I.2.1. La création de nouvelles rizières
défriche la mangrove à Rhizophora
L'histoire de la Casamance est marquée par le primat de
la riziculture sur l'ensemble des systèmes productifs. On estime
l'introduction de la riziculture vers 1500-800 av. J. -C. (MONTOROI,
1998)10. Ceci est une réalité encore perceptible
aujourd'hui. En 1996 on dénombre 22.000 hectares de rizières
exploités dans région de Ziguinchor (MONTOROI, 1996). Sur la
photographie satellite suivante, on remarque que les rizières sont a
proximité des villages. On distingue aussi 3 rangs de rizières
inondables: profondes, moyennes et hautes11.
Carte 2: Localisation en Basse-Casamance des villages
de collecte et des villages de reboisement de Rhizophora (FAUGERE, 2008
modifié depuis Google EarthTM). Légende : A,B : zone de
mangrove - F : rizières profondes - G : rizières moyennes - H :
rizières hautes - E : Foret de plateau
La photographie de l'annexe 14 est prise au niveau du sol, le
long du transect, depuis F vers A et B.
10 « Le riz Oryza glaberrima (le riz africain), est
encore utilisé chez les Diolas dans les rites pour préserver le
lien avec les ancêtres » (ADRAO, 2005).
11 Dans les rizières hautes et moyennes, les rendements
effectifs en pluvial se situent en moyenne à 1 t/ha (MONTOROI, 1996).
Néanmoins ce rendement est obtenu avec très peu d'intrants
(engrais, pesticides et équipements) et est plus rentable que dans le
bassin de l'Anambé (UNEP, 2005) qui se situe sous la même courbe
isohyète 1.000 mm en cumule pluviométrique sur l'année
2005 (CSE, 2005). « Les rizières hautes et moyennes sont
situées à l'aval des terres bien drainés et en amont du
niveau atteint par les eaux salées lors des plus fortes marées.
Le sol de cette zone intermédiaire en pente douce, presque insensible,
portait probablement, à l'état naturel, une forêt
marécageuse ou humide, exclusivement alimentée par de l'eau de
douce provenant des pluies et des suintements » (VANDEN BERGHEN et
al. 1999).
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Les casiers rizicoles du village sont à
proximité des bras du fleuve, car la riziculture nécessite
beaucoup d'eau. Les bras du fleuve sont les bolon(s)12, et
sont caractéristiques de la ria13 du fleuve Casamance
(OLIVRY, 1987). Le transect suivant illustre que ces bolons sont
colonisés par la mangrove à Rhizophora.
Schéma 3 : Transect perpendiculaire à un
bolon qui localise les zones de mangrove (VANDEN BERGHEN
et al., 1999). Légende : A : Mangrove à «
palétuviers rouge », Rhizophora mangle - B :
mangrove à Avicenia sp.14
« palétuviers blancs » - C : Fourré marquant la
lisière des terres salées - D : Forêt dense
marécageuse de pente - E : Foret dense de plateau.
La défriche de la mangrove à Rhizophora
est nécessaire pour l'installation d'une nouvelle rizière. La
photographie de l'annexe 13 illustre le recul de la mangrove suite à la
création de la rizière à Tobor. La défriche se fait
en plusieurs étapes illustrée par le schéma ci
après. La défriche requière la coupe franche de tous les
Rhizophora.
Schéma 4 : Transects perpendiculaires au lit du
bolon des phases successives de la mise en culture d'une
rizière
profonde (VANDEN BERGHEN, et al.
1999).
« Légende : A : Zonation de la
végétation naturelle, avant le début des travaux. De
gauche à droite : la plaine alluviale portant une mangrove à
« palétuviers rouges » et, un peu plus haut, à «
palétuviers blancs » ; le fourré de lisière de la
mangrove ; une forêt marécageuse sur la pente douce aboutissant
à une basse terrasse.
12 Terme d'origine Mandingue désignant un bras
de mer bordé de palétuviers (OCEANIUM, 2008)
13 Embouchure fluviale envahie par la mer
(BRUNET-MORET, 1970).
14 Pour l'auteur, « B » sont des «
palétuviers blancs ». Or les palétuviers blancs sont
Laguncularia racemosa (SITI, 2008) et sont des arbustes ou
petits arbres branchus à la base, comme l'illustre le dessin suivant :
Schéma de Laguncularia racemosa par (BERTRAND,
1991). IL semble y avoir une confusion sur la variété
citée par BERHEN (palétuviers noirs et non pas blancs).
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
L'eau salée, sur le schéma, est à son
niveau le plus bas : lors d'une forte marée, elle recouvrira l'ensemble
de la mangrove jusqu'au fourré de lisière.- B : Deux digues
parallèles entre elles ont été édifiées :
elles sont percées de drains. Les terres endiguées ont
été défrichées. L'eau salée sur le
schéma, est à son niveau le plus élevé ; les drains
de la digue externe ayant été bouchés, elle ne peut plus
inonder les terres qui seront dessalées et mises en culture. - C :
Durant la saison des pluies, les terres mises à l'abri d'une inondation
par de l'eau salée sont inondées par de l'eau douce. Sur le
schéma, l'au salée est à son niveau le plus bas. L'eau
retenue derrière la digue est devenue saumâtre parce qu'une
fraction du sel contenu dans le sol s 'y est dissoute. En ouvrant les drains,
cette eau se déversera dans le bolon. - D : La parcelle la plus proche
du bolon n'a pas été labourée ; elle est utilisée
comme zone-tampon. La parcelle proche de la terrasse a été
travaillée : des plantules de riz ont été plantées
sur des banquettes. De l'eau douce est retenue derrière la digue interne
; elle peut être maintenue à un niveau optimal pour la culture du
riz par l'ouverture ou la fermeture des drains de la digue interne »
(VANDEN BERGHEN et al., 1999).
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