L'impact macroéconomique d'un consortium d'exploitation pétrolière : le cas de l'unité de production de Doba au Tchad( Télécharger le fichier original )par Siniki BOPABE Université Catholique d'Afrique Centrale - Maitrise 2007 |
II. Les conséquences de la production du pétrole sur les importations au TchadLa situation des importations avant le pétrole nous éclaircit sur la nouvelle structuration des importations au Tchad. A. LES PRINCIPAUX PRODUITS ET LES PARTENAIRES A L'IMPORTATION DU TCHAD
Cette partie s'articule comme son nom l'indique en deux (2) axes : d'un coté, nous verrons les principaux produits importés et de l'autre coté les partenaires. 1. LES PRINCIPAUX PRODUITS IMPORTÉS Dépourvue d'industrie de transformation et enclavé de surcroît, c'est vers les pays voisins que le Tchad va chercher une bonne partie des produits nécessaires à la satisfaction des besoins les plus élémentaires de sa population. En effet, 43% des importations tchadiennes sont constituées de biens de consommations courantes contre 17% seulement de biens d'investissement. La mauvaise répartition des importations par rapport aux produits se double d'une répartition très inégale au niveau des sources d'approvisionnement. Le Nigeria fournit à lui seul les 80,22 % du carburant consommé au Tchad50(*). Il est évident que si le Tchad avait la possibilité d'acheter son carburant à plusieurs autres fournisseurs que le Nigeria, le problème se poserait avec beaucoup moins d'acuité. Un autre exemple concerne les matériaux de construction dont le ciment qui est fourni exclusivement par le voisin camerounais. Le prix pratiqué sur le marché n'est ni plus ni moins un prix de monopole. Depuis 1994 jusqu'en 2003, les produits pétroliers sont les produits les plus importés en volume tout comme en valeur. Toujours en quantité, en seconde place se trouvent la farine, le ciment, les engrais, les céréales et le sucre. Ensuite viennent les machines et appareils mécaniques, les véhicules, les produits du papier et les produits pharmaceutiques. Parmi les biens de consommation courante des ménages, il faut citer les produits alimentaires divers, la plupart du temps manufacturés, les boissons, le tabac, dont une partie entre dans la fabrication des cigarettes MCT et le textile. Les biens d'équipement entrés sur le territoire, en dehors des admissions temporaires, ont également un poids important dans les importations (15%)51(*). 2. LES PRINCIPAUX PARTENAIRES À L'IMPORTATION DU TCHAD
Les principaux pays partenaires du Tchad sont d'abord les pays frontaliers que sont le Cameroun, le Nigeria, le Soudan, la Libye et le Niger. Les autres sont la France, la Belgique - Luxembourg, les Etats-Unis d'Amérique, l'Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume Uni, la Chine populaire et l'Union européenne. Pour les hydrocarbures par exemple, le Tchad n'entretient de relations qu'avec les voisins les plus proches. Tableau 13 : Importations des hydrocarbures en 2002
B. LES EFFETS DE L'EXPLOITATION DU PETROLE SUR LA STRUCTURE DES IMPORTATIONS Nous jetterons un coup d'oeil d'abord sur la situation des importations avant l'exploitation pétrolière puis sur la situation avec la production pétrolière. 1. ETAT DES LIEUX DES IMPORTATIONS AVANT LE PÉTROLE En 1996, sur 221 210 tonnes de marchandises importées des pays voisins 217261 tonnes proviennent des frontières sud-ouest soit 98,21 en pourcentage, alors que la frontière nord-est, malgré son ouverture sur la mer, n'approvisionne le Tchad que dans le rapport de 1% environ du volume total des importations. Entre 1995 et 2000, la moyenne annuelle est de l'ordre de 349 milliards FCFA52(*). Cette tendance a commencé à s'améliorer avec l'installation des sociétés pétrolières et sous-traitantes. Tableau 14 : Importations des biens et services entre 1995 et 2005
Source : INSEED Les importations ont chuté d'environ 20% en passant de
900 milliards FCFA à 778 milliards FCFA pour 2003. Cette baisse
coïncide avec la fin du projet pétrolier et le retrait des
investisseurs, (le secteur pétrolier constituant à lui seul 63 %
du total des importations)53(*). 2. DIAGNOSTIC DES IMPORTATIONS AVEC L'EXPLOITATION DES CHAMPS PÉTROLIERS Les fluctuations des importations sont en grande partie le fait des sociétés pétrolières et des différents partenaires qui se sont installés sur le sol tchadien. Par contre, la couverture exportation /importation s'est vite relevée avec le début des exportations atteignant jusqu'à 140% en 2004. Cette tendance a baissé considérablement à moins de 20% en milieu de 2002 grâce au début de l'exploitation pétrolière et surtout à l'importance du volume des importations. Les exportations de marchandises (de l'ordre de 122 milliards FCFA en moyenne depuis 1994) ne couvrent que 85% des importations (qui avoisinent, toujours en moyenne annuelle, les 44 milliards FCFA)54(*). De façon cohérente, le solde des transactions courantes doit s'améliorer grâce à la dynamique des exportations et des importations. Au déficit commercial s'ajoute celui des services (facteurs et non facteurs), de sorte que la balance courante avant transferts officiels accuse un déséquilibre important (de l'ordre de 15% du PIB). Graphique 12 : Evolution des importations Source : INSEED Les achats tchadiens dans le secteur pétrolier ont diminué de 30 % pour atteindre 744 milliards FCFA en 2004 en provenance essentiellement de France, qui reste le premier fournisseur d'équipements pour l'oléoduc. Les importations du secteur public ont légèrement augmenté cette année de 8%55(*). Les entreprises nationales, publiques ou privées, ont fourni des biens et services dans le cadre des activités de la construction et d'entretien des routes, de la logistique, des télécommunications, de la pose et de l'entretien du pipeline, des installations de production et des travaux de forage. Ces biens et services ont été majoritairement importés. Tableau 15 : Liste des biens et services fournis par les entreprises locales dans la phase de construction du pipe line
Source : ESSO Dans la phase de production, beaucoup de biens et services divers ont été fournis à ESSO et continuent toujours à lui être fournis. Tableau 16 : Liste des biens et services fournis par les entreprises locales dans la phase de production
Source : ESSO CONCLUSION PARTIELLE Pour tirer le rideau sur le commerce extérieur au Tchad, on peut noter qu'il est soumis traditionnellement à la logique de la répartition sectorielle des branches d'activité où le secteur primaire occupe une place prépondérante dans la structure des exportations. Notamment le commerce du coton et du bétail est resté jusqu'à la veille de la mise en oeuvre du projet d'exploitation des champs pétroliers de Doba la manne nourricière de l'économie tchadienne. Cependant, l'exportation du pétrole a changé ce schéma classique depuis 2003. Ainsi, le pétrole acquiert une primauté dans les postes d'exportation, comptant désormais pour près de 90% des recettes d'exportation. De plus, les importations ont vu leur rythme évoluer surtout pendant la phase d'installation sur le sol tchadien des sociétés pétrolières et des différents partenaires. Il est vrai que le pétrole tchadien a contribué à adopter une nouvelle lecture du commerce extérieur, mais ne perdons pas surtout de vue le fait que le commerce extérieur tchadien rencontre des difficultés depuis quelques années. * 50 Source: INSEED. * 51 Source: INSEED. * 52 Source: INSEED. * 53 Idem. * 54 Ibidem. * 55 CCSRP (2004), Rapport annuel. |
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