CONCLUSION
La dépénalisation des délits de presse en
République Démocratique du Congo (RDC) à l'initiative de
l'ONG Journaliste en Danger, est l'objet de notre étude. Et nous avons
posé la problématique ci-après : comment l'ONG
Journaliste en danger (JED) envisage-t-elle la dépénalisation des
délits de presse en RDC.
En guise d'hypothèse, nous avons postulé que,
dans la démarche de JED, la souplesse sollicitée du
législateur à travers la dépénalisation des
délits de presse est une option qui nécessite un certain nombre
de garanties. En effet, si la suppression des peines de prison au profit des
journalistes est concevable dans un régime démocratique, sa mise
en oeuvre requiert assurément des préalables.
Pour recueillir les données de terrain en rapport avec
ces variables, nous avons recouru au diagnostic de situation comme technique
d'investigation. Et dans les pages précédentes, nous avons
démontré le bien-fondé de la démarche de
Journaliste en Danger visant la dépénalisation des délits
de presse en faveur des journalistes congolais. Cette ONG soutient mordicus que
la dépénalisation des délits de presse est une exigence de
la démocratie. Et continuer à envoyer les journalistes en prison
parce qu'ils ont dit ou ont écrit est une négation d'une des
valeurs importantes qui fondent la démocratie.
Nous avons également démontré les
conséquences d'une telle démarche en faveur des personnes qui
exercent un métier dont elles ignorent ou enfreignent
délibérément la déontologie et l'éthique.
Cette démarche de JED nous impose une attitude prudente face à
toute volonté de modification de cadre juridique de la
responsabilité pénale du journaliste congolais. C'est au
demeurant, cette prudence qui, inexorablement, nous conduit sur le sentier des
nécessaires préalables à une éventuelle
dépénalisation des délits de presse.
A notre avis, ces préalables sont de deux ordres :
d'abord la viabilité économique des organes de presse et ensuite
le respect du statut du journaliste. Cette logique de réhabilitation de
la fonction de journaliste qui doit également intégrer de
façon sérieuse les conditions de travail de celui-ci, est un
élément de garantie pour la communauté nationale. Car, la
pratique de la vertu suppose un minimum de bien-être. Ce qui,
aujourd'hui, est loin d'être l'apanage du journaliste congolais et encore
moins de celui des organes de presse privés.
Dans cette optique, nous estimons que JED doit fonder son
combat ou mieux axer son action dans un espace journalistique assaini. Il faut
donc dépénaliser les délits de presse avec les bons
acteurs (journalistes) et les bons outils (organes de presse). Cet
assainissement suppose, à l'instar des ordres des médecins, des
pharmaciens et des avocats, que les journalistes aient aussi une corporation
efficace et dynamique, capable de veiller surtout au recrutement des personnes
censées exercer la profession journalistique. Simplement dit, comme tout
juriste ou n'importe quelle personne ayant fini ses études en
médecine ou en pharmacie ne peut exercer si elle n'est pas inscrite
à l'Ordre, il devrait être de même avec le métier de
journaliste. Le constat, malheureusement, est que ce dernier apparaît
comme un corps encore trop fragile et quasiment sans défense face aux
incursions des hommes de tous bords davantage guidés par la propagande,
la manipulation, les dénigrements, les accusations gratuites, les
chantages et règlements de comptes.
Somme toute, la problématique de la
dépénalisation des délits de presse en RDC nous parait
comme un débat d'ordre sociopolitique où le juridique
n'intervient qu'à titre d'appoint. S'il est vrai que la
dépénalisation relève d'une technique juridique, par
contre sa politique et sa philosophie répondent à une autre
logique. Ici, la technique juridique est inféodée au politique
qui influe sur l'élaboration du droit pénal de fond et de forme
dont relève cette technique.
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