Chapitre 1er : Dispositif administratif et
institutionnel
En ratifiant les instruments internationaux et
régionaux des droits de l'enfant, le Bénin s'est engagé
à prendre des mesures de protection de l'enfant à tous les
niveaux. Cette volonté politique s'est manifestée d'une part par
la création de bon nombre de structures étatiques, mais
également par une ouverture à l'appui des ONG et des structures
internationales travaillant en la matière au Bénin.
L'accent sera donc mis sur les actions engagées par les
autorités au plan national, et celles engagées au niveau
sous-régional et international.
Section 1 : Les actions engagées par les
autorités
La mission des institutions étatiques de
protéger des enfants se dégage des engagements internationaux
pris par le Bénin. A partir de la Convention relative aux droits de
l'enfant et de la Charte africaine des droits et du bien-être de
l'enfant, le rôle de l'Etat est à situé à plusieurs
niveaux. A ce titre, plusieurs structures sont créées au niveau
des Ministères de la protection de l'enfance de même par la mise
en place des organisations non gouvernementales nationales et
internationales.
Paragraphe 1 : Les actions engagées au
niveau national
Elles sont relatives aux actions prises par l'Etat à
travers des institutions étatiques de protection des enfants ainsi que
leurs missions et les engagements pris par le Bénin dans leur mise en
oeuvre.
A/ Mise en place des instances publiques de protection de
l'enfance
Ce sont des organismes, services de l'Etat qui exercent le
pouvoir de protection des populations. Il s'agit de certains Ministères
et de leurs structures décentralisées et directions techniques.
Au nombre de ceux-ci on peut citer comme :
· Le Ministère de la famille, de la femme et de
l'enfant avec des Directions comme :
- La Direction de l'enfance et de l'Adolescence. Cette
Direction est responsable de la cellule « Enfant en situation
difficile » devenu Cellule « Enfant ayant besoin des
mesures spéciales de protection » avec les comités
locaux de lutte contre le trafic des enfants.
- La Cellule Nationale de Suivi et de Coordination pour la
Protection de l'Enfant au Bénin, créée par
Arrêté N° 503/MFPSS/DC/SGM/DEA/SPEA/SA du 15 mars 2006, qui a
pour mission aux termes de l'article 5 « ...de l'étude des
questions spécifiques, notamment : la traite des enfants,
l'exploitation économique des enfants, la justice juvénile, les
violences et les pratiques néfastes, les orphelins et les enfants
vulnérables». 74
· Le Ministère de la Justice, de la
Législation et des Droits de l'Homme, chargé des droits de
l'Homme sur tout le territoire ; donc en charge des droits de la femme et
des droits de l'enfant, avec des structures compétentes comme :
- La Direction des droits de l'homme,
- la Direction de la Protection judiciaire de l'enfance et de
la Jeunesse ;
- la Direction du Centre national de Sauvegarde de l'Enfance
et de l'adolescence.
Il faut signaler qu'il existe d'autres structures
créées par des décrets spécifiques, au niveau dudit
ministère à savoir :
- Le Conseil National Consultatif des Droits de
l'Homme ;
- La commission Nationale des Droits de l'Enfant
créée par décret N° 99-559 du 22 novembre 1999 qui a
pour mission aux termes de l'article 2 dudit décret :
- « de promouvoir les droits de l'enfant et de
veiller à la sauvegarde de ses intérêts, en particulier par
la mise en oeuvre de la convention relative aux droits de
l'enfant ;
- d'élaborer et de conduire la politique nationale
en matière de protection judiciaire de l'enfance et de la
jeunesse ;
- de coordonner et d'harmoniser les activités de
toutes les structures nationales ou internationales relevant de ses
compétences ». 75
Selon les statistiques de la BPM (Brigade de Protection des
Mineurs) et des tribunaux de première instance, le nombre de trafiquants
arrêtés et déférés à la justice
béninoise depuis janvier 2001 s'élève à 160 (7 en
2001, 13 en 2002, 23 en 2004, 30 en 2005, 52 en 2006).
76
74Article 5 de
l'Arrêté N° 503/MFPSS/DC/SGM/DEA/SPEA/SA du 15 mars 2006,
portant Protection de l'Enfant au Bénin
75Article 2 du Décret
N° 99-559 du 22 novembre 1999, portant promotion des droits des
l'enfant.
76 UNICEF et MFE : Etude
Nationale sur la traite des enfants, Novembre 2007, p. 77.
Du 1er janvier au 23 février 2007 dix (10)
trafiquants d'enfants ont été déférés devant
le Procureur de la République. Le jugement est largement
médiatisé afin de décourager d'éventuels
trafiquants ou utilisateurs de main d'oeuvre infantile et des parents plus
proches ou moins complices.
Nombre de trafiquants arrêtés et
déférés
Années/Période
|
Nombre de trafiquants arrêtés et
déférés
|
2001
|
07
|
2002
|
13
|
2003
|
23
|
2004
|
25
|
2005
|
30
|
2006
|
52
|
2007
|
10
|
Total
160
|
Source : Etude Nationale
sur la traite des enfants, Novembre 2007, p. 77.
Figure 1 : Evolution des trafiquants
arrêtés et déférés de 2001 à
2007
· Le Ministère de la Fonction Publique, qui est en
relation avec le monde du travail, et certaines institutions comme le Bureau
International du Travail (BIT) et le Programme International pour l'Abolition
du Travail des Enfants (IPEC).
