Chapitre 3 : Evolution du commerce extérieur du
pays
« Aucune nation n'a jamais été
ruinée par le commerce. »
Benjamin Franklin
L'extérieur regroupe l'ensemble des agents
résidents à l'étranger ayant des relations avec
l'économie nationale (notamment au niveau des importations et des
exportations). Il n'est pas véritablement un secteur institutionnel. Il
prend en considération un ensemble de comptes retraçant les flux
entre les unités institutionnelles résidentes et non
résidentes. L'économie nationale entretient avec le Reste Du
Monde (RDM) des relations via les exportations (section 1) et les importations
(Section 2).
Section 1 : Les
exportations
« Les hydrocarbures étant une ressource non
renouvelable, il faut bien considérer que chaque quantité de
pétrole et de gaz exportée est au départ un
appauvrissement de la nation au profit du reste du monde »
M. Benbitour
Les exportations de biens et services sont l'un des emplois de
la production nationale. Leur impact économique ne peut être
passé sous silence. Elles sont, en effet, génératrices de
revenus et d'emplois pour l'économie nationale. Mais avant de
s'intéresser au cas soumis à notre étude
c'est-à-dire le cas tchadien, il convient d'entrée de jeu nous
situer dans une perspective théorique.
I. La
structure théorique des exportations
Nous allons appréhender les exportations par le biais
de leurs déterminants et de leurs effets au niveau d'une
économie.
A. LES DÉTERMINANTS
DES EXPORTATIONS D'UNE ÉCONOMIE
Les principales variables explicatives du montant des
exportations d'un pays, à un moment donné, sont la demande
mondiale, les marges de capacité de l'économie et la
compétitivité des produits exportés.
1. LA DEMANDE MONDIALE ET
LES MARGES DE CAPACITÉ DE PRODUCTION
La conjoncture du RDM est un facteur explicatif important du
montant des exportations. Cependant, c'est l'écart entre la croissance
de la demande étrangère et la croissance de la demande
intérieure qu'il convient de retenir.
Lorsque l'économie est proche du plein emploi et les
capacités de production faibles, une croissance de la demande
extérieure ne peut qu'entraîner une faible augmentation des
exportations en volume. Inversement, la présence de capacités
disponibles, traduisant un état de sous-emploi, devrait favoriser la
croissance des exportations et l'équilibre du commerce
extérieur.
2. LA
COMPÉTITIVITÉ DES PRODUITS EXPORTÉS
La compétitivité est la capacité d'une
économie ou d'une industrie donnée à vendre ses produits
sur les marchés extérieurs. Cette capacité
dépend d'un ensemble de facteurs : l'évolution des prix
intérieurs comparée à celle de l'étranger, la
qualité des produits, les délais de livraison, les réseaux
commerciaux et financiers etc. Les trois (3) derniers éléments
étant difficilement mesurables, c'est la
compétitivité-prix qui est retenue.
Cette notion n'est cependant pas difficile à
quantifier. La mesure la plus simple consisterait à comparer
l'évolution des prix à la consommation pratiquée par les
partenaires commerciaux et les prix intérieurs au cours d'une
période donnée. Cette mesure est trop grossière et il est
préférable de prendre en considération le prix des
exportations. Cette mesure de l'exportation est égale au rapport de
l'évolution des prix des exportations des partenaires commerciaux
(ramenés à la monnaie courante grâce au taux de change)
à l'évolution des prix des exportations nationales.
Le rapport est égal Pex
/Pfx avec
Pex , l'indice des prix des exportations
étrangères et Pfx,
l'indice des prix des exportations nationales.
Il est évident qu'une amélioration de la
compétitivité-prix due aux variations du change et à la
compression des marges bénéficiaires ne peut être que
fragile si la maîtrise des coûts n'est pas assurée. Les
variations du change échappent en partie à l'économie
nationale et une compression indéfinie des marges est impossible. Vient
un moment où les entreprises doivent récupérer cette
compression par une hausse des prix sur le marché intérieur.
