L'impact macroéconomique d'un consortium d'exploitation pétrolière : le cas de l'unité de production de Doba au Tchad( Télécharger le fichier original )par Siniki BOPABE Université Catholique d'Afrique Centrale - Maitrise 2007 |
Chapitre 4 : Les limites au niveau des performances extérieures du tchad et perspectives d'avenir« C'est une erreur fatale de construire des théories avant de connaître les faits. Elle induit insensiblement à conformer les faits aux théories, au lieu de l'inverse » Sherlock Holmes Le centre du pays est couvert d'une steppe propice aux pâturages. Elle fait place, dans le Sud, à une savane arborée où se trouve l'essentiel des terres cultivables. Les poissons des fleuves Chari et Logone sans oublier ceux du Lac-Léré représentent une ressource importante, de même que les mines de natron (carbonate de sodium). Le Sud recèle un important gisement pétrolifère dans la région de Doba, dont l'exploitation a débuté en octobre 2003. Malgré cette diversité naturelle, le Tchad est classé parmi les pays les plus pauvres du monde et limité énormément au niveau des performances extérieures (Section 1). Sans pour autant se placer dans la logique d'annoncer les événements futurs, avec les faits remarqués, nous proposons les sources de croissance futures pour cette économie avec l'exploitation du pétrole (Section 2). Section 1 : Les limites des performances extérieures du Tchad
La diversité naturelle offre certainement des potentialités économiques au Tchad. Elles se s'illustrent à travers tous les secteurs productifs du pays. Cependant, tout laisse à croire que ce sont les problèmes d'ordre structurel qui sont à l'origine des faibles performances extérieures des secteurs productifs. Nous examinerons donc successivement les forces puis les faiblesses liées aux performances extérieures. I. Forces des performances extérieures liées aux secteurs d'activités économiquesLes forces des performances extérieures sont liées aux différents secteurs productifs c'est-à-dire les secteurs primaire, secondaire et tertiaire et surtout aux filières minière et énergétique avec la découverte du pétrole dans d'autres bassins. A. LES FORCES DES SECTEURS PRIMAIRE ET SECONDAIRE Le Tchad dispose de sources potentielles de croissance dans le domaine agro-pastoral (exportations traditionnelles et non traditionnelles) et en matière de ressources naturelles (eau, terre cultivable, etc.). D'autres exemples de secteurs aux potentiels de croissance considérables comprennent entre autres l'élevage, la pêche et plusieurs autres produits. Traditionnellement, l'économie du Tchad est assise sur l'agriculture qui absorbe plus de 80% de la population. Ce secteur exporte, rappelons le, principalement le coton. Après avoir été le premier pays africain exportateur de coton jusqu'au milieu des années 70, le Tchad aurait la capacité de produire le coton en plus grande quantité et de meilleure qualité si les conditions locales de production s'amélioraient. D'autres pays de la « région cotonnière » de l'Afrique ont amélioré leurs rendements beaucoup mieux que le Tchad pendant les trois (3) dernières décennies. Gérée de manière appropriée, la filière coton offre des possibilités de réduction de la pauvreté pour plus de 300 000 personnes (sans compter les membres de la famille au sein des ménages producteurs) engagées dans la production. C'est de la filière coton que les ruraux tirent les revenus les plus importants. Bien que cette filière soit la mieux structurée et qu'elle bénéficie d'appuis considérables de la part de l'Etat et des bailleurs de fonds, elle doit faire face à de graves problèmes qui affectent toute la chaîne de production. Par ailleurs, le Tchad est le deuxième producteur mondial de gomme arabique après le Soudan. Le marché international, en progression de 40% depuis dix (10) ans, a bien profité au pays dont la part de marché est passée de 10 à 25% sur cette période56(*). Enfin, la superficie des terres cultivables est estimée à 39 millions d'hectares, soit 30% du territoire national dont seulement 2,2 millions d'hectares (soit 5,6%) sont annuellement cultivés. Les zones irrigables totalisent environ 5,6 millions d'hectares, mais seulement 7 000 hectares sont effectivement irrigués. C'est dire que les ressources en terres sont largement sous exploitées. Quant aux ressources en eau, elles sont constituées des cours d'eau permanents ou semi permanents, des nappes souterraines et des eaux de surface. Le volume des eaux souterraines varie de 263 à 455 milliards de mètres cubes par an, avec un renouvellement de 20,6 milliards de mètres cubes57(*). Le pays est donc suffisamment doté de ressources en eau, contrairement aux autres pays du Sahel, mais sa maîtrise reste encore problématique. L'utilisation judicieuse de ces ressources en eau permettrait d'assurer la sécurisation des productions agricoles. 