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L'utilité d'une coopération technique au sud du Sahara: Le cas des relations Cameroun-Unesco

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par Gérard Martial AMOUGOU
Université de Yaoundé II SOA - DEA en Science politique 2006
  

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CHAPITRE IV :

LES DIFFICULTÉS FONCTIONNELLES DES RELATIONS
CAMEROUN-UNESCO : ÉTUDE DE QUELQUES
PROGRAMMES DE FINANCEMENT

Tout problème matériel, affirme Crozier, comporte toujours une dose significative d'incertitude. (op.cit : 20) Une telle constatation nous met en éveil sur l'inexistence d'un système social entièrement réglé ou contrôlé, la transparence sociale étant quasiment impossible parce qu'il n'existe pas de champs neutre et non structuré. (Idem : 177 et 25) Le présent chapitre, qui se propose de poser un regard objectif sur un certains nombre de projets de financement réalisés par et/ou avec la participation de l'UNESCO, voudrait revisiter le rôle joué par les acteurs individuels ou collectifs composant le système social sensé opérationnaliser lesdits programmes. Aussi convient-il de commencer par des programmes qui participent du renforcement de l'éducation formelle, et poursuivre ensuite par ceux relatifs à un domaine particulier de la communication.

SECTION PREMIERE : LES PROGRAMMES DE FINANCEMENT COMPLEMENTAIRES A L'ÉDUCATION.

Nous étudierons tour à tour le Centre des Ressources Éducationnelle de Ngoksa et la vulgarisation des kits micro sciences au sein des établissements secondaires du Cameroun.

PARAGRAPHE I : UN PROJET RELATIF A L'ÉDUCATION INFORMELLE : LE RÉSEAU DU CENTRE DES RESSOURCES ÉDUCATIONNELLES (RECREE) DE NGOKSA

A. DE L'ORIGINE DES CREE EN AFRIQUE...

Avec l'appui des gouvernements de différents pays et la FMACU, la BREDA suite à la conférence de Jomtien va lancer une initiative consistant à favoriser l'essor de l'alphabétisation et de la post-alphabétisation dans les pays africains au sud du Sahara à travers les Centres de Ressource Educationnelles (CRE). Chemin faisant, les premiers CREE furent créés au Sénégal grâce à l'appui financier des partenaires internationaux, à l'instar du Centre UNESCO Nederland d'Amsterdam, de la Fédération japonaise des Clubs UNESCO, du Club UNESCO de Neuss en Allemagne et du Zonta Club de Maasttricht. Nés dans le cadre d'un mouvement intitulé « la Caravane de l'Alphabétisation », qui consistait à organiser des foires matérielles didactiques à travers toutes les régions du Sénégal, le besoin de laisser une « trace » dans chaque village d'étape où a eu lieu la foire s'est immédiatement fait ressentir : dix CRE furent ainsi implantés entre 1990 et 1995 dans les dix régions du Sénégal.

Force et de reconnaître que ce n'est qu'après 1995 que ce mouvement viendra susciter un certain intérêt dans d'autres pays, notamment le Burkina Faso, la Gambie, la Guinée, le Mali, la Mauritanie et bien évidemment, le Cameroun.

A l'exception de la Guinée et du Cameroun, tous les CRE sont construits selon le même modèle architectural, et quel que soit son lieu de localisation, la philosophie que sous- tend l'action des CREE est avant tout celle des Clubs UNESCO à savoir : « promouvoir les droits de l'homme et les idéaux de l'UNESCO par l'éducation, la science, la culture et la communication ». En effet, et comme l'indique ses promoteurs nationaux, l'action des CRE est guidée par la conviction profonde que la promotion des masses déshéritées et la lutte contre la pauvreté ont un impératif : l'investissement dans le capital humain par l'éducation, la promotion de la santé et l'appui à des activités génératrices des revenus.

