en matière de santé et souligne
aussi l?existence de déterminants biologiques et sociaux qui rendent les
femmes plus vulnérables par rapport aux hommes vis-à-vis de
l?infection au VIH et des infections sexuellement transmissible. Les
conclusions montrent que le VIH/SIDA représente la première cause
de décès et de maladie chez les femmes en âge de
procréer dans les pays à faible revenu.
La DREES a publié en juin 2009 un rapport
intitulé « La santé des femmes en France »
30, qui fait une synthèse des spécificités
féminines en matière de santé. Ce rapport montre un
pourcentage d?infection à VIH 3 à 8 fois plus important chez les
femmes que chez les hommes. L?observation sur les 20 dernières
années montre une augmentation progressive de la proportion de femmes
diagnostiquées chaque année et un doublement entre 1987 et 2006
(de 14% à 31%).
Toujours selon ce rapport en 1994, il y a eu un pic du nombre
annuel de cas de SIDA chez les femmes avec près de 1200 diagnostics,
mais une diminution très importante a été observée
en 1996 (environ 800 diagnostics) puis en 1997 (environ 500), du fait de
l?introduction des traitements antirétroviraux hautement actifs (HAART).
Depuis cette date, le nombre de cas féminins de SIDA n?a malheureusement
que très faiblement diminué, alors qu?il a été
divisé par deux chez les hommes.
Le rapport montre aussi que derrière cette diminution
observée sur les dix dernières années se cache une
augmentation du nombre de cas de SIDA chez les femmes de nationalité
étrangère entre 1998 et 2002. En effet, depuis 2001, plus d?un
cas sur deux de SIDA féminin est
30 Ministère du travail, des relations sociales
et de la solidarité. (2009). Rapport "La santé des femmes en
France".
diagnostiqué chez une femme de nationalité
étrangère et les trois quarts d?entre elles sont originaires d?un
pays d?Afrique subsaharienne. En 2006, l?incidence du SIDA est de 85 pour
100.000 chez les femmes africaines (contre 0,5 chez les femmes
françaises), elles représentent 36% des découvertes de
séropositivité au VIH. Parmi ces femmes, la moitié est de
nationalité africaine avec une forte proportion originaire du Cameroun
et de Côte d?Ivoire.
A Poitiers les données épidémiologiques
montrent également que les femmes migrantes sont en majorité plus
touchées que les femmes françaises31.
Comment expliquer ce phénomène,
c'est-à-dire pourquoi il y a une augmentation de sérologie
positive dans ce groupe de femmes (femmes d?Afrique subsaharienne)? Quel est le
comportement des femmes migrantes face au VIH/sida ? Une analyse des modes de
prévention qu?elles privilégient ou non est ici proposée
à travers une étude de cas réalisée à
Poitiers. Autour de cette problématique, il y a aussi la question du
secret autour du VIH/SIDA. A qui ces femmes parlent-elles de leur
séropositivité ? Quelle place accordentelles aux acteurs de la
santé, mais aussi à tout le système mis en place pour la
réduction des risques ? La question de la sexualité est taboue
dans la population migrante, on ne parle pas de relation sexuelle au sein de la
famille. Pourquoi donc parler de prévention puisque la première
transmission du VIH se fait par rapport sexuel non protégé ? Ce
cas concerne les personnes qui habitent au sein de leur famille. Avec toutes
les coutumes, les traditions, certains sujets ne sont pas abordés entre
parents et enfants. Mais quand ces femmes quittent leur famille et se
retrouvent dans un pays européen, certains contextes font qu?elles sont
plus enclines à parler de la sexualité.
Ceci peut être le cas des femmes migrantes qui comme
expliqué plus haut, pour survivre se convertissent en travailleuses
sexuelles afin de subvenir à leurs besoins. La question de la
sexualité est «assez connue» d?elles, du moins de ce qu?elles
en disent. Donc, insérer cette catégorie de personne dans mes
recherches peut sûrement me permettre de comprendre la sexualité
sans tabou auprès d?une population migrante assez indépendante
(du point de vue sexuel). Pour plus d?informations sur cette population, les
bases des données françaises fournies par l?OCRTEH
(données approximatives, calculées sur la base des
contrôles de papiers ou des arrestations, ou encore du fichage
réalisé illégalement par les services de police), estime
qu?il y a entre 15.000 et 20.000 personnes prostituées en France, et
la
31 File active du RVH des personnes
séropositives.
proportion des personnes étrangères se situe
entre 60% et 70%. Elles sont notamment originaires d?Amérique latine,
d?Afrique subsaharienne, d?Europe de l?Est, d?Algérie ou du Maroc et de
Chine (elles habitent en particulier à Marseille, Avignon, Montpellier,
Paris). Pour les deux villes d?étude (Toulouse et Lyon), on estime la
proportion de migrant-e-s à 70% du total des personnes
prostituées de rue, en majorité des femmes32.
Ainsi, suite à mes observations, je remarque que la
majeure partie des prostituées à Poitiers sont des femmes
migrantes. La prostitution pourrait titre un facteur de
vulnérabilité comme expliqué plus haut. Etant donné
que l?une des femmes interviewées et une ancienne prostituée, il
serait donc intéressant d?approfondir un peu sur le sujet.
Mais ceci peut titre aussi le cas des femmes qui migrent afin
de continuer leurs études universitaires on peut supposer que, vu leur
niveau scolaire, ces femmes peuvent parler de la sexualité entre elles.
Il ne s?agit pas ici de faire un lien avec les étudiantes qui peuvent se
prostituer. C?est pour juste préciser qu?il y a une différence
entre les femmes migrantes scolarisées et non scolarisées.
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