2.2 Revue de la
littérature
2.2.1 Objectifs et rôles des
organisations paysannes
Les organisations ont pour objectifs de coordonner les actions
sociales des membres.
Diagne et Pesche (1995) les présentent comme
étant à la fois un lieu d'expression des intérêts
des membres et un moyen qui leur permet d'atteindre les objectifs
fixés.
Selon Berthome et al. (1995), les
organisations paysannes se construisent à l'interface entre la
société locale et la société globale comme un moyen
de régler les relations d'une part, les individus et les
différents groupes sociaux qui composent la société locale
et d'autre part, les acteurs qui constituent l'environnement.
Parmi les stratégies envisagées par les paysans
se trouvent les différents groupements qui pour Berthome et
al. (1995) se construisent pour améliorer les relations des
paysans avec leur environnement économique et institutionnel. Ils sont
une interface, un moyen d'articuler la société locale à
la société globale dans les conditions qui soient plus favorables
à la première.
Socialement, Lavigne (1986) note que les organisations
paysannes constituent un cadre idéal pour la vulgarisation des
innovations.
Selon Berthome et al. (1995 : 20), les
organisations paysannes peuvent faciliter « l'apprentissage,
c'est-à-dire, la découverte, voire la création et
l'acquisition par les acteurs concernés de nouveaux modèles
relationnels, de nouveaux modes de raisonnement, de nouvelles capacités
collectives ».
Njonga et Dikongue (1996) relèvent que les
organisations paysannes ne sont pas uniquement des théâtres pour
les actions développées par les paysans. Elles sont
également des témoins vivants des luttes d'influence auxquelles
se livrent les organismes d'appui. Chacun voulant se voir attribuer les droits
de telle ou telle action entreprise en milieu rural.
Selon Rondot et al. (2001), les
organisations paysannes sont des structures basées sur l'adhésion
et créées par les agriculteurs (ou par d'autres groupes) pour
fournir des services à leurs membres. Elles ont pour objectifs :
- de mieux gérer les ressources naturelles et les
biens de leurs membres;
- d'élargir l'accès des membres aux ressources
naturelles et aux moyens de
production de base (Terre, forêts, pâturages et
ressource en eau);
- d'améliorer l'accès des membres aux services
(économique, social), aux
crédits et aux débouchés commerciaux par
le biais des activités de représentation et de défense des
intérêts des membres, ou par leur poids financier
combiné;
- de faire entendre leur voix dans les mécanismes de
décision. Ceci détermine
l'affectation de biens et les politiques ayant une incidence
sur l'environnement dans lequel ils produisent et commercialisent.
Pour O'deye (1985), les organisations ont des fonctions
complémentaires parmi lesquelles la fonction de socialisation qui permet
de lever l'inconfort psychologique et économique.
Quant à Pertev et King (2000), les organisations
rurales jouent un rôle stratégique qui est celui de mobiliser les
effets d'auto-promotion des populations rurales.
Pour Kamdem et PRE (2001), les organisations paysannes ont
des impacts directs sur les revenus dans ce sens qu'elles permettent un
meilleur accès aux facteurs de production et au marché tout en
contribuant au renforcement des capacités de négociation et de
représentation des producteurs. Pesche (2001) distingue trois
catégories de rôles que peuvent jouer les organisations de
producteurs:
- la fourniture de services à leurs membres qui
peuvent être de nature technique
ou économique;
- la représentation des intérêts de leurs
membres et, plus largement, des
agriculteurs ou ruraux sans forcément qu'ils en
soient membres;
- l'implication dans le développement local, sous
forme d'investissements sociaux.
Face à des carences de l'Etat ou des
collectivités locales, elles assurent ainsi des
fonctions d'intérêt général qui
rendent des services à l'ensemble des ruraux au delà de leurs
membres.
Les trois catégories de rôles peuvent être
schématisées ainsi :
Intérêt général
Développement local
OP
Représentation des intérêts
Services aux membres
Intérêts du groupe
Figure 1 : Rôles des organisations
de producteurs.
Source : Pesche, 2001 :
2
Toute organisation peut alors être située dans
un triangle en fonction de l'importance relative des trois fonctions.
Berthome et al. (1995) montre que l'organisation est
aussi le lieu d'expression des producteurs adhérents, parce qu'elle
offre un cadre codifié par l'intervenant extérieur où se
rencontre l'encadreur et les encadrés, où s'articulent aussi deux
types de logiques, celle de la société locale et celle de
l'intervenant extérieur, et souvent «deux systèmes de
sens».
Pour Berthome et al. (1995), l'organisation
paysanne est largement déterminée par la société
locale et par son environnement mais elle n'est cependant le simple produit des
interactions entre ces deux entités. En tant qu'organisation
spécifique, elle a aussi sa dynamique.
Par son action elle contribue à accroître le
potentiel de la société locale, et élargie
sa marge de liberté et le choix pour le futur. Elle
contribue aussi à accroître sa capacité à se
construire des objectifs propres et certains des instruments dont elle a besoin
pour les atteindre.
Environnement
Organisation
Paysanne
Société Locale
Figure 2: Interaction entre organisation
paysanne, l'environnement et la société locale.
Source :
Adaptée de Berthome et al., 1995: 19
La figure 2 montre que l'émergence de l'organisation
paysanne se produit à l'interface de la société locale et
de la société globale.
Berthome et al. (1995), quant à eux
rapportent que l'analyse des organisations paysannes doit prendre en compte
simultanément :
- la société locale dans laquelle se
construisent les organisations et les
changements multiples qui les concernent;
- la société globale et ses
évolutions;
- les dynamiques propres aux organisations paysannes et les
effets qu'elles
produisent sur la société locale et la
société globale. Et ceci sans les opposer mais en les
considérant dans leurs interactions permanentes.
Selon Rondot et al. (2001), les
organisations paysannes nouvelles sont avant tout des organisations des
producteurs entrepreneurs dirigées par des responsables élus par
les membres. Elles naissent surtout de la prise de conscience des membres
à ne pouvoir individuellement assumer la totalité des fonctions
liées à la production (produire, transformer, stocker,
commercialiser). Barbedette (1993) révèle que seules ces
organisations donnent aujourd'hui une chance au paysan de devenir acteur dans
les évolutions en cours et de ne plus en subir.
Pour Berthome et al. (1995), ces
organisations qui sont créées pour améliorer
l'articulation des sociétés locales avec leur environnement
doivent acquérir une crédibilité auprès des acteurs
multiples qui constituent l'environnement et qui sont le plus souvent en
position de dominance.
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