Ce faisant, les objectifs et activités du CRE, en plus de la promotion des idéaux de l'UNESCO, se focalisent pour l'essentiel sur les activités d'alphabétisation et de post-

alphabétisation au profit des populations péri-urbaines et villageoises environnantes afin d'améliorer les conditions de vie de celles-ci. Aussi, une bibliothèque de référence vient-elle offrir la possibilité à ces derniers « d'exploiter les notions élémentaires de lecture acquises, de transformer leur savoir en savoir-faire et en savoir mieux vivre et, par conséquent, de s'autoformer tout au long de leur vie »56

Pour ce qui est des principes d'organisation, ces Centres gérés par les Clubs UNESCO sont censés être autonomes et organisés en réseau national (si plusieurs CRE existent dans un pays), même s'ils peuvent être appuyés par une structure ad hoc tripartite nationale, composée de représentants du Gouvernement et de l'intergouvernemental. Le développement des CREE est également soutenu par un partenariat aux niveaux local, national et même international.

B. ...AU CENTRE DE RESSOURCE EDUCATIONNELLE DU CAMEROUN

Situé en milieu rural à environ 100Km dans l'arrondissement de Ebebda, département de la Lékié57, le RECRE du Cameroun est une structure d'éducation non formelle, d'alphabétisation fonctionnelle et de post-alphabétisation rattachée à la Fédération Camerounaise des Clubs UNESCO (FECA-CLUBS). Inauguré en 1996, le Centre avait, entre autres, la mission d'impulser et de conduire à l'émergence des CRE au sein des autres régions nationales et sous régionales.

A l'instar des autres Réseaux, le CRE de Ngoksa s'est fixé pour principaux objectifs de promouvoir au sein des populations rurales, la participation aux actions d'alphabétisation et de développement ; de créer un cadre d'épanouissement pour ces activités et en rendre le matériel disponible ; de promouvoir une large participation et une concertation entre divers partenaires de l'éducation non formelle et de l'alphabétisation fonctionnelle ; et enfin de contribuer à la vulgarisation des idéaux des Nations Unies.

Pour y parvenir, il a été mis sur pied une stratégie développée par le RECRE, et qui reposait sur trois principes à savoir : la réalisation de CRE à travers les différentes régions du pays ; l'organisation de foires de matériels didactiques et de lecture et la célébration des journées internationales ; enfin, la mise en place d'un central documentaire en langues nationales et officielles. Une panoplie d'activités pédagogiques s'est ainsi vue développées autour des modules allant de l'alphabétisation, culture et loisir, à la construction et

56 Tirée de la revue de la Commission nationale camerounaise pour l'UNESCO, 2005 : 129.

57 Dans la province du Centre, à 1h30 min de route à partir de Yaoundé.

équipement, en passant par la santé, l'environnement, la famille et développement, travail et gestion, et même la presse rurale.

C. LE CRE DU CAMEROUN : QUEL BILAN AUJOURD'HUI ?

A notre arrivée sur le site, le Centre était fermé et semblait en panne d'activités depuis un bon moment. Ce qui nous a obligeait à changer de méthode d'investigation, en commençant par cueillir des informations auprès des riverains. Les informations recueillies sur place (à Ngoksa) auprès des populations cibles, ainsi que les éclaircissements des principaux protagonistes, nous ont permis d'évaluer les activités du CRE en deux périodicités :

La première étape que nous pouvons qualifier d' « euphorique » couvre la période allant de 1996 jusqu'en 2003. Elle se caractérise pour l'essentiel par une atteinte partielle, sinon parcimonieuse des objectifs fixés.

En effet à sa création en 1996, le CRE de Ngoksa dont la première a été posé par le Pr BIPOUM WOUM alors Ministre, a suscité beaucoup d'engouement et d'espoir aussi bien au sein des populations riveraines que dans l'esprit de ses promoteurs. Prévu comme Centre pilote rurale en Afrique centrale, il était perçu par les populations de la localité comme une « aubaine » qui vient « régénérer les emplois au niveau du village », en plus d'être un instrument de lutte contre l'analphabétisme dans un pays qui ne compte pas moins de 5 millions d'analphabètes.

