2. HYPOTHESES.
Deux propositions de réponse à la question centrale
posée, participent de l'hypothèse matricielle, compte tenu de
leur nature complémentaire.
C'est que les organisations internationales à
caractère technique, dont l'UNESCO, demeurent des cadres propices
à la satisfaction des besoins des populations. En cela, les
thèses de Mitrany restent indispensables au regard des
réalités propres aux sociétés africaines.
Cependant une observation attentive de la traduction
concrète des programmes de développement au sein de l'État
camerounais permet de déceler des difficultés d'atteinte des
objectifs fixés dans le cadre du financement des projets de
développement par les différents acteurs14.
II. CONSTRUCTION DE LA DÉMARCHE
A. APPROCHES THÉORIQUES
Les Relations internationales, dans la perspective de Dario
Battistella, sont considérées comme étant une discipline
pluraliste, au sein de laquelle coexistent une multitude de théories
(Battistella, 2006 : 111). Mais seules celles ayant un lien direct avec notre
objet d'étude, nous intéresseront ici. En cela, l'on notera avec
Houchang que la permanence des théories classiques et leurs
dérivés est un signe des temps. Et nonobstant l'affirmation de
Dougherty et Pfalzgraff selon laquelle les théories des relations
internationales sont en mutation constante,
14 Qui peuvent être de nationalité
camerounaise ou non, fonctionnaires internationaux pour l'essentiel, mais aussi
nationaux en ce sens que les logiques opérationnelle et transactionnelle
des relations Cameroun-UNESCO autorisent que la résolution des
problèmes concrets s'effectue dans la satisfaction des
intérêts conjugués du Cameroun et de la communauté
internationale.
poursuit-il, l'on « assiste à une remarquable
continuité dans la référence aux paradigmes classiques
comme cadre d'analyse dans la littérature sur les relations
internationales »15
1. LA COOPÉRATION INTERNATIONALE SOUS LE PRISME DU
RÉALISME.
Considéré par d'aucun comme le paradigme
dominant des Relations internationales depuis la fin de la deuxième
guerre mondiale, le réalisme s'inscrit dans une tradition philosophique
qui remonte à l'antiquité, et dont les principaux chefs de file
sont Thucydide, Bodin, Machiavel, Hobbes, Weber, Morgenthau, Aron et Kenneth
Waltz, pour ne citer que ceux-là. Pour ces auteurs, la quasi inexistence
au sein des Relations internationales d'une puissance capable d'empêcher
les conflits, explique l'état d'anarchie dans lequel se trouve la
société internationale, synonyme d'état de guerre entre
les principaux acteurs ou groupes de conflit que sont les États-nations
incarnés dans le détenteur du pouvoir exécutif, qui
cherche à maximiser l'intérêt national défini en
terme de puissance. Au sein de cette école également, les
différents auteurs semblent s'accorder sur la nécessité
d'équilibrer les puissances, même s'il existe des divergences sur
sa forme qui peut être bipolaire, unipolaire ou multipolaire.
Mais ce qui relève de la constance, c'est le fait que
les adeptes de la théorie réaliste conçoivent les
relations internationales sous le prisme de la puissance et de
l'intérêt. Et pour ces derniers, l'État reste l'acteur
principal des relations internationales où toute action entreprise
au-delà des frontières nationales ne concourt qu'à
affirmer sa politique de puissance, ainsi que la préservation de
l'intérêt national (Morgenthau, Aron).
Il devient de ce fait plus aisé de comprendre que la
lecture réaliste de la coopération institutionnelle au sein des
organisations internationales « désigne la coopération entre
États qui se développe par l'entremise d'institutions
internationales spécialement créées à cet effet,
à vocation permanente, ayant pour objet de les aider à
entreprendre certains activités définies ». (Sur, 2000 :
277). L'approche réaliste de la coopération internationale minore
considérablement l'autonomie des organisations internationales qui
« ne peuvent faire que ce que les États leur permettent et que ceux
à quoi ils concourent », car toute proportion gardée, «
il s'agit beaucoup plus d'institutions interétatiques et même
intergouvernementales que de la mise en oeuvre d'une dynamique autonome »
(idem : 279). Qui plus est, la limitation de leur moyen d'action est le reflet
de leur déficit d'autonomie, car les institutions internationales «
tirent leurs compétences des États membres, qui sont les
destinataires ordinaires des mesures qu'elles adoptent » (idem, 286).
15 In Revue Études internationales, Vol XXXIV,
n°2, juin 2003
La vision réaliste, pour être pertinente n'en
regorge pas moins des insuffisances dans la mesure où l'anarchie
internationale en dépit d'absence de puissance régulatrice, ne
signifie pas désordre et immaturité de la société
internationale. En outre, le retrait au sein de l'UNESCO, des nations telles
que les Etats-Unis, la Grande Bretagne et même l'Afrique du Sud, pour des
raisons d'incompatibilités idéologiques et/ou politiques,
participe, sinon la consolidation de l'autonomie de l'Organisation, du moins de
sa recherche constante. Enfin, c'est pour aller à l'encontre du courant
réaliste que les libéraux analysent la coopération
internationale dans une toute autre perspective.
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