CHAPITRE III
INTERPRETATION ET EXPLOITATION DES
DONNEES HELIO MAGNETOTELLURIQUES
Le but de l'interprétation et de l'exploitation de ces
données est de déterminer le modèle géologique
correspondant au sous-sol étudié. Pour y parvenir plusieurs
représentations graphiques de ces données sont
nécessaires.
III-1- INTERPRETATION DES DONNEES HMT Elle
consiste à tracer les différentes courbes suivantes.
1) Courbes de sondage
La courbe de sondage caractérise les variations des
résistivités apparentes à la verticale d'une station de
mesure. Son interprétation permet de déterminer le nombre de
couches, la résistivité de chacune d'elles et ainsi que les
épaisseurs correspondantes. La courbe de sondage est à la base
des interprétations en MT, on l'obtient à l'aide des logiciels
d'inversion 1-D. Nous aurons suivant le logiciel utilisé en abscisse les
fréquences ou les racines carrées des périodes tandis que
en ordonnées seront placées les résistivités
apparentes correspondantes.
2) Profils de résistivité ou courbes de
profilage
Le profil de résistivité représente les
mesures effectuées à une même fréquence le long d'un
profil et caractérise la variation latérale de la
résistivité à la fréquence étudiée.
On l'obtient en plaçant en abscisse les projections des stations et en
ordonnée les valeurs moyennes des résistivités apparentes
obtenues après le traitement manuel des mesures brutes.
Le profil de résistivité permet d'observer les
zones de discontinuité et les accidents tectoniques.
3) Pseudo section
La pseudo section montre les variations de la
résistivité suivant une coupe verticale. Elle permet (Vozoff,
1972) de mettre en évidence les zones de discontinuité
latérale qui apparaissent avec un fort gradient horizontal de
résistivité et contrastent par conséquent avec les zones
tabulaires où les lignes d'isorésistivités sont
horizontales. On l'obtient en portant en abscisse les distances inter- stations
et en ordonnée les logarithmes des fréquences.
4) Section géoélectrique
Elle est réalisée à partir de la courbe
de sondage et montre la disposition des différentes couches suivant le
profil étudié. Lorsque le rapprochement est fait avec la
géologie au point d'assimiler chaque terrain à une couche
géologique, on obtient alors la section géologique suivant le
profil étudié.
III-2- EXPLOITATION DES DONNEES HMT
Elle consiste à analyser les différentes courbes
obtenues à l'interprétation et à déduire ensuite le
modèle géologique correspondant. Avant d'y arriver,
présentons d'abord notre profil d'étude.
1) Présentation du profil
d'étude
Le profil (fig. III-1) suivant lequel ont été
éffectués les sondages HMT a une longueur de 37 Km et est
constitué de 5 stations : Ndwap (A1), Esagem2 (A2), Kesham (A3), Baku
(A4) et Eshobi (A5). Il est orienté sensiblement suivant la direction
N120°E et se trouve d'après la carte géologique de la
région sur des formations sédimentaires.
Les mesures HMT ont été effectuées le
long de ce profil suivant deux directions orthogonales N-S et E-W, mais seules
les mesures prises suivant la direction N-S seront interprétées
dans le cadre de ce travail parce que les mesures dans la direction E-W sont
dispersées (Nouayou, 2005). La dispersion des mesures trouve souvent
son
origine dans la mesure des composantes horizontales du champ
électrique (Jones, 1998) ; en effet, la différence de potentiel
(d.d.p) mesurée entre les électrodes ne représente pas la
valeur exacte de la composante du champ électrique mesuré
à cause de la présence des charges au voisinage de la surface de
la terre ou à cause de l'inhomogénéité
latérale des couches. Ces charges qui sont sans conséquence sur
la phase de l'onde EM, ont néanmoins des conséquences plus
élevées dans le mode transverse magnétique (TM) que dans
le mode transverse électrique (TE) (Jones, 1988). Par contre, la
contamination des roches par des matières d'origine organique a une
influence sur la phase de l'onde EM aux basses fréquences (Olhoeft,
1985).
(X 10 -2)
(X 10 -2)
Longitude (°E)
Figure III-1 : Localisation des stations et du profil.
Tableau III-2 : Coordonnées des stations de mesures.