Dès mai 1997, le réseau a organisé un séminaire sur l'alphabétisation, la santé et la technologie en milieu rural au CRE de Ngoksa, en même temps qu'il a édité le bulletin d'information « RECRE NEWS » (qui n'a pas vraiment vu le jour). A cet effet, le Centre s'est vu disposé des livres de tout genre, avec une pluralité de dons aussi bien en espèce qu'en nature, provenant des donateurs extérieurs et nationaux.

Financé et construit par l'UNESCO avec la participation des partenaires internationaux, la construction de l'édifice abritant le CRE du Cameroun a mobilisé les fonds allant aux alentours de 20 millions et demi, soit 18 pour la maison et 2,5 pour la plaque.

L'année 2002 constitue, à en croire les populations autochtones, celle du plus grand événement, ayant attiré la foule la plus importante. Il s'agissait du projet de sensibilisation de lutte contre le sida, financé par l'UNESCO Dakar au taux de 1 500 000 Fcfa, en présence de

« l'animateur58 ». Une douzaine de villages étaient représentés dans cette cérémonie qui s'était matérialisée par des « sketchs portant des messages, partage des préservatifs et brochures », ainsi que nous le relate un autochtone. Mais force est de constater qu'il en ira autrement après 2003.

Depuis lors, il n'y a plus eu d'événement, le CRE étant devenu comparable à un musée. Il s'agit en effet d'une période « morte ». Et pour avoir une idée des raisons d'un tel délabrement, écoutons plutôt les explications de l'actuel président qui également est resté l'unique membre du CRE, du moins ce qu'il en reste :

La dernière journée de manifestation ici est celle de l'alphabétisation tenue en 2003. Depuis lors, nous n'avons plus eu aucune trace de l'UNESCO (...) Depuis sa création, le CREE n'a eu qu'un seul animateur qui relevait du Ministère des Sports. Ce dernier est reparti sans avoir fait un an.

Le Japon avait donné une somme de 19 millions qui n'a pas été bien géré, tout ce que nous avons reçu de ce financement étant un vieux téléviseur, un vieux magnétoscope et une renéyo neuve. Lorsque le premier Secrétaire de l'Ambassade du Japon est venu vérifier si l'argent était utilisé à bon escient, l'ancien président de la CACU et mon prédécesseur ont tenté sans succès d'amener la population à donner des fausses informations. D'où notre diplomate est rentré « déçu ». Pire encore, d'autres dons offerts par les Pays-bas et la Chine avaient été détournés. Et pendant la journée mondiale de l'alphabétisme, les responsables avaient reçu 1000 dollars pour sa célébration au sein du CRE. Mais tout ce que l'on a bénéficié, ce sont les grands discours, avec un « représentant » de l'UNESCO et certaines autorités du village, des travaux de teinture, un match de football et.... Un petit cocktail pour tout le monde (trois fois depuis 1999)

L'animateur qui était à la base de toutes ces machinations avec ses « complices de Yaoundé » est allé à Dakar (à la place du Président qui est sensé former la population). Du retour, il a bloqué tout à Yaoundé, à savoir : un peu plus de 1 million, les livres pour le Centre (entre 80 et 90), et les balafons.

Ce long plaidoyer fait par ce personnage déçu caractérise bien ce qu'est devenu aujourd'hui ce Centre qui était censé être la locomotive ou tête de prou des autres Centre d'Afrique centrale : un édifice abandonné dans un état de délabrement criarde qui confine à la dérision. Et même si nous nous refusons de considérer ses propos comme étant des « paroles d'évangile », il reste tout de même que pour un bureau qui, au départ, comprenait une dizaine de personnes, nous n'avons trouvé sur place que ce président qui fait la propreté tout seul (pour la sécurité du matériel, nous a-t-il confié), tout en recevant des intrigues plus ou moins déplacées de ses « frères » dont certains vont jusqu'à dire qu' « il est seul parce qu'il veut « manger » seul ». Or, ce que nous avons trouvé sur place, c'est la déception d'un homme soucieux du développement de sa localité qui garde espoir même lorsqu'il n'y a plus grand- chose à espérer. Déception qu'il laisse percevoir lorsqu'il nous confie qu' « une radio rurale (bien avant celle de Mbalmayo) était prévue, ainsi qu'une auberge : autant de projets tombés