B. LES EFFETS DES
EXPORTATIONS SUR L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE
Les exportations de biens et services produits sur le
territoire national sont créatrices de revenus pour l'économie
nationale. Elles sont à l'origine, comme l'investissement et les
dépenses publiques, d'un effet multiplicateur sur l'activité
économique. Elles exercent également un impact important sur
l'emploi.
1. LES EFFETS
MULTIPLICATEURS DES EXPORTATIONS
Dans une économie n'entretenant aucune relation avec
l'extérieur et en faisant abstraction des dépenses publiques,
l'équilibre se concrétise sous la forme d'une double relation.
Y = C + I (1)
Y = C + S (2)
Avec Y, le revenu intérieur brut ;
C, la consommation finale ; I, l'investissement et
S, l'épargne.
De ces relations, nous tirons l'identité
définissant l'équilibre économique
I = S (3)
Si l'économie s'ouvre sur l'extérieur
l'égalité (1) devient :
Y + M = C + I + X (4)
Avec M, les importations et X, les
exportations
Puisque Y = C +S, l'égalité (4) peut
s'écrire :
C + S + M = C + I + X (5)
En soustrayant C dans chaque membre de cette
égalité, on obtient :
S + M = I + X (6)
Cette égalité signifie que les importations ont
des effets identiques à ceux de l'épargne : elles ne
créent pas de revenus dans l'économie nationale, mais dans le
RDM. Les exportations exercent de leur coté le même effet que
l'investissement : elles créent des revenus dans l'économie
nationale.
Nous allons montrer que les exportations ont des effets
multiplicateurs identiques à ceux de l'investissement.
En terme d'accroissement, l'égalité (6)
s'écrit :
ÄS + ÄM = ÄI + ÄX (7)
En divisant chaque membre par ÄY, on
obtient :
(ÄS + ÄM)/ÄY = (ÄI + ÄX)/
ÄY
Cette relation permet d'écrire :
ÄY = (ÄI + ÄX). ÄY/ (ÄS +
ÄM)
En divisant le numérateur et le dénominateur de
ÄY/ÄS + ÄM par ÄY, il vient :
ÄY = (ÄI + ÄX). 1/ (ÄS/ÄY +
ÄM/ÄY) (8)
Les rapports ÄS/ÄY et
ÄM/ÄY étant les propensions marginales à
épargner et à importer, l'égalité (8)
s'écrit : ÄY = (ÄI + ÄX). 1/(s + m) (9)
Pour isoler l'effet des exportations sur le PIB, nous posons
ÄI = 0.
L'égalité (9) devient :
ÄY = ÄX. 1/(s + m) (10)
Soit ÄY/ ÄX = 1/(s + m) (11)
Le rapport 1/(s + m) est le multiplicateur du
commerce international. Il signifie que tout accroissement des exportations
entraîne une hausse plus que proportionnelle du PIB. L'effet
multiplicateur est d'autant plus important que les propensions marginales
à importer sont fortes et que les importations sont indispensables. Cet
accroissement induit des importations ne risque-t-il pas d'annuler la hausse
initiale des exportations?
Le multiplicateur des exportations peut
s'écrire :
ÄY = k ÄX (12)
Avec k = 1/(s + m) (13)
Le supplément d'importations ÄM induit
par la hausse du PIB s'écrit :
ÄM = mÄY
Avec m = ÄM/ÄY, la propension marginale
à importer.
En remplaçant dans cette égalité
ÄY par sa valeur en (12) nous obtenons :
ÄM = m.kÄX (14)
Puisque k = 1/(s + m), on peut
écrire :
ÄM = m. ÄX/(s + m) (15)
Comme m et s sont supérieur à
0 et inférieur à 1, on déduit ÄM et
ÄX. Les importations induites par la hausse du PIB sont
inférieures à l'augmentation initiale des exportations. Ce
résultat doit être cependant tempéré, car il ne
tient pas compte des variations relatives des prix des exportations et des
importations.
2. LES EXPORTATIONS ET
L'EMPLOI
Du fait de leurs multiplicateurs, les exportations ont un
impact sur l'emploi. Plus une branche industrielle exporte, plus elle
crée d'emplois directs et indirects.
De manière pratique, l'exportation du pétrole
tchadien affecte de manière considérable la structure
générale de ses exportations.
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