2.1.3 Définition des
concepts
Cette étude s'articule autour des concepts
suivants : organisations, organisation des producteurs, stratégie,
pauvreté, le producteur et le micro-projet.
Organisation
Selon Hirschman (1995), «une organisation est une action
collective de la société rurale, qui traduit la volonté
des paysans de «prendre la parole » de rependre
l'initiative et de se faire reconnaître comme des partenaires à
part entière par les autres acteurs du développement».
D'après Scott et Mitchell (1976), «une
organisation est un système d'activités coordonnées d'un
groupe de personnes, travaillant en collaboration pour atteindre des fins
communes sous une autorité ».
Pour Plané (2003 : 8) «une organisation
apparaît comme une réponse structurée à l'action
collective, un ensemble relativement contraignant pour les personnes et,
simultanément, comme une construction dynamique collective favorisant
l'accomplissement de projets communs».
De la synthèse de ce qui précède une
organisation apparaît donc comme un regroupement de personnes aux
motivations communes et ayant des objectifs communs qui acceptent de collaborer
sous la coordination d'une autorité à fin d'atteindre un
résultat ultime
Organisation paysanne
Selon Charreau et Pitol-Belin (2002: 2) «les
organisations paysannes sont des systèmes sociaux créés
par les individus, à fin de satisfaire, grâce à des actions
coordonnées, certains besoins et d'atteindre d'autres buts».
Prod'homme (1995) quant à lui trouve
que « une organisation paysanne est un groupement d'initiative
locale à dimension villageoise ou inter-villageoise donc les modes
d'émergence et d'organisation ainsi que les objectifs sont
diversifiés ». Selon Diagne (2001 : 1) l'organisation
paysanne est «une association, un groupement d'hommes et/ou de femmes,
volontaires et motivés pour se mettre ensemble, ayant les mêmes
intérêts à défendre et exerçant une
même ou plusieurs activités de production, ou de
services».
Selon Wampfler (2000 : 2), «une organisation
paysanne est un regroupement de population rurale et agricole, sous un statut
plus ou moins formel, en vue de représenter les intérêts
d'une communauté et de prendre en charge des fonctions dépassant
les capacités de chacun des membres». Des organisations de nature
et de statuts variés répondent alors à ces
définitions :
- Organisations villageoises/territoriales;
- Organisations de femmes;
- Organisations de producteurs agricoles;
- Institutions de microfinances contrôlées par
les organisations paysannes.
Le Programme National de Vulgarisation et Recherche Agricoles
(2001) définit une organisation de producteurs comme «un
regroupement de producteurs dont l'ensemble des membres a un objectif commun
d'amélioration de la production et de revenus et portant sur une ou
plusieurs spéculations». Le concept d'organisation paysanne
renvoyant à plusieurs approches, elle apparaît donc comme une
action organisée des paysans vivant dans une même aire
géographique, à fin de satisfaire des objectifs communs par des
actions coordonnées.
Dans le cadre de cette étude nous avons choisi de
restreindre notre champ aux «Organisations de Producteurs Agricoles».
Sont considérées comme organisations de producteurs les Groupes
d'Initiative Communes (GIC), les groupes de contact, les associations et les
associations professionnelles de producteurs.
Pauvreté
Selon Barrat (1998 : 21) «la pauvreté peut
être considérée comme une forme particulière
d'inégalité, puisqu'elle est à la fois économique,
sociologique, psychologique et par la même complexe.
Le Programme des Nations Unies pour le Développement
(MINEPAT, 2003 : 11) considère la pauvreté comme
un « phénomène complexe qui désigne
généralement une insuffisance de ressources, et une privatisation
de possibilités de choix et d'opportunités qui offriraient aux
individus des conditions de vies décentes ».
Selon le MINEPAT (2003 : 11), «la
pauvreté est une privatisation matérielle,
l'insécurité alimentaire, la faible accessibilité aux
services sociaux (la santé, l'éducation et la formation de base),
à un emploi décent, à l'approvisionnement en eau potable,
à la protection sociale, à la bonne information, au logement, au
transport et la faible participation à la prise de
décision».