58 Agent de l'Etat envoyé par le Ministère de la Jeunesse pour animer le Centre, mais qui finalement se fera remarquer par des talents d'usurpateur, du moins de l'avis des populations locales.

dans l'eau ». Déception qu'il raconte nostalgiquement à travers ses déboires passés : « au Séminaire du CRADAT, le représentant togolais percevait une prime de 250 000, celui du Sénégal n'avait pas moins de 150 000. Ils ne m'auraient pas cru si je leur avais dis qu'en tant que représentant du Cameroun, pays hôte, je n'avais rien reçu ». Et notre « ami » de conclure que l'échec du CRE est imputable « aux gens de Yaoundé » !

L'espoir, il l'a gardé dans la mesure où il continue à « faire le ménage » tout en « s'occupant du matériel ». Aussi, va-t-il profiter de notre présence pour lancer un « appel de détresse » à Désiré AROGA : « un problème grave se pose. Les locaux risquent d'être cédés à la gendarmerie, les commandants de brigade de Ebebda, Sa'a et Monatelé sont venus prospecter les lieux et m'ont demandé d'évacuer les livres ». Cet appel a-t-il vraiment été reçu par les autorités de Yaoundé ?

*****
**

L'euphorie se caractérise généralement par une impression de bien être collectif qui se confond à un sentiment de satisfaction et d'optimisme. Mais très souvent, cette même euphorie qui suscite beaucoup d'espoir se solde généralement par des déceptions, du fait des acteurs véreux et opportunistes qui savent se jouer des conjonctures pour réaliser des gains personnelles, ceci au détriment de l'intérêt général. En effet, il s'agit des personnages issus, si ce n'est fabriqués par le « système » et qui savent se servir des passerelles ouvertes par ce système qu'ils maîtrisent en même temps qu'il les « maîtrise ». Avertis, ils savent que l'euphorie produit la passion qui à son tour créé un cadre favorable aux entreprises obscurantistes, couvertes elles-mêmes par ladite euphorie. Un tel cadre permet donc à nos « entrepreneurs » opportunistes de siphonner progressivement le fruit des efforts provenant des oeuvres de bonne volonté. Avisés également, ils se servent des imperfections spécifiques à chaque environnement pour réaliser leurs objectifs qui sont autres que ceux escomptées par les donateurs. Parmi ces limites nous pouvons citer entre autres : population désinformée et mal organisée, quasi inexistence de la société civile, méconnaissance par des acteurs des réalités locales etc.... En bref, c'est tout aspect effiloché, caractéristique du tissu social camerounais qui ici est mis à nu. La trame n'en étant pas « bien serrée parce que l'État ne s'est pas appliqué à faire naître la nation » (Abéga, op.cit : 193)

Le fait est que l'absence du citoyen qui caractérise le Cameroun est d'abord celle de la chose publique. En l'absence d'un système de contrôle efficace, soit par la base, soit par le système lui-même, l'individu multiplie des zones d'incertitudes afin d'engranger des bénéfices personnels au détriment de l'intérêt collectif. Ces pouvoirs informels ayant pris des proportions inquiétantes au sein de la machine administrative camerounaise, l'on « assiste ainsi à un grignotage progressif de l'État par les appétits individuels » (idem, 59) Si bon nombre d'auteur sont unanimes sur la faiblesse de l'État, certains identifient un besoin d'éducation et de formation du citoyen, tandis que d'autres pensent à l'urgence d'un mécanisme de contrôle impliquant la société civile, allié objectif de l'État dans la réalisation de l'intérêt du citoyen. Exprimé autrement, « l'État, pour sa propre survie, doit soutenir la société civile » (idem)

