2. Analyse
Lydia qualifie la séropositivité comme une chose
avec laquelle elle va vivre toute sa vie. Pour cela, il faut donc adopter de
nouvelles règles de vie, afin de mieux se protéger de tous les
risques qu?elle pourrait encourir avec la maladie. Ces nouvelles règles
de vie consistent à bien faire attention à leur environnement,
faire attention à leur hygiène, à ce qu?elles mangent et
boivent mais surtout, aux milieux qu?elles fréquentent. Mary exprime
aussi le même besoin de se protéger de tous les risques, en
évitant tout rapport sexuel mais aussi en se prenant ellemême en
charge. Pour Fatoumata qui vient d?apprendre sa séropositivité,
elle est un peu confuse dans sa perception du risque. Elle prend sa
séropositivité comme une fatalité. Certes, il y a les
médecins qui pourront l?aider à surmonter sa maladie, mais ils ne
pourront pas changer sa sérologie, donc avant de compter sur les autres,
il faut déjà compter sur soi même.
Le plus important, c?est d?être bien avec soi
même, c'est-à-dire connaitre ses limites, ses défauts, bien
choisir ses fréquentations, mais surtout ne pas manger et boire
n?importe quoi. Je pourrais croire que pour ces femmes, le risque se trouve
dans les aliments qu?elles consomment. Ces femmes pensent que faire attention
à ce qu?elles mangent au sein de leur communauté pourrait
dissiper les soupçons qu?ils ont sur leur séropositivité.
Mais cela leur permettra aussi de mieux vivre avec la maladie. En étant
positives au VIH/SIDA les femmes mettent en place différent
stratégies afin de vivre au mieux une "vie normale" au sein de leur
communauté respective.
Hormis cela, les femmes expriment aussi la grande souffrance
qu?elles éprouvent en ne pouvant pas exprimer leur
séropositivité aux membres de leur famille. Le plus douloureux
c?est de ne même pas avoir une personne de confiance dans leur famille.
C?est dans ce sens qu?elles qualifient leur séropositivité comme
un grand secret qu?elles ne pourront pas révéler aux membres de
leur famille, seulement quand elles n?auront plus le choix. Dès qu?il y
a un soupçon dans la famille, la seule solution pour ces femmes, c?est
de bouger. Ainsi, dans la gestion de l?information, le dire ou le taire de la
séropositivité engendre en quelque sorte un climat de secret et
de peur d?un côté mais aussi, une notion de mobilité de
l?autre quand les membres de la famille soupçonnent quelque chose.
«Tu sais chez moi c'est très simple,
dès que je remarque que je suis entrain de perdre du poids je me
déplace c'est aussi simple que cela. Les gens aiment trop jacasser dans
le coin, Moi je n'aime pas cela.» (Lydia)
Donc, pour ces femmes, le rapport au risque consiste à
la protection de soi en évitant d?attraper toutes infections. Le rapport
au risque est d?abord pour elles lié à la sexualité tout
comme la transmission de VIH/SIDA. Pour elles, il faut d?abord régler la
question de la sexualité et ensuite, s?occuper de son bien etre. En
évitant tout rapport, elles pourront se protéger elles et en
même temps protéger l?autre.
Ces femmes souhaiteraient pouvoir parler de leur
séropositivité au sein de leur famille, mais cela est pour elle
impossible. Elles reparlent encore de la stigmatisation et de la discrimination
qu?elles pourront subir mais aussi de la honte et du malheur qu?elles pourront
apporter au sein de la famille. Elles savent qu?en choisissant de ne pas dire
leur séropositivité elles pourraient peut etre sans le vouloir
s?auto-exclure.
«Je sais que je parle peut etre à tort, mais
à chaque fois que j'ai ma mère au téléphone, je
n'ose pas lui dire que je suis séropositive. C'est plus fort que moi. En
plus, j'ai un cousin ici à Poitiers, il sait que je suis enceinte
mais pas que je suis séropositive. Je ne pourrais jamais le lui
dire d'autant plus qu'il savait que je me prostituais pour vivre et qu' en tant
qu'étudiante je ne valais rien. Comment pourrais-je dire à
celui-ci que je suis séropositive et qu'il l'accepte sans me juger. Je
sens déjà le regard accusateur. C'est impossible. Malgré
le fait qu'il a duré en France, on reste quand meme africain avec nos
grandes cultures. Peut être que je me trompe qu'en lui disant ça
pourrait se passer autrement, mais je n'ai pas encore
Enfin je verrais bien.» (Fatoumata)
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