III.3. Satisfaire l'objectif global
54 Il y 5 communautés rurales dans le
département de Ziguinchor, les 5 du département d'Oussouye et les
14 du département de Bignona.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
La logique utilisé par Océanium est qu'il «
suffit d'agir » (10 fois plus) pour réhabiliter la
mangrove. On retrouve l'idée que l'action prime sur tout le reste dans
le discours de conclusion de la campagne de reboisement énoncé
par Haïdar EL ALI le 21 décembre 2008 (cf. page 4). On retrouve
souvent dans ses discours l'idée selon laquelle «plus on a de
résultats et plus on a de victoire »55. C'est en cela
que Haïdar est un activiste.
Aussi, il ne manque pas de faire remarquer que les
études n'apprennent rien au regard de ce que l'action enseigne (cf.
citation page 4). Cependant Haïdar a éliminé des
informations pertinentes pour la durabilité du projet. Le schéma
suivant permet de situer ces données par rapport au projet. Nous
proposons comment le projet doit intégrer ces informations à
l'action.
III.3.1. Le besoin d'une étude préalable du
risque
Aucune hypothèse critique n'est envisagée dans
le plan d'action du projet. Parmi les hypothèses de faillite du projet
les plus évidentes on trouve le risque de coupe et l'excès de sel
après le reboisement. Le graphique suivant place ces risques sur une
échelle de probabilité et de gravité.
PROBABILITE/FREQUENCE
Certaine
Surement Possible
Peu possible Rare
Zone « acceptable »
Zone « non acceptable »
Coupe Excès de sel
Mineur Medium Sérieux Majeur Catastrophique GRAVITE
Tableau 5 : Probabilité et gravité des
hypothèses critiques non prises en compte pour l'atteinte de
l'objectif
global (FAUGERE, 2009).
On note que la coupe a une probabilité «
possible » et une gravité « sérieuse
» pour le projet. L'excès de sel a une probabilité
« possible » et une gravité «
catastrophique ». Nous détaillons les niveaux de risque et
de gravité choisis pour chacune des hypothèses de risque, en
commençant par le risque de coupe.
La coupe des Rhizophora après le
reboisement
La coupe des Rhizophora a une conséquence
« sérieuse ». Il y a un risque « sérieux
» pour que les populations qui ne sont pas sensibilisées au moment
de reboiser refassent des coupes sèches de mangrove une fois la mangrove
suffisamment grande. La sensibilisation peut s'appuyer sur les règles
coutumières d'accès à l'espace d'exploitation. Le
schéma suivant illustre qu'il existe une gestion cohérente des
ressources sur tout le territoire villageois, permise par l'emprise des
autorités coutumières (REY, 2007).
55 En référence à la phrase de
Suzanne Martel (journaliste québécoise) :« Une victoire
est une victoire. C'est le résultat qui compte ».
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Schéma 14 : Organisation coutumière
d'accès à l'espace d'exploitation (REY, 2007).
Légende : la zone exondée est
l'espace de coteau et la zone tampon.
On note que les formations denses de palétuvier en bord
de chenal sont interdites de coupe par les règles coutumières.
Les formations claires de palétuviers sont contrôlées par
les règles coutumières.
Cependant les règles coutumières ne sont
respectées que par ceux qui la reconnaissent. La probabilité de
risque reste donc « possible ».
Un excès de sel après le
reboisement
Contrairement aux idées reçues, les
problèmes de sel ne viennent pas de la mer mais du sol (plus salé
que la mer) (SOW56, 2008, Com.Pers.). La salinité des sols
est augmentée avec l'évaporation intense qui se manifeste pendant
la longue saison sèche et chaude (8 mois) (MOUGENOT et al.,
1990). Le déficit et la mauvaise répartition des pluies ont
rétréci les lits des cours d'eau (CSE, 2008). Il en
résulte au niveau des vasières un rétrécissement de
la mangrove à Rhizophora sur les bras principaux et sa
disparition presque totale sur les bras secondaires (LOYER et al.,
1987).
Il est impossible de prévoir avec certitude la
pluviométrie pour les années à venir. La
probabilité d'un excès de sel est donc encore « possible
». Si le risque se réalise les conséquences sont «
majeures » pour le projet. Cette hypothèse doit être
prise en compte dans le projet. Il est possible de réduire la
gravité du risque en créant de nouveaux lits de cours d'eau. Pour
cela on peut creuser des canaux d'irrigation à partir des les bolons.
D'une telle manière on augmente la surface de mangrove en bordure
d'eau.
56 Responsable de l'Initiative Mangrove en Afrique de
l'Ouest pour l'UICN
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
Les conséquences d'un reboisement mono-genre,
sans distinction de l'espèce et sur 1.000 ha ne sont pas
questionnées
Aucune étude d'impact préalable au reboisement
mono-genre de 5 millions de Rhizopho ra n'a été
envisagée. Rhizophora et Avicenia ont pourtant les
mêmes niches écologiques : mêmes prédateurs,
mêmes habitants, mêmes consommations (LAWRENCE, 1984). Le
reboisement a augmenté la densité de Rhizophora dans une
zone où Avicenia et Rhizophora coexistent (IDEE
Casamance, 2008).
Aucune attention n'a été portée à
l'espèce plantée. Pourtant, il existe trois espèces de
Rhizophora en Basse-Casamance : Rhizophora mangle, Rhizophora
racemosa et Rhizopho ra harrisonii (IDEE Casamance et
al., 2003). Les villageois savent reconnaître les espèces les
unes des autres. Il est possible que certaines espèces soient en
compétition et que la dynamique du peuplement reboisé en soit
affecté (THOM, 1984). L'espèce la plus résistante et la
plus prolifique dominera et éliminera l'autre. Les résultats du
reboisement en seront donc affectés. D'autre part, une étude du
brassage génétique intra-spécifique et inter-specifique
doit être menée afin de s'assurer du maintien de la
diversité génétique.
Aucune raison n'a été donnée par
Océanium pour justifier 1.000 hectares à reboiser (ni plus, ni
moins), si ce n'est de « vouloir multiplier par 10 la quantité
plantée en 2008 ». Nous ne savons pas s'il existe un peuplement
optimal pour une régénération naturelle sur un site de
reboisement.
|