Le RECRE de Ngoksa, ainsi que nous le confiait Désiré AROGA, s'est écroulé avec le départ de ses promoteurs parce qu'il n'y a pas eu une véritable appropriation du projet par les populations, et du défaut de management. Autre raison évoquée par le Président de la FECACU est que le CRE ayant précédé le club, il s'en est suivi de sérieux problèmes de financement. Mais d'après toute vraisemblance, les difficultés de financement ne font que venir se greffer sur un phénomène plus révélateur constamment mis en relief par l'anthropologie de développement. C'est que la mise en place du CRE obéit à ces types de programmes imposés d'en haut, sans une consultation préalable des aspirations profondes de la société. Ce type de programme généralement se fonde sur une série de suppositions erronées quant aux caractéristiques socioculturelles et économiques des sociétés riveraines, sans études anthropologiques préalables. Or « pour être les auteurs de leur propre destin, les bénéficiaires devraient prendre conscience de leurs propres conditions de vie, non pas par des médiations politiques mais par une compréhension de leurs besoins de développement » (Tommasoli, op.cit : 110) Fort heureusement, l'environnement des relations Cameroun- UNESCO est également révélateur de projets suscitant de grandes espérances. Le financement des kits micro sciences en fait peut-être parti.

PARAGRAPHE II : LE CAS DES KITS MICRO SCIENCES : UN PROJET PORTEUR ?

Promouvoir une approche matérielle et pédagogique à faible coût constitue l'élément stimulateur des initiateurs du programme de vulgarisation des kits micro sciences au sein des lycées camerounais d'enseignement général. Par kit micro science, il faut entendre l'ensemble

des éléments constitutifs du matériel des laboratoires scientifiques et qui montés reflètent l'image desdits objets, mais en des unités extrêmement petites. Leur utilité est de permettre aux établissements dépourvus de véritables laboratoires scientifiques, d'offrir une passerelle de formation pratique complémentaire à l'enseignement théorique. Toutefois au Cameroun, ce programme connaît une évolution particulière.

A. HISTORIQUE.

Démarré de manière informelle en 1998 avec l'aide de l'Afrique du Sud à qui nous devrions en reconnaître la paternité, le projet des kits micro science sera par la suite apprécié par l'UNESCO qui décidera d'en assurer la promotion.

Au départ, il était question d'un centre de micro science en Chimie, centre dont la mise sur pied a été possible par décision du Ministère de l'éducation camerounaise en 2000. C'est ainsi qu'un Séminaire inaugural regroupant les Ministres de la CEMAC, sous le thème : « être ou ne pas être » va se tenir au Cameroun, point focal pour la promotion de la micro science dans la sous région. Chemin faisant, suite à une recommandation faite à l'UNESCO par la Conférence des Ministres de l'Éducation des pays de la CEMAC, à l'occasion de la visite officielle du Directeur général de l'UNESCO, le Bureau régional, ainsi que le reconnaîtra Bernard HADJAD, depuis lors va appuyer le projet de formation des enseignants des disciplines scientifiques. Ce projet qui ne vise autre chose que la vulgarisation de l'expérimentation scientifique à l'école, à l'aide des kits de micro science, est développé par le Centre d'excellence des expériences de micro science sis au lycée Leclerc de Yaoundé.

A cet effet, plusieurs Séminaires financés avec les fonds japonais ou de l'UNESCO vont se dérouler au Cameroun, Tchad et en Centrafrique. Pris en compte dans le budget de l'État, le centre camerounais assurera également l'expertise de formation des formateurs de la sous région (Gabon y compris).

B. SITUATION ACTUELLE

Centre de Catégorie II sous l'égide de l'UNESCO, son statut juridique connaît cependant des retards du fait de l'éclatement du Ministère de l'éducation nationale. Et comme nous le confiait le coordonnateur du programme, Mr TETOUOM, en septembre 2008, « l'on attend le décret présidentiel qui devrait sortir incessamment, afin que le dossier aille à la prochaine Conférence générale, pour être pris en compte dans la stratégie de 2009 ». De

manière précise, ce dossier qui doit être étudié dans le cadre du Conseil exécutif de l'UNESCO, devrait également mobiliser davantage les principaux acteurs de la diplomatie camerounaise, compte tenu des avancées, avantages et enjeux d'un tel programme.

