1. La gestion de l'informatio
Après l?annonce de la séropositivité
vient alors le dilemme de révéler ou pas sa
séropositivité. Plusieurs stratégies sont mises en oeuvre
afin de limiter la stigmatisation et l?exclusion au sein de la
communauté dans laquelle ces femmes vivent. Pour cela, ces femmes font
le choix de révéler leur séropositivité aux
personnes qu?elles considèrent fiables. Parmi les femmes
interviewées, aucune d?elles n?à révélé sa
séropositivité aux membres de sa famille. Ces femmes
entretiennent différentes relations après avoir pris connaissance
de leur statut sérologique. Selon les relations qu?elles entretiennent,
elles décident de révéler ou pas ce qu?elles appellent
leur plus grand secret, c'est-à-dire leur séropositivité.
Ces relations peuvent titre divisées en deux types : les relations
fermées et les relations ouvertes.
Les relations fermées sont celles qui sont
fondées sur les liens familiaux, du voisinage ou de leur appartenance
à une communauté. C?est surtout au sein de ces relations que les
femmes ne révèlent pas leur séropositivité. Leur
sérologie est un secret qu?elles ne partagent pas avec les membres de ce
réseau. Bien que les liens qui existent entre ces personnes soit forts,
directs et quotidiens, ils ne sont pas assez intimes afin de constituer un
espace de confidentialité. Ces personnes ne sont pas tenues au secret
médical, elles peuvent révéler le secret à qui
elles le voudront.
Malgré le fait que ces femmes ont un besoin de
s?exprimer, de dire leur séropositivité, elles trouvent une
grande difficulté à pouvoir le faire au sein de ce réseau.
La peur du rejet, de la discrimination, la peur de ne pas retrouver de
compagnon un jour font que ces femmes ont une réticence à
révéler leur secret. Pour ces femmes, il ne sert à rien de
révéler leur séropositivité tant que ce n?est pas
visible. Elles ne voient pas l?intérêt de le faire, d?autant plus
que cela n?améliorera pas leur situation.
«Quand quelqu'un de proche vient me rendre visite, je
demande toujours de me prévenir. Ainsi, je débarrasse toutes les
choses qui pourront éveiller des soupçons sur ma
séropositivité. Du coup ma séropositivité c'est un
secret que je ne révélerai jamais à mes proches sauf si je
n'ai vraiment plus le choix Je sais que ma famille sera toujours là pour
moi quoi qu'il arrive. Mais sera-t-elle là quand elle connaitra ma
séropositivité, je ne crois pas J'y pense, j'y
réfléchis beaucoup : avec qui je pourrais parler de ma
séropositivité, je
parle de mes proches c'est vraiment pas facile. J'ai
choisi de garder le secret afin de ne pas me justifier. Je pense qu'ils ne
comprendront pas le comment, ils cogiteront plus sur le pourquoi et là,
ça va bon train. Crois moi les médisances ne finissent pas ce
n'est vraiment pas ce qui me faut. Donc, la meilleur solution, c'est de garder
cela pour soi». (Mary)
Les relations ouvertes sont fondées sur les liens
établis avec les médecins, les assistantes sociales, les
bénévoles des associations etc. Toutes ces personnes sont des
personnes extérieures à leur communauté. Dans ce
réseau, les femmes arrivent plus facilement à parler de leur
séropositivité. Mais, je souligne que parler de la
séropositivité, même dans ce cadre, n?est pas toujours
facile. Le rapport que ces femmes ont avec les associations ou leurs
médecins est un rapport de confiance. Ces femmes savent qu?avec eux,
elles n?ont pas à garder de secret du moins en ce qui concerne leur
séropositivité. Elles ressentent un soulagement au milieu de ces
personnes. C?est ce climat de confiance et de solidarité qui fait que
ces femmes arrivent à préserver leur secret des autres (relations
fermées) au moins, elles ne le cachent pas à tout le monde. Ce
lien qu?elles tissent se substitue à celui qu?elles devraient trouver au
sein de la famille. Ces femmes sont assez contentes d?avoir ce genre de
relation dans laquelle on ne les juge pas, au contraire elles y trouvent plus
une épaule celle qu?elles espèrent un jour trouver au sein de
leur famille.
«Dans la famille, on a toujours une personne sur
laquelle on peut compter et avec laquelle on peut tout dire. Mais, dans le
cadre du VIH/SIDA ce n'est pas possible on à pas de confident. Comme en
France, il y a tout un dispositif mis en place pour nous aider (rire)
même si ce système n'est pas parfait. On trouve au moins des
personnes avec lesquelles on peut discuter. Tu vois si tu tombes sur un bon
médecin et que tu fréquentes les bonnes personnes, je
parle des bénévoles et des associations, ils peuvent te donner
l'espoir de revivre, de croire en toi. Même si on garde toujours notre
culture. Je peux dire entre guillemets que c'est ma seconde famille ; je
représente ces acteurs comme les membres de ma famille. Ça me
soulage en quelque sorte. Meme si au plus profond de moi je sais que c'est plus
libérant quand c'est avec les membres de ta famille que tu parles de ta
séropositivité. C'est-à-dire, une chose avec laquelle je
vais vivre toute ma vie». (Lydia)
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