Au Cameroun, le concept de pauvreté varie selon les
provinces. C'est ainsi que dans la Province du Centre la pauvreté
apparaît d'abord comme «une insuffisance des moyens qui
empêche l'individu, la collectivité locale et l'Etat de subvenir
aux besoins essentiels ou comme une inadéquation entre les
aspirations et les moyens matériels mis en oeuvre pour les
satisfaire ». C'est également une inadéquation entre
les aspirations et les moyens mis en oeuvre pour les satisfaire. Tandis
qu'à l'Est du pays les populations la perçoivent comme «un
état de dénuement qui empêche un individu ou une
société de satisfaire ses besoins primaires ainsi ceux
nécessaires au développement ». Dans la province du
Sud-Ouest «est pauvre tout individu ne pouvant se procurer le strict
minimum : le logement, les vêtements, la nourriture et une
femme». Alors que les populations du Littoral la perçoivent comme
«un manque ou une insuffisance de ressources matérielles et
financières nécessaires pour subvenir aux besoins essentiels de
l'individu ou de la famille (se nourrir, se loger, se soigner, envoyer les
enfants à l'école)» (MINEPAT, 2003 : 167-177).
D'après Dubois et Amin (2000), les individus sont en
état de pauvreté absolue quand ils ne peuvent plus se procurer
des biens qui leur permettent de satisfaire les besoins essentiels tels
que : L'alimentation, l'éducation, la santé le logement et
l'habillement. Aussi sera considéré comme pauvre toute
organisation de producteurs ou tout producteur qui :
- a un accès limité aux actifs physiques
notamment les équipements, les infrastructures et les crédits,
- souffre d'une insuffisance ou d'un manque de
possibilité de choix et d'opportunités;
- a un accès limité aux ressources;
- a une absence de participation dans la prise de
décision.
L'état de pauvreté a été
opérationnalisé dans le cadre de notre étude à
travers les indicateurs socio-économiques suivants :
- le niveau d'éducation;
- l'accès aux services (Encadrement, information,
crédits, dons, subventions);
- le cadre de vie;
- le niveau de production;
- les revenus et leurs utilisations.
Stratégie
La stratégie est un concept issu de l'art de la guerre,
il a largement essaimé dans le domaine de l'économie. On entend
par stratégie «la conception et la mise en oeuvre d'un
ensemble d'actions coordonnées en vue d'atteindre un résultat
ultime » (Losch et al., 1990: 8). Pour les
mêmes auteurs, une stratégie de producteurs agricoles est un
ensemble d'actions visant à satisfaire des besoins et des objectifs
économiques et sociaux par la pratique des activités agricoles
mais aussi extra-agricoles dans une perspective de pérennité et
de développement en zone rurale, de l'unité de production
familiale.
Pour Lossouarn (2003 : 3) «la stratégie
consiste à faire concourir des moyens hétérogènes
et des actions dissemblables à la réalisation d'objectifs
globaux, elle combine des actions variées pour atteindre un objectif
global». Selon Chandler (1962 : 10), «La stratégie
consiste à déterminer les objectifs et les buts fondamentaux
à long terme d'une organisation puis à choisir les modes d'action
et d'allocation des ressources qui permettront d'atteindre ces buts et
objectifs». Il ressort de ces définitions que :
- la stratégie engage l'ensemble des ressources
détenues par l'entreprise sur une
longue période;
- la stratégie concerne en premier lieu la
détermination des objectifs de l'entreprise
qui se déclinent alors en actions propres à
remplir ces objectifs ;
- la stratégie enfin détermine le niveau des
moyens à mettre en oeuvre pour
atteindre les objectifs définis.
Pour Ansoff (1965), la stratégie et les objectifs
définissent la conception que l'organisation se fait de ses
activités, spécifie les axes de travail.
Micro-projet
Le PNVRA (2001) définit un micro-projet comme
«une ambition réaliste de production exprimée par une
organisation de producteurs et faisant l'objet d'un contrat d'encadrement avec
un vulgarisateur».
Producteur
Larousse (1976 : 4651) définit le producteur
comme «une personne ou activité qui crée de l'utilité
soit en fournissant un produit agricole ou industriel, soit en accroissant la
valeur de ce produit, en le transformant ou en le commercialisant ou en rendant
un service».
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