Car en effet, les kits, aux dires du coordonnateur, sont présents dans près de 70% des lycées et collèges. La sensibilisation ayant été faite, poursuit-il, il reste que les chefs des différents établissements puissent se rapprocher du Centre, en vue d'en commander. Le matériel étant subventionné au niveau des fournisseurs Sud-africains et Anglais, qui de ce fait, participent également à l'expansion de la micro science. Et qui plus est sous le prix catalogue, la remise originelle est de 30%, avec l'exonération elle va de 40 à 50% au sein de la CEMAC.

Il faut dire que très peu de lycées au Cameroun disposent de laboratoires scientifiques. Et même pour les établissements qui en disposent, à l'instar des lycées Leclerc, d'Obala, Bilingue et de Nkol Éton, l'on rencontre d'énormes difficultés. Pour ce dernier par exemple, et comme nous l'explique ce Professeur des sciences physiques, la Volumétrie nécessite certains dosages au cours desquels on mesure des volumes. Il s'agit du dosage doxydoréduction et du dosage acydo-basique. Le matériel existe pour la réalisation des dosages à grande échelle. Or rien n'existe pour la micro chimie, les produits étant finis depuis quatre années. A cela il faut ajouter le fait qu'un seul laboratoire très souvent s'avère insuffisant dans un contexte où les effectifs sont sans cesse croissants.

C'est donc dire que les kits micro sciences sont indispensables aussi bien pour les établissements disposant des laboratoires que pour ceux qui n'en disposent pas. En général, lorsque les kits sont épuisés, il incombe aux chefs d'établissements d'en recommander au niveau du Centre d'excellence situé dans l'enceinte du lycée Leclerc. Bien entendu, ces derniers le font à partir des délibérations issues du Conseil d'enseignement qui permet aux enseignants d'exprimer leurs doléances.

C. POSITIONS DES PRINCIPAUX PROTAGONISTES59

Du point de vue du coordonnateur Mr TETOUOM, la volonté y est, mais les moyens ne suivent pas toujours. Aussi pour ce dernier, « le décret présidentiel est vivement attendu, afin qu'il y ait un changement significatif : cadre juridique approprié, institutionnalisation véritable pour que le Centre reste viable, même après le départ du coordonnateur ».

59 Nous regrettons le fait que faute de temps considérable, une étude systématique auprès des élèves des différents établissements n'ait été effectuée. En outre, les établissements privés et les zones rurales restent les parents pauvres du projet. Une impression générale se dégage tout de même au sein des élèves ayant eu l'opportunité d'expérimenter les kits micro sciences : celle d'une meilleure assimilation du cours, mais ceci à condition que l'enseignant en maîtrise la manipulation.

Professeur des Sciences Physiques en service au lycée de Nkol Éton depuis 2002, Mr TEDONGMEZA FOMEKON Alphonse pense qu'en dépit des subventions, les prix restent encore assez élevés, à l'instar du kit de micro chimie qui coûte 270 000 Fcfa. Et « au lieu que l'État laisse l'acquisition du petit matériel à la charge des chefs d'établissements, faudrait qu'il l'acquiert et en distribue dans tous les établissements, tout en rendant l'utilisation obligatoire (...) A l'examen, la manipulation des Travaux Pratiques, Sciences Vivantes de la Terre et Chimie doit être obligatoire »

Parmi les problèmes que pose l'utilisation des kits micro sciences, le recyclage des enseignants occupe un pôle position. Car plusieurs parmi ceux-ci, à l'instar des anciens, passent des années sans utiliser ce matériel. Et même si l'ENS aujourd'hui fait des efforts d'envoyer les futurs enseignants dans les Centres d'excellence, il n'en demeure pas moins que plusieurs n'y ont jamais été formés. Bien plus, après la formation, il faudrait trouver le matériel dans le lieu affecté, sinon on finit par oublier au fil du temps.

A côté du recyclage, le problème de la conservation des kits se pose également. Si le problème du recyclage est compensé partiellement par l'existence des « bassins pédagogiques » supervisés par un inspecteur, il en est autrement pour ce qui est de la conservation. Suivons à ce sujet les propos de cet enseignant du lycée de Biyem-assi : « les kits sont ici à leur troisième année d'utilisation. Mais le problème de conservation se pose gravement, pour faute de salle ». Aussi sont-ils souvent conservés au sein des armoires. Et lorsque l'on sait que ce matériel n'est généralement pas en quantité suffisante, « la conservation est un véritable problème ! On recommence à zéro chaque année, d'où le nombre ne parvient pas à croître ».

De manière générale, bon nombre d'enseignants réclament une prime d'expérimentation, car disent-ils, la préparation d'une manipulation (expérimentation) prend un temps considérable, comparée à la manipulation proprement dite. Aussi doivent-ils être dans l'enceinte des établissements avant le cours, afin d'y préparer. La conséquence directe ici est que plusieurs enseignants en sciences physique ne manipulent pas ! Aussi Mr EDJODJOMO, jeune enseignant suggère l'imposition des séances de manipulation surtout pour les encadreurs de classes scientifiques, car selon lui, il ne fait aucun doute que la manipulation est mieux que le cours théorique. Or plusieurs enseignants ne la maîtrisent pas véritablement (pratiquement 5 sur un total de 16), d'où parfois l'élève ne fait qu'imiter plutôt que de maîtriser.

C'est dire enfin que le succès du programme de financement des kits micro science dépend des efforts conjugués des pouvoirs publics et de l'UNESCO à favoriser la

vulgarisation du matériel dans « tous » les établissements nécessiteux. Il est également fonction de l'engagement des chefs d'établissements et de la capacité des enseignants à pouvoir s'en servir. Ainsi seulement, pourrait-on éviter la détérioration du matériel, comme ça été le cas il y a trois ans au lycée de Biyem-assi, pour manque d'enseignants qualifiés. Et l'on y revient souvent lors des Conseils d'enseignant toutes les quatre semaines. Finalement, il s'agit tout de même d'une initiative à saluer dans la mesure où elle participe à l'impulsion du développement de la sous-région, à l'instar du financement des radios rurales.

SECTION II : LES PROGRAMMES RELATIFS A UN SECTEUR PARTICULIER DE LA COMMUNICATION : CAS DU FINANCEMENT DES RADIOS COMMUNAUTAIRES

Au moment où la société internationale est de plus en plus poussée par une interdépendance complexe, alors que la révolution dont connaît le système international est d'abord celle de l'information, l'être humain plus que jamais a besoin de la communication pour devenir «Homme» au plein sens du terme. Déjà par nature, observe Norbert Élias, tout individu naît normalement avec un « appareil phonique » qu'il contrôle personnellement, lequel instrument lui permet également de s'exprimer. Par nature également, poursuit l'auteur de La société des individus, « l'homme a (...) non seulement la capacité de s'adapter à la communication avec ses semblables, mais aussi -et toujours par nature- le besoin ». (Élias, 1987 : 78) L'homme qui va focaliser l'attention des promoteurs des radios communautaires fait partir des plus marginalisés des sociétés sub-sahariennes. Ces programmes visent essentiellement les « cadets sociaux » énoncés par Bayart, surtout les populations vivant dans les zones reculées, celles là même chez qui existent un besoin pressant de communication.

Expérimentés en 1999 à Kothmale au Sri Lanka, les centres communautaires multimédias (CCM) qui combinent une radio communautaire avec un télécentre et des équipements en ligne, permettent d'offrir un modèle d'accès communautaire intégrateur et peu coûteux. Ce concept qui aujourd'hui est reconnu et adopté par nombre d'autres partenaires du développement, communautés et institutions, fait l'objet au Cameroun d'une coopération « particulière » entre ses promoteurs (UNESCO) et les autorités publiques. Le projet des radios rurales qui a permis jusque là une mise en place de seize radios communautaires au Cameroun se justifie par le rôle primordial reconnu au monde rural et à l'action communautaire dans le développement. Aussi convient-il ici de s'en tenir à deux cas,

lesquels nous permettrons de jeter un pan sur l'environnement national et même sous-régional du devenir des médias communautaires en Afrique centrale.

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand