Conclusion
Pour ce profil, deux compartiments sont mis en évidence
: un premier compartiment allant de la station A1 à la station A2 et
constitué par des roches de résistivités
inférieures à 150 m et un deuxième compartiment allant de
la station A3 à la station A5 et constitué des roches plus ou
moins résistantes.
L'analyse des courbes de profilage pour les différentes
gammes de fréquences nous permet de distinguer quatre zones de
discontinuités : la première entre A2 et A3, la deuxième
entre les stations A3 et A4 et la dernière entre A4 et A5.
Les variations de la résistivité entre les stations
A1 et A2 ne nous permettent pas pour l'instant de donner un aperçu de la
géologie de cette région.
Les discontinuités observées entre les stations A2
et A3 pour toutes les gammes de fréquences pourraient
matérialiser la présence d'une faille entre ces stations.
Les croisements des courbes de profilage que l'on peut voir de
part et d'autre de la station A4 pourraient matérialiser la
présence de deux failles dont l'une se trouverait entre A3 et A4 et
l'autre entre A4 et A5.
L'analyse des différentes courbes de profilage nous
amène à constater que, les formations sédimentaires
situées le long de ce profil ont été fortement
influencées par les structures profondes. L'exception est faite pour les
couches situées entre les stations A1 et A2.
4) Analyse de la pseudo section
La pseudo section (Fig. III-11), met en évidence une
zone très conductrice située entre les stations A1 et A2 et
caractérisée par des résistivités de très
faibles valeurs au voisinage de Esagem2 (A2). La forme des courbes
d'isorésistivités, la disposition de celles-ci nous permet de
conclure que, entre les stations A1 et A2, il existe un fossé
géologique.
L'allure verticale des courbes d'isorésistivités
au voisinage de la station Esagem2 (A2), permet de conclure que l'une des
frontières de ce fossé se trouve à cette station.
Distance (Km)
Figure III-11 : Pseudo section.
De plus, nous remarquons aussi une allure verticale des
isorésistivités au voisinage de la station A1. Nous pouvons de ce
fait conclure que l'autre frontière du fossé géologique se
trouve près de cette station.
La pseudo section nous révèle que la station A2 est
située sur un sol assez conducteur et dont la résistivité
moyenne des matériaux est de l'ordre de 50 m.
La transition entre les stations A2 et A3 est
caractérisée par des isorésistivités verticales
traduisant ainsi la présence d'une faille entre ces deux stations.
La station A3 située sur un sol résistant, est
caractérisée par la présence au voisinage de la surface
des matériaux se trouvant dans les profondeurs.
La transition entre les stations A3 et A4 est également
marquée par des isorésistivités verticales qui traduisent
l'existence d'une faille entre ces deux stations.
La station A5 est caractérisée par la
présence des matériaux résistants près de la
surface. En effet, en dessous de cette station, on observe un matériau
résistant (750 Ohm.m) piégé dans un milieu conducteur.
Cette remontée s'expliquerait par la présence en profondeur d'une
faille située entre les stations A4 et A5.
5) Analyse de la section
géoélectrique
La section géoélectrique a été faite
à l'aide du logiciel Ipi2win_MT.
Figure III-12 : Section géoélectrique.
La section géoélectrique présente 5 colonnes
correspondant aux cinq stations de mesure. On note en dessous de la
première station une intrusion de matériau de
faible résistivité. Le passage de la station A1
à la station A2 est caractérisé par la
dénivellation observée au niveau des couches situées en
dessous de ces deux stations.
Cette remarque fait penser qu'un accident tectonique se serait
produit entre dans cette zone.
Une observation analogue à celle de A1 est faite pour les
stations A3 et A4 il y a des intrusions résistantes au voisinage de la
surface.
La section géoélectrique met en évidence
quatre zones d'anomalies caractérisées soit par des intrusions
sédimentaires (cas de A1), ou par la présence des
matériaux résistant au voisinage de la surface (cas des stations
A3, A4 et A5).
Après les différentes analyses effectuées
ci-dessus, certaines questions méritent d'être posées.
> Pourquoi tout au long de ce travail nous a-t-il
été difficile d'atteindre des grandes profondeurs malgré
les petites fréquences utilisées ?
> Que représentent les zones de discontinuité
observées ?
> Comment expliquer la présence des matériaux
résistants au voisinage de la surface ?
La plupart des courbes de sondage ont une fin difficilement
ascendante ; l'exception est faite pour les stations Kesham et Eshobi où
il y a une nette remontée de la branche finissante. Tout se passe pour
ces stations comme si la gamme de fréquences utilisée n'est pas
appropriée pour effectuer des sondages profonds en ces lieux. En effet,
la méthode hélio magnétotellurique est
caractérisée par l'utilisation des fréquences
inférieures à 1 Hz ; mais tout au long de ce travail, nous avons
utilisé des fréquences supérieures à 1 Hz en
d'autres termes des fréquences comprises entre 1 Hz et 183 Hz. Cette
gamme de fréquences appartient à celle des fréquences
audibles c'est-à-dire à la gamme des fréquences
correspondant à l'audio magnétotellurique (1 Hz - 2500 Hz). Tout
se passe alors comme si nous étions en audio
magnétotellurique.
