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Etude du projet de reboisement de palétuviers rhizophora en basse-casamance (sénégal) par l'ONG océanium.

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par Nicolas FAUGERE
ISTOM - Ingénieur en Agro-Développement International 2009
  

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III.6.3. La sensibilisation doit connaitre l'historique de la pêche en Casamance

La Casamance est dans la situation paradoxale où la pêche se développe alors qu'en zone fluviale les espèces deviennent moins diversifiées et les poissons moins nombreux et plus petits (CHAVEAU, et al., 2000). Les centres de pêche sont devenus permanents depuis le début des années 80. « Ce développement semble dû à la fois à une volonté politique de l'époque d'étendre la pêche vers la mer, et à un intérêt personnel évident des pêcheurs migrants de se sédentariser74 » (SAMBA, 1987). La carte suivante localise les centres de pêche le long du fleuve Casamance.

Carte 8 : Répartition des pêcheurs de Casamance selon leur origine d'après CORMIER-SALEM, 1989a.

74 Le revenu brut moyen mensuel des pêcheurs migrants de Casamance serait, à l'époque, environ le double de celui du pêcheur resté à Saint-Louis, pour une même technique de pêche : au filet dormant (SAMBA, 1987).

On remarque que l'extrême hétérogénéité ethnique du tissu social casamançais constitue une des données essentielles de la structuration sociologique du secteur de la pêche en Casamance (CORMIER-SALEM, 1992). L'arrivée successive de vague de peuplement a augmenté la pression de pêche, notamment en apportant de nouvelles techniques de pêche (DIAW, 1986). L'évolution des conditions historiques du développement de la pêche en Casamance a été la suivante :

Des années 1930 à 1950 les pêcheurs somono arrivent dans les villages de Moyenne et de Basse Casamance, où ils forment des unités familiales distinctes de celles déjà présentes (DIAW, 1986). Ils introduisent la version malienne du filet dérivant, le filet maillant félé-félé (DIAW, 1986). Les années 50 voient l'arrivée des pêcheurs tukulër75 puis waalo-waalo originaires de la vallée du Fleuve Sénégal (DIAW, 1986). On observe conjointement le développement actif mais bref d'une économie du poisson fumé, tournée vers la Guinée, basée entre Fanda (à l'Est de Ziguinchor) et Niafor (dans le Balantakunda). Ils jouent aussi un rôle décisif dans la diffusion d'un nouveau modèle de félé-félé et de la senne de plage en estuaire ainsi que dans l'expansion fantastique de la pêche crevettière faisant suite à l'implantation d'usines de traitement de ce produit. Cette période marque également le développement d'une pêche maritime saisonnière animée par les pêcheurs get-ndariens et lébu (DIAW, 1986). L'industrie du poisson fumé va susciter des activités intenses de pêche et d'échange, jusqu'à la fermeture de la frontière sénégalo-guinéenne en 1958 (DIAW, 1986). Elle encourage le développement de l'immigration de pêche, mais aussi l'insertion de nouvelles catégories sociales (transformateurs Susu et commerçants Pël, Malinke et Julo ou Jaxanke) dans une économie estuarienne en expansion (DIAW, 1986). Entre 1971 et 1973, l'usage du fil de nylon est introduit et la pêche à la senne devient techniquement possible tout le long de l'année et une nette tendance à la sédentarisation des waalo-waalo se développe. Ziguinchor, qui passe d'une petit bourg Baynouk de 800 habitants au début du XXème siècle à 32.000 habitants en 1960 et 700.000 habitant en 1975, est le centre de gravité de la pêche crevettière et de la pêche tout court (DIAW, 1986). L'économie crevettière est alors un facteur puissant de déstructuration de l'environnement et de restructuration de la pêche. Elle attire un nombre croissant de pêcheurs de poissons et accentue les conflits entre pêcheurs (DIAW, 1986). Entre 1974 et 1985, par un effet d'entraînement du désenclavement de CapSkiring (pour des activités touristiques76), un nombre croissant de pêcheurs du Nord migrent vers le littoral casamançais : des Lébou de la Presqu'île du Cap-Vert, des Sérèr de la Petite Côte, des Waalo- Waalo du Gandiole et du quartier de Guet-Ndar à Saint-Louis sur la Grande Côte et des Niominka du Saloum (CHAVEAU et al., 2000). Ces pêcheurs trouvent dans les complexes hôteliers un débouché à leurs captures de poissons (soles) et crustacés (langoustes) et fuyent, par ailleurs, la situation de plus en plus difficile de leurs régions d'origine. C'est ainsi plus de douze concessions de familles de pêcheurs, (soit environ 600 personnes originaires des autres régions littorales sénégalaises), et enfin, un campement de migrants saisonniers guinéens qui s'installent (CHAVEAU et al., 2000). L'hivernage catastrophique de 1983, la chute brutale de la production et la fermeture temporaire des usines l'année suivante (puis la fermeture permanente quelques années plus tard), entrainent la dislocation de familles entières qui vont « tenter leur chance » ailleurs, notamment en Gambie, en Guinée-Bissau, à Dakar, et aussi en France, au Gabon et en Cote d'Ivoire (DIAW, 1986).

75 Les premiers migrants tukulër viennent d'abord en Casamance pour s'y procurer des pirogues faites d'espèces abondantes en Casamance comme le caïcedrat. Le premier type de pêche pratiqué par les Subalbes (caste des pêcheurs tukulër) en Casamance est la pêche au harpon utilisé pour chasser le crocodile (pour sa peau) et le lamantin (pour sa chair).

76 Un aéroport est construit dès 1971, qui relie de nos jours quotidiennement le Cap-Skiring à l'aéroport international de Dakar. Le village de vacances du Club Méditerranée est ouvert en 1974, jouxtant le campement de pêcheurs migrants. La "Route du Sud", bitumée et donc praticable toute l'année, est achevée en 1981 et permet d'atteindre Cap-Skiring en moins d'une heure depuis Ziguinchor, capitale régionale. En une dizaine d'années, la plage, autrefois inoccupée, devient le lieu d'occupation de plus de 10 hôtels et campements touristiques d'une capacité totale de 1190 lits (CHAVEAU, et al., 2000).

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand