CHAPITRE II
PRESENTATION DU SITE ET TECHNIQUES
D'ACQUISITION DES DONNEES EN
MAGNETOTELLURIQUE
II-1- BASSINS SEDIMENTAIRES AU CAMEROUN
Il existe deux principaux types de bassins
sédimentaires au Cameroun (Société Nationale des
Hydrocarbures), qui appartiennent à trois systèmes
pétroliers actifs de l'Afrique que sont le Delta du Niger, les bassins
salifères Ouest Africain et les rifts de l'Afrique Centrale et
Australe.
1) Les bassins sédimentaires
côtiers
Ce sont les seuls bassins actuellement producteurs de
pétrole brut au Cameroun. On y trouve le bassin de Rio Del Rey (7000
Km2 onshore) qui représente l'extension Sud- Est du Delta du
Niger ; le bassin de Douala/Kribi-Campo qui mesure 19000 Km2 dont
7000 Km2 en onshore et qui appartient au système des bassins
salifères Ouest Africain.
2) Les bassins intracratoniques
Il s'agit des fossés intracratoniques issus de la
fracturation du Gondwana (ancien super continent que formaient l'Australie,
l'Antarctique, l'Afrique du Sud et une partie de l'Inde). En Afrique australe
et centrale, ces fossés ont individualisé un système de
rifts qui a donné naissance à l'ensemble des bassins
sédimentaires couvrant l'Algérie, le Niger, le Tchad, le Nigeria,
la Centrafrique et le Cameroun. Les bassins du Niger (27000 Km2), de
Yola (6000 Km2) et de Mamfé (3000 Km2)
appartiennent à ce système.
II-2- PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
1) Contexte géographique
Le bassin de Mamfé tire son nom du chef-lieu du
département de la Manyu, province du Sud-Ouest Cameroun. C'est une
région à faible altitude située entre 5°30' et
6°00' de latitude Nord et entre 8°45'et 10°00' de longitude Est
(fig. II-1). Le réseau hydrographique est principalement
représenté par la Manyu ou Cross River qui traverse la
région. La végétation qui doit son existence à la
présence des hautes montagnes telles le mont Cameroun, le mont
Manengouba, le mont Bamboutos est caractérisée par la
présence d'une forêt dense équatoriale humide. La
présence de ces hautes montagnes est aussi à l'origine de la
longue saison des pluies qui s'étend du mois d'Avril au mois de Novembre
de chaque année, avec des précipitations qui atteignent 10000
millimètres par an (Encarta, 2005). La saison sèche est courte et
ne dure que quatre mois ; elle s'étend de Décembre à
Mars.
2) Contexte géologique
Au Cameroun, on distingue trois types de formations
géologiques (ManguelléDicoum et al., 1993) :
i) Les formations précambriennes,
ii) Les formations sédimentaires,
iii) Les formations volcaniques.
Le bassin de Mamfé qui fait l'objet de notre
étude, est une extension de la cuvette de la Benoué (Ngando et
al., 2004). Il est constitué d'une partie sédimentaire et d'une
partie non sédimentaire (Ndougsa, 2004).
> Bassin sédimentaire
C'est une fosse allongée WNW- ESE qui s'étend
depuis le Nigeria jusqu'au niveau de sa jonction avec la cuvette de la
Benoué (Nord-Ouest Cameroun) orientée NE-SW jusqu'au niveau de la
Cross River.
La pile sédimentaire est constituée de bas en
haut des grès grossiers brechiques et conglomératiques, des
argilites (boues et argiles siliteuses) et des grès microlitiques
mélangés aux conglomérats polygéniques. L'ensemble
de ces formations reposent sur un socle granito-gneissique (figure II-1).
Figure II-1 : Carte géologique du Bassin de
Mamfé.
Extrait de la carte géologique de reconnaissance de la
République Fédérale du Cameroun Feuille Douala-Ouest au
1/500000 (Dumort, 1968).
> Bassin non sédimentaire.
Cette partie non sédimentaire du bassin couvre les
bordures est, nord et sud du bassin sédimentaire. Elle est
constituée d'un ensemble de roches métamorphiques qui datent du
précambrien (0 à 4 milliards d'années), telles le gneiss,
les micaschistes et les migmatites associés aux granites. Il est aussi
constitué des formations effusives (volcaniques) datant du tertiaire :
ce sont les basaltes porphyriques et aphyriques de la ligne volcanique du
Cameroun.
II-3- ETUDES ANTERIEURES DANS LE BASSIN SEDIMENTAIRE DE
MAMFE
Les études menées par Dumort en1 965, Eben en 1984,
Hell et al. en 2000, et Ejong en 2001, montrent des couches
sédimentaires présentant une structure
anticlinale et synclinale dissymétrique à axes
respectivement orientés NW- SE et E-W.
Dumort en 1968 a établi la carte géologique de
la feuille Douala-Ouest. Il a montré que la pile sédimentaire qui
repose sur un socle granito-gneissique, est constituée du bas vers le
haut des grès grossiers brechiques et conglomératiques, des
argilites et des grès microglomératiques mélangés
aux conglomérats polygéniques.
