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Etude du projet de reboisement de palétuviers rhizophora en basse-casamance (sénégal) par l'ONG océanium.

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par Nicolas FAUGERE
ISTOM - Ingénieur en Agro-Développement International 2009
  

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III.3. Satisfaire l'objectif global

54 Il y 5 communautés rurales dans le département de Ziguinchor, les 5 du département d'Oussouye et les 14 du département de Bignona.

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

La logique utilisé par Océanium est qu'il « suffit d'agir » (10 fois plus) pour réhabiliter la mangrove. On retrouve l'idée que l'action prime sur tout le reste dans le discours de conclusion de la campagne de reboisement énoncé par Haïdar EL ALI le 21 décembre 2008 (cf. page 4). On retrouve souvent dans ses discours l'idée selon laquelle «plus on a de résultats et plus on a de victoire »55. C'est en cela que Haïdar est un activiste.

Aussi, il ne manque pas de faire remarquer que les études n'apprennent rien au regard de ce que l'action enseigne (cf. citation page 4). Cependant Haïdar a éliminé des informations pertinentes pour la durabilité du projet. Le schéma suivant permet de situer ces données par rapport au projet. Nous proposons comment le projet doit intégrer ces informations à l'action.

III.3.1. Le besoin d'une étude préalable du risque

Aucune hypothèse critique n'est envisagée dans le plan d'action du projet. Parmi les hypothèses de faillite du projet les plus évidentes on trouve le risque de coupe et l'excès de sel après le reboisement. Le graphique suivant place ces risques sur une échelle de probabilité et de gravité.

PROBABILITE/FREQUENCE

Certaine

Surement Possible

Peu possible Rare

Zone « acceptable »

Zone « non acceptable »

Coupe Excès de sel

Mineur Medium Sérieux Majeur Catastrophique GRAVITE

Tableau 5 : Probabilité et gravité des hypothèses critiques non prises en compte pour l'atteinte de l'objectif

global (FAUGERE, 2009).

On note que la coupe a une probabilité « possible » et une gravité « sérieuse » pour le projet. L'excès de sel a une probabilité « possible » et une gravité « catastrophique ». Nous détaillons les niveaux de risque et de gravité choisis pour chacune des hypothèses de risque, en commençant par le risque de coupe.

La coupe des Rhizophora après le reboisement

La coupe des Rhizophora a une conséquence « sérieuse ». Il y a un risque « sérieux » pour que les populations qui ne sont pas sensibilisées au moment de reboiser refassent des coupes sèches de mangrove une fois la mangrove suffisamment grande. La sensibilisation peut s'appuyer sur les règles coutumières d'accès à l'espace d'exploitation. Le schéma suivant illustre qu'il existe une gestion cohérente des ressources sur tout le territoire villageois, permise par l'emprise des autorités coutumières (REY, 2007).

55 En référence à la phrase de Suzanne Martel (journaliste québécoise) :« Une victoire est une victoire. C'est le résultat qui compte ».

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

Schéma 14 : Organisation coutumière d'accès à l'espace d'exploitation (REY, 2007). Légende : la zone exondée est

l'espace de coteau et la zone tampon.

On note que les formations denses de palétuvier en bord de chenal sont interdites de coupe par les règles coutumières. Les formations claires de palétuviers sont contrôlées par les règles coutumières.

Cependant les règles coutumières ne sont respectées que par ceux qui la reconnaissent. La probabilité de risque reste donc « possible ».

Un excès de sel après le reboisement

Contrairement aux idées reçues, les problèmes de sel ne viennent pas de la mer mais du sol (plus salé que la mer) (SOW56, 2008, Com.Pers.). La salinité des sols est augmentée avec l'évaporation intense qui se manifeste pendant la longue saison sèche et chaude (8 mois) (MOUGENOT et al., 1990). Le déficit et la mauvaise répartition des pluies ont rétréci les lits des cours d'eau (CSE, 2008). Il en résulte au niveau des vasières un rétrécissement de la mangrove à Rhizophora sur les bras principaux et sa disparition presque totale sur les bras secondaires (LOYER et al., 1987).

Il est impossible de prévoir avec certitude la pluviométrie pour les années à venir. La probabilité d'un excès de sel est donc encore « possible ». Si le risque se réalise les conséquences sont « majeures » pour le projet. Cette hypothèse doit être prise en compte dans le projet. Il est possible de réduire la gravité du risque en créant de nouveaux lits de cours d'eau. Pour cela on peut creuser des canaux d'irrigation à partir des les bolons. D'une telle manière on augmente la surface de mangrove en bordure d'eau.

56 Responsable de l'Initiative Mangrove en Afrique de l'Ouest pour l'UICN

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

Les conséquences d'un reboisement mono-genre, sans distinction de l'espèce et sur 1.000 ha ne sont pas questionnées

Aucune étude d'impact préalable au reboisement mono-genre de 5 millions de Rhizopho ra n'a été envisagée. Rhizophora et Avicenia ont pourtant les mêmes niches écologiques : mêmes prédateurs, mêmes habitants, mêmes consommations (LAWRENCE, 1984). Le reboisement a augmenté la densité de Rhizophora dans une zone où Avicenia et Rhizophora coexistent (IDEE Casamance, 2008).

Aucune attention n'a été portée à l'espèce plantée. Pourtant, il existe trois espèces de Rhizophora en Basse-Casamance : Rhizophora mangle, Rhizophora racemosa et Rhizopho ra harrisonii (IDEE Casamance et al., 2003). Les villageois savent reconnaître les espèces les unes des autres. Il est possible que certaines espèces soient en compétition et que la dynamique du peuplement reboisé en soit affecté (THOM, 1984). L'espèce la plus résistante et la plus prolifique dominera et éliminera l'autre. Les résultats du reboisement en seront donc affectés. D'autre part, une étude du brassage génétique intra-spécifique et inter-specifique doit être menée afin de s'assurer du maintien de la diversité génétique.

Aucune raison n'a été donnée par Océanium pour justifier 1.000 hectares à reboiser (ni plus, ni moins), si ce n'est de « vouloir multiplier par 10 la quantité plantée en 2008 ». Nous ne savons pas s'il existe un peuplement optimal pour une régénération naturelle sur un site de reboisement.

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