Paragraphe 2 : Observations
générales
Malgré les efforts dits de « sensibilisation
» et la mobilisation obtenue de la part de certaines couches de la
population, la lutte contre le trafic des enfants est restée largement
impopulaire ou mal comprise dans les milieux sociaux les plus concernés,
jusque dans l'esprit de certains responsables locaux ou nationaux qui
continuent de voir derrière ce bruyant déploiement de moyens et
de discours une énième tentative d'imposer aux
sociétés africaines des valeurs, des normes et des programmes
d'action qui ne favoriseraient, en définitive, que ceux qui viennent les
mettre en place.
L'approche promotionnelle des droits de l'enfant, souvent
dénonciatrice et jugée trop stigmatisante, n'a vraiment pas
permis d'instaurer le dialogue entre des mentalités
éloignées et des points de vue différents sur la nature
du problème. Cela indique l'insuffisance de cette lutte non seulement au
niveau législatif mais également de la part des ONG et des
structures internationales.
A/ Au plan législatif
Au Bénin, on a l'impression qu'il n'y a pas une rigueur
de la part des juges dans les différents jugements des personnes
coupables de trafic des enfants. A cet effet, le défi reste donc entier
car, sans la production de nouvelles normes sociales par les
sociétés concernées et par les élites ou les
populations d'une part et d'autre part d'une véritable appropriation,
des problèmes identifiés et des messages délivrés
par le gouvernement, et la Communauté internationale ne s'est pas
encore produite. Dans ces conditions, à quels changements sociaux
d'envergure peut-on s'attendre en faveur d'un mieux- être des enfants et
de leur protection contre des formes de maltraitance aujourd'hui si
généralisées ?
Le constat à ce jour est que le Bénin ne dispose
toujours pas d'un code sur le trafic des enfants.
B- Au niveau des ONG et des structures internationales
Il a été constaté que la plupart des
actions menées visent à long terme un changement de comportement.
Elles concernent la sensibilisation, la formation, la production de supports de
sensibilisation, la prise en charge ponctuelle des enfants victimes du trafic,
l'équipement de certains centres d'accueil et l'appui à la
scolarisation.
Comme observations générales, à l'instar
des structures étatiques, un problème de coordination des actions
se pose au niveau des organisations non gouvernementales et structures
internationales. Une sorte de méfiance s'observe dans les relations
entre organisations, ce qui ne facilite pas la collaboration, et la synergie
des actions. Il existe de timides efforts de création de réseaux.
De même le manque de professionnalisme ne favorise pas
les actions des organisations en place. Les ONG n'ont pas toujours les
compétences requises pour la bonne exécution des activités
en matière de lutte contre le trafic d'enfants. Bon nombre d'entre elles
ne sont pas opérationnelles sur le terrain ou manquent de sérieux
dans la gestion des fonds qui leur sont alloués. Certaines sont tout
simplement fictives.
En outre, il arrive qu'on assiste souvent à un
excès de charge auquel les structures ne pourront pas souvent faire
face, compte tenu de la faiblesse de leurs moyens ; ce qui constitue un
handicap. Le problème du trafic des enfants ne peut être
dissocié de l'état général de pauvreté au
Bénin. Ainsi des propositions d'amélioration et
des recommandations seront faites dans la section suivante.
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