La comparaison des profondeurs d'explorations obtenues en chacune
des stations de notre profil nous permet de relever un constat : la profondeur
d'investigation
diminue du tiers lorsqu'on passe de A1 à A2, double
lorsqu'on passe de A2 à A3, puis croit progressivement jusqu'à
A5. On peut ainsi penser à un phénomène d'absorption des
ondes électromagnétiques en la station A2 (entièrement
constituée de roches sédimentaires) en particulier et par les
roches sédimentaires en général.
Les résultats des différents travaux
effectués par Manguellé-Dicoum et al., 1992 et 1993, sur les
formations métamorphiques de la région de Mbalmayo et dans le
bassin sédimentaire de Douala respectivement viennent confirmer
l'absorption des ondes électromagnétiques par les formations
sédimentaires. En effet, la profondeur maximale d'exploration atteinte
dans le bassin sédimentaire ne dépasse pas 2 Km tandis que
à l'aide de la même méthode (AMT) on a pu dépasser
les 10 Km sur les formations métamorphiques.
Il nous reste maintenant à apporter les réponses
aux deux dernières questions. Ces réponses sont essentielles
à la proposition d'un modèle géologique du sous-sol
étudié.
L'analyse des profils de résistivité nous permet
de distinguer trois zones d'anomalies conductrices. La première se situe
entre les stations A2 et A3, la deuxième entre A3 et A4 et la
dernière entre A4 et A5. Chacune de ces anomalies est
matérialisée par une variation latérale rapide des valeurs
de la résistivité lorsqu'on passe d'une station à une
autre.
La pseudo section met en évidence un fossé
géologique situé entre les stations A1 et A2, et deux failles
dont l'une est située entre A2 et A3 et l'autre entre A3 et A4. Le
fossé géologique se matérialise au niveau de la section
géoélectrique par l'anomalie observée en dessous de la
station A1. En effet la présence des sédiments en dessous de
cette station peut s'expliquer par une ouverture qui se serait produite en ce
lieu pendant la phase d'extension du bassin et qui avec le temps, a
été comblée par les sédiments en provenance de la
station A2.
La disposition des différentes couches situées
en dessous des trois dernières stations permet de constater qu'il y a eu
un soulèvement de la station A4. Ce soulèvement a provoqué
deux ouvertures situées de part et d'autre de la station A4 et
a ainsi facilité les remontées vers la surface des
matériaux provenant des profondeurs de la terre.
6) Modèle géologique
Après les différentes interprétations et
analyses effectuées ci-dessus, il nous reste à proposer un
modèle géologique du profil étudié. Ce
modèle va nous permettre d'observer la disposition des
différentes couches, de connaître la nature de chacune d'elles et
de localiser les accidents tectoniques qui existent le long du profil
NdwapEshobi.
Ce modèle prend d'une part en compte les valeurs des
résistivités de la figure I-6, les résultats des analyses
des courbes de sondage, de la pseudo section, des profils de
résistivité, de la section géoélectrique et d'autre
part la carte géologique de la région. Selon les travaux de
Fairhead et al., 1991, la sédimentation du bassin de Mamfé s'est
effectuée en deux phases :
La première phase s'est accompagnée d'un
dépôt progressif de conglomérats tandis que à la
deuxième phase il y a eu un dépôt de grès argileux ;
toutes ces formations reposent sur un socle constitué de roches
métamorphiques. Ces phases de dépôt ont été
ensuite suivies par la phase d'extension du bassin qui s'est accompagnée
de plusieurs accidents tels que les failles, les fossés et les
plissements.
En nous appuyant sur les résultats des analyses des
différentes courbes effectuées dans le cadre de ce travail et
aussi sur les différentes phases de formation du bassin de Mamfé
tel que décrites par Fairhead, nous proposons le modèle
géologique suivant :
Figure III-13 : Modèle géologique du sous-sol.
Ce modèle géologique est constitué quatre
formations parmi lesquelles : les grès, les grès argileux, les
conglomérats et les formations du socle.
- Les stations A1 et A2 reposent entièrement sur des
grès. Ces grès correspondent d'après la carte
géologique de la région, à la série argilo
gréseuse de la Manyu (Cg2) et à la série
gréseuse de la cross, arkosique et conglomératique
(Cg5).
- La station A3 est celle qui a été la plus
affectée par les formations du socle. En cette station le socle remonte
jusqu'à mois de 3 Km de la surface.
- Le profil est entrecoupé de quatre failles
intra-sédimentaires.
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