«La première réaction des maisons de
disques, c'était de se dire: On contrôlait la distribution
physique (des disques, vinyles puis cd), on va contrôler la distribution
digitale. C'est là que c'est compliqué car la distribution
digitale est un autre métier. Il faut se réinventer.124(*)»
«Nous sommes désireux de travailler avec le plus
grand nombre. Mais pour cela, il faut que la confiance soit au rendez-vous.
Cela suppose en premier lieu un positionnement clair de nos partenaires. Cela
implique également un partage raisonnable de la valeur sur des chiffres
fiables, produits par des back-offices sérieux125(*)».
Depuis 2006, nous constatons une évolution des offres
de musique en ligne qui «s'éloigne de la simple distribution
d'avatars numériques de CD : complétude des catalogues,
abandon progressif des DRM, abonnements illimités...126(*)». L'année 2006
voit apparaître «des offres de distribution musicale légale
qui s'efforcent d'utiliser les possibilités de la numérisation et
des réseaux pour augmenter le bien être du consommateur, en
proposant de larges catalogues de fichiers non protégés
(emusic.com) ou des offres d'abonnement comportant l'écoute
illimitée d'un catalogue croissant (musicme.com).127(*)»
Selon le rapport de l'IFPI128(*), l'industrie du disque est en entrain de
réinventer un «business model» en réponse aux nouveaux
usages de la musique. Alors que nous sommes depuis longtemps entrés dans
une ère de distribution numérique, les Maisons de disque n'ont
pas su anticiper ce réseau pour se positionner en première place
et exploiter au mieux ses capacités. Aujourd'hui c'est avec les
industriels et les opérateurs télécoms que l'industrie de
la musique compose afin de trouver des solutions en cohérence avec les
nouvelles technologies et les nouveaux usages des consommateurs.
En crise depuis 2002, année qui a vu se
développer le haut débit en France, l'industrie du disque a du
s'émanciper et reconquérir ses clients. Ainsi, avoir accès
à la musique est devenu une stratégie Marketing pour les nouveaux
modèles économiques. L'offre «Nokia's Comes With Music»
et TDC's PLAY129(*) sont
les exemples de services d'accès à la Musique lancé en
2008.
Même si les ventes numériques130(*) ne suffisent pas à
remonter la baisse des ventes de supports physiques131(*), la distribution
numérique est en hausse et améliore son offre en accord avec
l'évolution technologique.
Au commencement, la distribution sur les
téléphones portables s'est faite par ce qu'on appelle des
kiosques, avec les services «SMS+» et «Gallery».
L'opérateur télécom dans la majorité des cas en
assurait aussi la facturation avec un reversement à l'éditeur. De
plus, «le portail» propose aussi des services en collaboration avec
les maisons de disques.
Pour les consommateurs, la distribution dans la
téléphonie mobile a pour avantage un accès à la
vente de musique à tout moment, en tout lieu, par
téléchargement. En raison d'une évolution technique
considérable dans l'utilisation des services de
téléchargements, les «smartphones132(*)» disposent de nombreux
atouts pour séduire les consommateurs.
Le cas de l'iPhone est l'exemple le plus
élaboré de l'évolution technologique en accord avec le
marché de la musique. En effet, le téléchargement de
musique a été conçu à travers la reproduction de la
plateforme iTunes store en une interface ergonomique pour l' accès des
mobiles. Il suffit de toucher l'icône iTunes pour rentrer dans la
boutique et faire ses achats. Pour accéder à ce service, il faut
alors avoir un compte d'utilisateur auprès du service iTunes car
l'entrée est protégée par un nom d'utilisateur et par un
mot de passe.
Par ailleurs, notons que l'Ipod a bouleversé les
possibilités techniques. Apple en étroite collaboration avec
Motorola a développé grâce au haut débit le
téléchargement sur l'Ipod. «C'est le premier lecteur de
musique associé à un logiciel utilisable par les 7 à 77
ans. Il est surtout indissociable d'un service d'achat de musique en ligne
complet et fiable qui dispose d'un stock de 1,7 million de morceaux musicaux,
mais aussi de livres parlés, à l'image des cinq premiers tomes de
«Harry Potter». En adaptant son service d'achat de musique en ligne
à l'ultramobilité, Apple dame le pion à un Nokia ou
à un Sony-Ericsson qui commercialisent des téléphones
pouvant stocker de la musique, mais sans les services qui vont avec133(*)».
Les plateformes de musique pour mobiles se développent
face à un marché qui tend à innover. Les sites
dédiés à la musique qu'ils soient orientés vers un
usage en simple téléchargement ou en streaming comme sur Deezer,
proposent des rubriques «Mobile» pour faciliter l'utilisation et
l'interopérabilité des appareils. L'Iphone d'Apple s'annonce
comme un pionnier, offrant la possibilité aux utilisateurs d'installer
toutes sortes d'applications gratuitement sur leur mobile, il crée le
désir chez l'usager d'acheter de nouveaux contenus en rapport avec les
applications préalablement téléchargés. De son
côté, SFR s'est positionné en créant son application
pour la musique (reproduction de son site Internet «Attention
Musique Fraîche» version mobile). De manière
générale, les opérateurs ont développé en
parallèle des applications pour la vidéo, domaine en pleine
expansion sur les appareils mobiles.
Par ailleurs, la téléphonie mobile introduit
les concepteurs de jeux vidéos avec des jeux musicaux comme Tap Tap
Revenge de l'éditeur Tapulous .«EMI Music est la première
Major du disque à avoir autorisé le lancement d'éditions
du jeu de Tapulous sur le iPhone avec des titres de ses artistes et de certains
artistes indépendants en distribution chez elle 134(*)». La synchronisation de
la musique sur les jeux dans la téléphonie augmente alors les
sources de revenus sachant que le téléchargement des jeux sur les
mobiles est numéro 1 dans l'usage des consommateurs et en particulier
pour la catégorie des 18-25 ans.
La distribution dans la téléphonie mobile est
régie par les opérateurs et les constructeurs qui doivent
collaborer avec les maisons de disque pour avoir accès au catalogue.
Dans cette coopération, et même si elle conserve un rôle
moteur, l'industrie de la musique n'a plus l'exclusivité dans la
distribution et la production, face à des partenaires de plus en plus
actifs dans le domaine de la musique. En effet, les nouveaux entrants
investissent dans des technologies performantes au service de la vente de
musique ou d'autres contenus média et créent les conditions
techniques d'accès à un nouveau canal de distribution par lequel
l'industrie du disque doit passer si elle ne veut pas se retrouver
marginalisée.
Une coopération entre tous (opérateurs
télécoms, constructeur de combiné, maisons de disque)
s'avère indispensable. Les services offrant de la musique et proposant
de nouveaux modèles économiques sont de plus en plus
présents dans la sphère du numérique. Mais regardons
maintenant comment est déterminée la valeur, le prix de la
musique à travers ces diverses offres.