2. LE S SECTEURS SYLVO-PASTORAL ET TERTAIRE Étroitement intégrée avec les activités agricoles, la pêche dans le bassin du lac Tchad génère des revenus et de l'emploi pour des dizaines de milliers de ménages pauvres. Les ménages de pêcheurs tchadiens pourraient obtenir une plus grande part des avantages économiques de l'activité avec l'amélioration de l'accès au marché, des infrastructures disponibles et de leur organisation. Au nombre des espèces présentant des possibilités d'exploitation figurent la spiruline, l'arachide et les produits halieutiques. Depuis la crise du coton et avant l'arrivée du pétrole, l'élevage s'était imposé comme le premier poste d'exportation du pays avec, en 2004, un cheptel estimé par la BEAC à 16,7 millions de têtes. Ces statistiques, toutefois, sont peu fiables en l'absence d'enquêtes récentes. L'élevage de type transhumant, qui s'effectue dans la partie nord du pays, est notamment très difficile à formaliser. Les avions cargo quittent Dubaï plus d'une fois par semaine à destination de l'aéroport de N'Djaména et rentrent régulièrement en grande partie vide. Avec les infrastructures appropriées et les circuits d'intermédiation du commerce, les cargaisons de retour pourraient inclure la viande de même que d'autres exportations potentielles du Tchad. En somme, le bétail tchadien, actuellement exporté de façon informelle à pied, principalement vers le Nigeria, peut produire une viande de haute qualité pour approvisionner les marchés régionaux et même, à long terme, les marchés d'outre-mer y compris le Moyen-Orient. Le secteur tertiaire reste très dynamique, avec un taux de croissance - tiré par les administrations et la branche commerce - qui passe de près de 3% en 2003 à plus de 8% en 200458(*). La vigueur dans la branche transports et télécommunications se poursuit en 2004 sous l'effet des investissements pour l'extension des réseaux de télécommunication cellulaire dans les provinces, avec une croissance, selon les estimations, de 7,6%59(*). La vente de bière par les BDL (Brasseries du Logone) poursuivait sa tendance à la baisse, passant de 111 388 hectolitres en 2003 à 97 324 en 2004 (-12.6%), après deux années euphoriques en 2001 et 200260(*), correspondant aux travaux de construction de l'oléoduc. Certains facteurs ont dynamisé la demande en 2004, comme l'achèvement de la construction de la route Bisney-Ngoura-Bokoro, le lancement des travaux d'aménagement des voies et le démarrage des ventes de pétrole brut. De plus, des recrutements dans les secteurs prioritaires de la fonction publique ont été effectués. On note toutefois quelques améliorations sur le plan légal et juridique, telles que l'approbation d'une charte sur les investissements dans la sous région, la création des tribunaux de commerce et l'harmonisation du droit des affaires dans le cadre de l'OHADA (Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires). B. LES FILIÈRES MINIERE ET ÉNERGÉTIQUE Elles concernent le secteur pétrolier et d'autres sources minières qui demeurent jusque là inexploitées. Outre les gisements de Doba, les travaux d'exploration en cours actuellement dans le pays indiquent la présence des gisements dans la région du Lac-Tchad, de Sédigui, de Bongor et de Moundou. En effet, le gouvernement aménage dans la zone de Sédigui un petit champ pétrolifère dont les réserves sont estimées à 20 millions de barils et profiteraient à l'Etat à hauteur d'une recette moyenne de 4 milliards sur 13 ans. Le pétrole de Sédigui sera raffiné par une société privée non encore identifiée ; celle-ci construira une raffinerie dont la production devrait couvrir près de 50% des besoins du pays en produits pétroliers. L'Etat tchadien envisage également diverses possibilités d'exploitation de gaz naturel en vue d'accroître l'offre intérieure de produits énergétiques. L'ère pétrolière offre des possibilités énormes de croissance du PIB par habitant. Les projections faites dans le cadrage macroéconomique déclinent le profil des recettes pétrolières. L'objectif attendu de l'exploitation pétrolière consiste à développer les politiques et les actions susceptibles de maximiser l'impact de la croissance sur la réduction de la pauvreté. Des gisements d'uranium et de manganèse, dans la bande d'Aozou, demeurent encore inexploités. A cela s'ajoutent d'autres sources minières au Nord et au Sud du pays. En bref, le sous sol tchadien regorge de minerais que sont le sel, le natron, l'or, le diamant, le kaolin, etc. pour la plupart non exploités. * 56 Source : BEAC. * 57 Ministère du Plan, du Développement et de la Coopération, Observatoire de la pauvreté, (2005), Rapport de Suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement, N'Djaména, p.41. * 58 Source: BEAC. * 59 Idem. * 60 Ibidem. |
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