2. QUID DE LA THÉORIE LIBERALE
La théorie libérale, à l'opposée
du réalisme, reflète de manière significative les
idéaux de l'UNESCO qui se propose d'atteindre progressivement les buts
de « paix perpétuelle » (Kant), par le biais de la
coopération intellectuelle entre les pays membres. L'on pourrait
même affirmer que l'héritage philosophique (Erasme, Grotius, Kant,
etc..) duquel est issue la théorie libérale est à
l'origine de l'émergence des Institutions internationales. En effet, la
croyance en la possibilité de moraliser les relations entre
États, renforcée par la pensée philosophique empreint de
pacifisme, la croyance en l'analogie entre l'ordre interne et l'ordre
international, et la transitivité entre comportement interne et
comportement international, constituent leur leitmotiv.
Aussi des trois principaux courants libéraux, à
savoir les libéralismes républicain, commercial et
institutionnel, seul ce dernier s'inscrit véritablement dans le cadre de
notre travail dans la mesure où le « pouvoir stabilisateur »
des Institutions internationales renforce « en l'institutionnalisant, la
coopération entre les Etats » (Amélie Blom et
Frédéric Charillon, 2001 : 32). Et contrairement à la
perception réaliste qui renie toute autonomie aux organisations
interétatiques et aux entités non étatiques, sous le
prétexte qu'ils n'agissent au mieux que par l'entremise des
États, les libéraux affirment plutôt que la
coopération institutionnelle à l'échelon international
« permet à la fois de remettre en cause la centralité de
l'Etat, tout en offrant une représentation du monde où la force
n'est plus omniprésente » (Roche, 2001 : 87).
Toutefois, cette théorie, parce qu'elle demeure «
stato-centrée » pour l'essentiel, minore relativement l'incursion
des autres acteurs non étatiques dans le système international ;
en même temps qu'elle surestime le poids des Organisations
internationales
dans un contexte où l'intérêt national reste
prédominant. C'est pourquoi elle sera quelque peu dépassée
par des théories dites postmodernistes, à l'instar du
transnationalisme.
3. L'APPROCHE TRANSNATIONALISTE.
D'inspiration sociologique, la vision transnationaliste en
dépit des affinités qu'elle entretien avec le courant
libéral est considérée par plusieurs théoriciens
comme un courant à part entière des Relations internationales. En
effet, l'appréhension du contexte social transnational comme une
variable indépendante des relations internationales, et la conception
des individus comme acteurs autonomes, constituent le leitmotiv de ce courant
de pensée. Aussi, ses principaux adeptes que sont Kaiser,
Kéohane, Nye, Smouts et Badie, vont mettre un accent particulier sur le
concept d'interdépendance complexe qui le plus caractérise la
nouvelle conjoncture internationale, et où l'approche
stato-centrée doit céder la place au « paradigme de la
politique mondiale » en changement, qui aux côtés de
l'État reconnaît également le rôle non moins
important des acteurs non étatiques et infra-étatiques. Qui plus
est ledit paradigme « se propose comme objet d'étude à la
fois les relations interétatiques, les relations transgouvernementales,
et les relations transnationales »
Plus fondamentalement, et tout en restant dans la perspective
de Battistella, la mondialisation ou globalisation constitue le contexte qui
verra éclore la variante la plus récente du courant
transnationaliste ; à savoir l'analyse proposée par Badie et
celle de Rosenau connue sous le nom de « modèle de la turbulence
» ou paradigme de la « politique post-internationale
»16. Pour ces deux auteurs, il ne fait aucun doute que le
déclin continu de la capacité de l'Etat à satisfaire les
attentes des citoyens est tel que l'on ne peut plus appréhender la
politique internationale à travers les lunettes kissingériennes.
Car « de nos jours, l'impact de l'opinion des individus et l'intrusion des
mouvements de masses sont trop importants pour être ignorés
».
L'intérêt de cette approche dans le cadre de
cette étude est déterminant en ce sens que les relations
Cameroun-UNESCO, pour une meilleure efficacité, devraient inclure ces
nouveaux acteurs dans une perspective de développement participatif. On
pourrait néanmoins lui dresser, entre autres, un petit reproche : c'est
qu'elle ne démontre pas vraiment comment ces incursions des «
nouveaux acteurs » sont jusque-là freinées et même
combattues par l'État
16 Toutes ces citations se retrouvent dans «
Théories des relations internationales de Battistella, pp1 96, 201, 204
et 210
au sud du Sahara. Sauf que la théorie fonctionnaliste
reste l'approche de base adaptée à cette étude.
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