Fairhead et al., (1991) ont décrit à l'aide de
la méthode gravimétrique la structure des couches
supérieures du bassin. Ils ont conclu que l'épaisseur des
sédiments à la frontière Cameroun- Nigéria avoisine
les 3000 m.
En 2004, Ndougsa Mbarga à l'aide de la
gravimétrie, a mis en évidence la présence de nombreuses
failles dans le bassin ; il a en outre évalué la largeur du
bassin à environ 40 Km.
En 2005, Nouayou à l'aide des méthodes Audio et
Hélio- magnétotelluriques, a mené une étude
géophysique dans bassin de Mamfé. Il en ressort que le bassin
sédimentaire de Mamfé a un pouvoir économique assez
important en ce sens qu'il contient des structures propices à une
exploitation d'hydrocarbures telles que les fossés géologiques,
les failles et les dômes.
II-4- APPAREILLAGE ET TECHNIQUES D'ACQUISITION DES
DONNEES EN MAGNETOTELLURIQUE
1) Appareillage
Partant du fait que les données en notre possession
sont des données Hélio magnétotelluriques (HMT), nous
allons dans cette partie décrire de façon générale
les dispositifs utilisés pour l'acquisition des données
Hélio magnétotelluriques.
Les appareils de mesures HMT (fig. II-3), sont des dispositifs
transportables constitués de 4 grands ensembles :
> Un ensemble contenant 5 électrodes impolarisables
et constituée chacune d'un alliage ciment-plâtre ; elles sont
placées respectivement suivant les direction N, S, E et W et permettent
de mesurer les composantes horizontales du champ électriques. Pour des
raisons pratiques, la composante verticale du champ électrique n'est pas
mesurée (Pierik Falco, 2006). La cinquième électrode est
reliée à la masse. Chacune des électrodes est
entourée d'une éponge préalablement imbibée d'eau
salée afin d'assurer un bon contact électrique avec le sol. On
améliore ainsi le rapport signal/bruit.
> Un circuit d'amplification constitué d'un
préamplificateur et d'un amplificateur. Le préamplificateur a
pour rôle d'amplifier le signal brut enregistré sur le terrain ;
l'amplificateur joue un double rôle, il amplifie le signal
déjà pré amplifié et augmente son gain par
filtrage.
> Un coffret de visualisation permettant de visualiser les
signaux améliorés.
> un magnétophone TEAC à quatre pistes,
permettant un enregistrement analogique des quatre composantes horizontales du
champ électromagnétique.
Figure II-2: Diagramme schématique de l'équipement
de détection en Magnétotellurique (Strangway, 1973)
amélioré.
Figure II-3 : Dispositif d'acquisition des données HMT sur
le terrain (Nouayou, 2005).
1- Préamplificateur 2- Amplificateur 3-
Magnétophone 4- boîte de contrôle 5-
Magnétomètre 6- Electrodes 7- Câbles de connexion
8- Câble des électrodes
Le dispositif de mesure utilisé dans le cadre de cette
étude comporte quatre bandes
de fréquences réparties ainsi que suit.
1ère Gamme : 12 Hz - 180 Hz 2ème Gamme : 1 Hz - 20 Hz 3ème
Gamme : 0,1 Hz - 1,6 Hz 4ème Gamme : 0,008 Hz - 0,125 Hz
2) Techniques d'acquisition des données en
magnétotellurique
Avant d'effectuer toute prise de mesure sur le terrain, certaines
précautions doivent être prises :
Il faut tout d'abord s'assurer que la station de mesure est
éloignée le plus loin possible de toute source de bruit tels les
voies de communication, les zones industrielles, les lignes de haute
tension.
Si pendant la prise des mesures il y a perturbation d'origine
naturelle tel que les orages ou les vents violents, il est
préférable de stopper toute opération pour éviter
la dispersion des résultats.
A chaque station, on mesure simultanément les composantes
horizontales du champ électromagnétique selon la procédure
suivante.
· On dispose perpendiculairement les capteurs du champ
magnétique (deux capteurs) qui sont des bobines à contre
réaction de flux.
· Perpendiculairement à chaque bobine, on place
les lignes telluriques (deux lignes telluriques longues de 100 m chacune). Afin
d'obtenir un meilleur rapport signal/bruit, une des lignes telluriques doit
être orientée perpendiculairement à la direction
structurale, pour la simple raison que les résistivités
transversales donnent un
meilleur contraste au passage des discontinuités
électriques (Pham Van Ngoc et al., 1975).
Dans le cas où la direction de la structure n'est pas
déterminée, il est important de déterminer les directions
principales suivant lesquelles seront éffectuées les mesures ; la
méthode de rotation (Manguellé-Dicoum, 1988) est dans ce cas un
puissant moyen pour déterminer ces directions.
Compte tenu du fait que les fluctuations du champ
électromagnétique naturel deviennent importantes dans
l'après-midi (Garcia et Jones, 2005), il serait alors judicieux
d'effectuer les campagnes de prospection pendant cette période.
Une fois que les mesures ont été
effectuées, il faut maintenant les traiter, les interpréter et
les exploiter afin de déterminer la structure géologique du sol
étudié. C'est l'objet du chapitre suivant.
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