II.1.2. L'examen critique des théories
Avant de choisir l'une ou l'autre de ces théories
ci-haut décrites, il faut d'abord procéder à un examen
critique de ces approches théoriques. Cet examen critique nous a
révélé ce qui suit :
Premièrement, la théorie classique volontariste
telle que discutée en haut nous semble à moitié douteuse
dans la mesure où cette approche n'est que partiellement
dépassée. Cette approche comporte des limites analytiques de
poids, surtout pour des pays de l'Afrique de l'Est dont l'intérêt
principal serait le développement et l'industrialisation. Il convient
par ailleurs l'union douanière prônée par cette
théorie est valable dans la CAE.
Deuxièmement, la théorie classique
instrumentaliste s'avère aussi inacceptable par le simple fait qu'elle
insiste sur un étatisme excessif dans le choix et la mise en oeuvre des
projets, un volontarisme démesuré en regard des contraintes du
terrain et une attitude mimétique à l'égard de ce qui a pu
être amorcé ailleurs. Cette attitude n'est pas compatible à
la CAE qui elle, se fonde sur des bases intrinsèques notamment les
valeurs socioculturelles des peuples de l'Afrique orientale.
II.1.3. L'adoption d'une théorie et son lien avec
le sujet de recherche
Pour ce faire, les résultats de notre examen critique
des théories portant sur l'intégration, nous incitent à
adopter l'approche de Naceur Bourenane (1996), construite sous forme
communautaire sur la base des actions stratégiques.
Selon cette approche, l'intégration est conçue
comme un processus de coopération progressif, gagnant chaque fois en
intensité, visant davantage le renforcement des économies
nationales en formation que leur dissolution dans un ensemble commun. La
politique d'intégration et les mesures qui en découlent ne
sauraient ainsi être une panacée dans la poursuite d'un programme
de relance ou de développement (N. Bourenane, 1996). Elles ne peuvent
être qu'un complément et non un substitut aux programmes
nationaux, et il est donc nécessaire pour tous les partenaires d'avoir
une vision claire des stratégies de développement national
(op.cit).
L'objectif visé serait de renforcer, par une
démarche communautaire, les secteurs ou les segments d'activité
économique d'avenir, en recherchant chez les autres partenaires, le
maximum de synergies. Une telle démarche devra dépasser le cadre
étriqué des arrière-pensées politiciennes et les
préoccupations égoïstes, souvent non
déclarées, à la base des actions d'intégration,
pour s'inscrire dans une dynamique d'apprentissage de la solidarité
réciproque et de la confiance, à l'échelle des
États et des opérateurs économiques (N. Bourenane,
1996).
Le mérite de cette approche c'est que l'État
n'est pas du tout négligé. Par contre, les structures publiques
sont des instruments de promotion. Le volontarisme dans les décisions
globales (choix d'objectifs et d'horizons temporels intéressant
l'ensemble) pourra ainsi se traduire sur le terrain par l'appui apporté
à des groupes déterminés d'acteurs,
considérés comme vecteurs et agents du changement(N. Bourenane,
1996). La détermination de leurs stratégies respectives, de leur
base économique, politique, sociale et géographique, et de leurs
projets futurs constitue un élément important dans le processus
de construction communautaire, ce qui est le fondement de la Communauté
de l'Afrique de l'Est.
En sus de tout ce qui précède, voici en
résumé le lien que nous avons établi entre l'approche
adoptée et le sujet de notre travail. Etant donné que l'approche
adoptée met l'accent sur la définition des programmes
d'intégration et les objectifs temporels en tenant compte de la nature
des structures socio-ethniques des pays considérés, de l'histoire
récente des relations entre leurs composantes humaines respectives et du
contexte géostratégique dans lequel ils évoluent, elle est
parfaitement compatible avec la CAE. L'intégration de la plupart des PED
dans des communautés régionales semble donc être
motivée par l'histoire partagée entre les pays formant la
communauté, sa position enclavée dans cette région, ainsi
que des raisons économico-politiques sous-jacentes. Nous allons donc
appliquer ces raisons d'intégration de la plupart des PED dans le cas
concret à savoir l'intégration du Rwanda à la CAE.
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