Les femmes migrantes et le VIH/SIDA a Poitiers( Télécharger le fichier original )par Jeanne Finda MILLIMONO Universite de Poitiers - Master 2001 |
3. Les séropositifs étrangers en FranceL?INVS pour la première fois a rendu public un rapport en avril 1999 qui met en exergue une forte prévalence des personnes séropositives étrangères10. Ce rapport est l'occasion d'une analyse plus détaillée de la situation des cas de SIDA chez les étrangers en France. L'objectif de l'étude est de montrer les éventuelles spécificités existant, chez les sujets de nationalité étrangère atteints du SIDA, en ce qui concerne leurs caractéristiques sociodémographiques et cliniques, leur accès au dépistage et leur prise en charge thérapeutique. Selon ce rapport de l?INVS, les personnes de nationalité étrangère vivant en France sont, globalement, deux fois plus touchées par le SIDA que les sujets de nationalité française ; les femmes étrangères, toutes nationalités confondues, sont trois fois et demie plus atteintes que les femmes françaises. En outre, les étrangers méconnaissent davantage leur statut sérologique et bénéficient d?une moins bonne prise en charge thérapeutique. Différents systèmes d?information sur l?infection par le VIH recueillent des données épidémiologiques détaillées permettant de caractériser, 9 http://www.genreenaction.net/spip.php?article5462 10 http://www.invs.sante.fr/publications/sida3/rapport.pdf. parmi les personnes qui ont recours au dépistage, une sous-population de personnes récemment contaminées. Ce constat a été établi sur la base des données de surveillance du SIDA chez les personnes de quinze ans et plus domiciliées en France et chez lesquelles un diagnostic de SIDA a été posé entre 1978 et juin 1998. Sur les 46 973 cas de SIDA déclarés en France depuis le début de l?épidémie, 14 % (6 571 cas) affectaient des personnes de nationalité étrangère résidant en France alors que cet ensemble ne représente que 6 % de la population adulte vivant en France métropolitaine. Les régions d?origine les plus fréquemment concernées sont l?Afrique subsaharienne (2 068 sujets), l?Afrique du Nord (1 543 personnes), l?Europe (1 298 sujets) et Haïti (809 personnes). Les étrangers bénéficient moins du phénomène de décroissance du nombre de nouveaux cas de SIDA enregistré depuis la mise à disposition de nouveaux traitements (trithérapies en particulier) : entre le premier semestre 1996 et le premier semestre 1998, ce nombre a décru de 44 % chez les ressortissants étrangers, contre une baisse de 61 % chez les Français. Le mode de contamination principal est la transmission hétérosexuelle (49 % des cas), suivie de la transmission homosexuelle (22 % des cas) et de la toxicomanie par voie intraveineuse (19 %). Ce dernier mode est le plus fréquent chez les sujets venant d?Afrique du Nord. La transmission hétérosexuelle est dominante pour les personnes originaires d?Afrique subsaharienne et d?Haïti. Outre le facteur nationalité, le statut
socio-économique compte beaucoup. Les étrangers comparaison, 20 % des sujets de nationalité française atteints de SIDA n?ont pas de travail. Iiressort aussi de l?étude une forte méconnaissance du statut sérologique : parmi les personnes ayant fait l?objet d?un diagnostic de SIDA entre le 1er janvier 1994 et le 30 juin 1998, 42 % des étrangers ignoraient leur statut au moment du diagnostic contre 22 % des français. Cette ignorance est particulièrement marquée chez les personnes venant d?Afrique subsaharienne (51 %) et d?Asie (50 %). |
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