Sites
|
Ndwap
|
Esagem2
|
Kesham
|
Baku
|
Eshobi
|
Latitudes (°N)
|
5,935
|
5,876
|
5,85
|
5,800
|
5,785
|
Longitudes (°E)
|
9,063
|
9,197
|
9,291
|
9,306
|
9,359
|
Altitudes (m)
|
100
|
50
|
80
|
89
|
124
|
Distances inter- stations (Km)
|
0
|
16,2
|
26,2
|
31
|
37
|
2) Courbes de sondage
a) Présentation du logiciel
utilisé
Les courbes de sondage ont été tracées
à l'aide du logiciel d'inversion 1-D AMTINV version 1.4
créé en 2006 par le finlandais Markku Pirttijärvi, du
Département de Géoscience de l'Université de Oulu
(Finlande). Ce logiciel prend en entrée trois types de fichiers.
- Le premier fichier est un fichier d'extension *.DAT ; c'est
un fichier qui contient le nom de la station et ainsi que les données
à interpréter (fréquences, résistivités et
phases correspondantes). Il peut prendre jusqu'à trente
fréquences.
- Le deuxième fichier est un fichier d'extension *.INP
et contient le modèle proposé pour l'interprétation de la
courbe de sondage. Le modèle proposé doit avoir un maximum de six
couches.
- Le troisième fichier est un fichier d'extension *
.DIS ; il permet de paramétrer l'affichage de la courbe à
l'écran. Afin d'avoir une bonne forme de la courbe, les valeurs
introduites dans ce fichier doivent tenir compte d'une part, de la gamme des
valeurs des résistivités et de la gamme des fréquences
utilisées d'autre part.
- Les courbes de sondage obtenues peuvent selon les
utilisations ultérieures, être directement sauvegardées
sous cinq formes de fichier : les fichiers de type PS, EPS, PDF, WMF et GIF.
Dans le cadre de ce travail nous avons choisi de sauvegarder nos courbes en
fichier GIF.
A la fin de l'interprétation, le modèle retenu
est sauvegardé dans un fichier d'extension *.INP tandis que les
données peuvent être sauvegardées dans un fichier
d'extension *.OUT.
Ce logiciel comporte une option d'optimisation qui permet
d'améliorer la superposition de la courbe théorique à la
courbe expérimentale et affiche de ce fait l'erreur correspondant
à cette superposition. Il donne aussi en la station
étudiée une représentation verticale de la variation de la
résistivité avec la profondeur.
Il faut noter ici que, malgré le fait qu'il est important
d'avoir la plus petite erreur de superposition possible, ce paramètre
n'est guère suffisant pour retenir le modèle affiché
à l'écran. Il faut par exemple vérifier que l'allure de la
courbe obtenue en utilisant les résultats affichés à
l'écran est la même que celle obtenue après le traitement
manuel.
b) Analyse des courbes de sondage
Figure III-3 : Courbe de sondage de la station Ndwap.
Ndwap (fig. III-3), située à
l'extrémité Nord-Ouest du profil présente un `LHLH' avec
un terrain à 5 couches et une deuxième couche très
résistante (274 Lm) et d'une épaisseur de 434 m.
La troisième couche est la plus conductrice (19 Lm) et
a une épaisseur d'environ 337 m ; cette couche pourrait de part sa
faible résistivité, regorger des ressources naturelles telle que
l'eau. La fin de la courbe de sondage est marquée par une
légère remontée des valeurs de la
résistivité et laisse ainsi croire que l'on avoisine le socle. La
profondeur explorée est d'environ 2383 m.
Figure III-4 : Courbe de sondage de la station Esagem2
La station Esagem 2 (Fig. III-4) présente un terrain
à 5 couches. Elle est caractérisée par un sous-sol assez
conducteur (résistivités inférieures à 45 Lm) avec
une particularité pour la première couche d'être la moins
épaisse et la plus conductrice. On observe entre la quatrième et
la cinquième couche, un contraste de résistivité d'environ
25 Lm. Ce contraste de résistivité peut paraître
insignifiant, mais en remarquant que cette station se trouve sur des formations
sédimentaires et
proche en plus de la Cross River, on croire que nous avoisinons
déjà les formations plus résistantes.
Figure III-5: Courbe de sondage de la station Kesham.
Kesham (Fig. III-5) présente des sédiments d'une
épaisseur de l'ordre de 1710 m, pour une profondeur d'investigation
d'environ 2580 mètres. La quatrième couche est la plus
conductrice (171 Lm) avec une épaisseur de 892 m.
On observe au voisinage de la surface et à environ 800
mètres, la présence d'un matériau très
résistant (1456 Lm). On peut dès lors déjà penser
à une remontée vers la surface des matériaux venant des
profondeurs de la terre.