· Le Ministère de l'Intérieur, de la
Sécurité et de la décentralisation, avec ses services de
la Police, de la Brigade de protection des mineurs, de la gendarmerie
nationale, qui veillent à la protection des personnes et des biens.
Elles répriment et empêchent la circulation des enfants sans
documents. Comme structures compétentes nous avons :
- La Direction de la Prévention et de la
Sécurité Civile ;
- Les commissariats de police ;
- Les brigades de protection des mineurs ;
- Les maires, les chefs d'arrondissements et les chefs de
villages ou quartiers.
· Le Ministère de la Défense Nationale, qui
est chargé des questions concernant les enfants dans les zones rurales
ou parfois dans certaines localités, avec les services de la police ou
de la gendarmerie.
· Le Ministère des Affaires Etrangères et
de l'Intégration Africaine (MAEIA) à travers ses ambassades et
les consulats.
Par ailleurs, sur le terrain, le Gouvernement béninois
s'est illustré à travers certaines réalisations telles
que :
- l'installation de 1023 comités locaux de lutte contre
le trafic des enfants dans les communes à forte prévalence du
trafic,
- la mise en place d'une entreprise des enfants ayant besoin
d'une mesure spéciale de protection,
- la campagne synchronisée Bénin-Togo le long
des frontières des deux pays,
- la création de deux fonds au Ministère de la
famille, de la Protection Sociale et de la Solidarité (MFPSS)
destinés à l'octroi de micro-crédits aux populations
rurales pour les activités génératrices de
revenus etc. 77
En plus des institutions étatiques pour la protection
des droits de l'enfant, nous avons également des organisations non
gouvernementales nationales et internationales qui oeuvrent pour la même
mission.
77Communication, migration et
trafic d'enfants, Issa Mama ABOUDOU.
B- Organisations non gouvernementales
spécialisées dans la protection de l'enfance.
D'une manière générale, les organisations
non gouvernementales qu'elles soient nationales ou internationales, ont une
mission globale : celle d'appuyer l'Etat.
Ce sont des groupements ou associations à vocation
universelle, nationale et internationale à but non lucratif et ayant
pour objet la sécurité collective et la promotion de la condition
humaine.
Elles participent à la protection des enfants par des
appuis divers à l'Etat. Dans ce cadre, elles ont :
- une mission de prévention,
- une mission de protection,
- une mission de dénonciation,
- une mission d'accueil, de prise en charge, de
scolarisation,
- une mission d'éducation des familles et des
enfants,
- une mission de réinsertion, de
réintégration et de réhabilitation,
- une mission d'écoute, d'accompagnement et d'appui aux
enfants et à leurs familles,
- une mission de renforcement des capacités des acteurs
d'encadrement des enfants.
Par ailleurs, il est à signaler que des actions de
plaidoyer et de sensibilisation pour une meilleure attention aux questions de
l'enfant.
Dans le contexte de la protection de l'enfant et de la lutte
contre le trafic des enfants, les ONG luttent non seulement pour la protection,
mais aussi pour la promotion et le respect de l'être humain. Elles
veillent au développement socio-économique des populations et
plus particulièrement à celui des couches vulnérables,
dont les enfants. Elles sensibilisent, dénoncent les cas de trafic,
accueillent les enfants victimes, les protègent et aident à leur
scolarisation ou réinsertion socioprofessionnelle. Elles participent
aussi à l'élaboration des lois.
On peut citer comme Organisations Non Gouvernementales :
« Enfants Solidaires d'Afrique et du Monde » (ESAM), le
projet Enfance en Situation Difficile (ESD), le Carrefour d'Ecoute et
d'Orientation (CEO), la Croix rouge, la Fondation Regard d'Amour, Racines, le
réseau CLOSE, le PIED (Programme d'Insertion des Enfants
Déshérités), Tomorrow Children, OMEGA, le CAEB (Conseil
des Activités Educatives au Bénin), ESD (Enfance en Situation
Difficile), le GRABS (Groupe de Recherche et d'Action pour le Bien-être
Social)....et certains organismes Internationaux comme l'UNICEF, le Bureau
International des droits de l'Enfant, `'Save the Children UK'', `'Aide à
l'Enfance- canada'', Terre des Hommes, Plan Bénin, Villages d'Enfants
SOS, Aide et Action etc...78
Au total, il existe beaucoup d'institutions aussi bien au
Bénin que sur le plan international qui interviennent dans la lutte
contre le trafic des enfants.
La Communauté internationale à travers diverses
conventions oeuvre pour la diffusion et la protection des droits des
enfants.
Paragraphe 2 : La pratique
béninoise en matière de rapatriement et de
réinsertion
Depuis quelques années, le Bénin, taxé de
plaque tournante du trafic des enfants, a enclenché des mesures en vue
du rapatriement de ces enfants béninois victimes de cette pratique peu
orthodoxe. Egalement, la question de la prise en charge et de la
réinsertion de ceux-ci dans leur société d'origine est
évoquée de manière constante. Il en est ainsi parce qui
est de la présomption et de l'intérêt de l'Etat
béninois de faire en sorte pour aider le retour de ses enfants
illégalement déplacés et soutenir ensuite leur insertion
dans leur société d'origine (société
béninoise)
78A. ADIHOU, A FANOU-AKO, N :
Enquête sur le trafic des enfants entre le Bénin et le Gabon,
Cotonou, 1998, p. 13.
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