Le fort contraste de résistivité d'environ 1600
m observé entre la quatrième et la cinquième couche,
montre que les effets du socle granito-gneissique se font ressentir. On peut
penser que le socle a été atteint en cette station.
Figure III-6: Courbe de sondage de la station Baku.
La station Baku (Fig. III-6), a sa troisième couche
plus conductrice (31 Lm) et moins épaisse que les autres ; la
représentation verticale de la structure du sol proposée par le
logiciel pour cette station nous permet de bien observer cela. Cette
troisième couche pourrait elle aussi regorger des ressources
naturelles.
La représentation verticale de la structure nous permet
aussi de constater que la deuxième et la dernière couches ont des
résistivités très voisines et seraient alors
constituées du même matériau. On peut ainsi penser à
une remontée vers la surface du matériau venant de la
dernière couche.
La profondeur d'investigation est d'environ 2812m. Le fort
contraste de résistivité observé entre les deux
dernières couches nous fait penser que nous avoisinons le socle.
Figure III-7: Courbe de sondage de la station Eshobi.
La courbe de sondage de cette station est un `HLH'. Les
résistivités des différentes couches ont des valeurs
supérieures ou égales à 100 m et montrent ainsi que la
station Eshobi est située sur un sol résistant.
La fin de la courbe, marquée par une pente avoisinant les
40% montre que le socle a été atteint. La profondeur
d'investigation est d'environ 6000 m.
3) Analyse des profils de
résistivité
Afin de mieux apprécier les variations latérales
des résistivités suivant notre profil, nous avons
subdivisé les fréquences en trois gammes:
- Les hautes fréquences, comprises entre 45 Hz et 183 Hz
(fig. III-8) et correspondant aux couches superficielles.
- Les moyennes fréquences, comprises entre 10 Hz et 34 Hz
(fig. III-9) et correspondant aux couches moyennement profondes.
- Les petites fréquences, comprises entre 1 Hz et 8 Hz
(fig. III-10) et correspondant aux couches profondes.
- Première gamme : 45 Hz à 183
Hz
Figure III-8: Profil de résistivité Ndwap - Eshobi
(45 Hz - 183 Hz).
Pour cette première gamme, nous remarquons entre les
stations A1 et A2, une chute progressive des valeurs de la
résistivité ; ces valeurs passent de 145 m à pratiquement
5 m. Cette chute progressive est suivie d'une remontée brusque lorsqu'on
passe de A2 à A3 (où les résistivités atteignent
700 Lm) puis, d'une deuxième chute brusque entre A3 et A4. Ces
observations présagent des discontinuités entre chacune de ces
stations.
Entre les stations A4 et A5, les résistivités
sont constantes sauf pour la fréquence de 182 Hz où l'on observe
une légère augmentation qui se manifeste par le fait que la
courbe de profilage correspondant à la fréquence de 182 Hz coupe
les autres. On peut penser à une faille entre ces deux stations. Cette
représentation ne peut pas pour l'instant nous permettre de conclure
avec exactitude sur le type d'anomalie existant entre ces stations.
- Deuxième gamme : 10 Hz à 34
Hz
Tout comme pour la gamme des hautes fréquences, nous
remarquons une décroissance des valeurs de la résistivité
entre les stations A1 et A2. Cette décroissance est suivie d'une
remontée brusque entre A2 et A3 avec des résistivités qui
avoisinent les 550 m. Une chute des résistivités est
également observée entre les stations A3 et A4 où les
résistivités passent de 550 m à environ 140 m. La
différence avec la gamme des hautes fréquences se situe entre les
stations A4 et A5 où la variation latérale de type faille est
plus visible.
Figure III-9: Profil de résistivité Ndwap - Eshobi
(10 Hz - 34 Hz).
- Troisième gamme : 1 Hz à 8 Hz
Figure III-10 : Profil de résistivité Ndwap -
Eshobi (1 Hz - 8 Hz).
Une observation analogue des variations latérales de
résistivité est faite pour cette gamme de fréquence
lorsqu'on passe de A1 à A2 puis de A2 et A3.
Entre A3 et A4, la chute des valeurs de la
résistivité est accompagnée d'un brassage des
différentes courbes de profilage au voisinage de la station A4. La
remontée des courbes de profilage entre les stations A4 et A5 est plus
significative que pour toutes les autres gammes de fréquences. Elle est
accompagnée du croisement des courbes de profilage que l'on peut
observer au voisinage de la station A4. Cette observation vient corroborer les
prévisions faites pour les autres gammes de fréquences.
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