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Etude du projet de reboisement de palétuviers rhizophora en basse-casamance (sénégal) par l'ONG océanium.

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par Nicolas FAUGERE
ISTOM - Ingénieur en Agro-Développement International 2009
  

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III.1.3. Ne pas exclure l'administration décentralisée

Le plus souvent, c'est uniquement avec les responsables de zone (souvent des commerçants ou des agriculteurs) que nous nous sommes entretenus pour obtenir l'accord de reboiser sur les terres du village. La présence des anciens au moment du reboisement nous conforte dans l'acceptation du projet par les villageois. En effet, les anciens sont les représentants de l'autorité coutumière du village. Il est bénéfique pour le projet de prendre en compte le droit coutumier, d'autant plus que les zones de reboisement sont des zones de propriété collective51 (THOMAS, 1959). Cependant le projet ne prend pas en compte le droit régalien selon lequel les terres sont la propriété de l'État qui délègue ses pouvoirs aux Communautés Rurales. D'après la loi 96.07 du 22 mars 1996 portant transfert des compétences (PRODDEL, 1996), l'article 29 stipule que les opérations de reboisement sont de la compétence des communes. C'est donc la Communauté Rurale du village où on reboise, par l'intermédiaire du conseil rural et de son Président, qui gère les attributions des terres, et donc les droits de plantation. Le conseil rural est élu pour 5 ans, pour deux tiers au suffrage universel direct et, pour un tiers, par l'assemblée générale de la ou des coopératives fonctionnant dans la communauté rurale. Il siège au village chef lieu de la communauté rurale. Le conseil rural règle, par ses délibérations, les affaires de la communauté rurale, notamment les modalités d'exercice de tout droit d'usage pouvant s'exercer à l'intérieur du terroir. Le président du conseil rural est élu par ses membres, à la majorité absolue et au scrutin public. Le président du conseil rural est chargé de l'administration de la collectivité rurale. Il représente le sous préfet dans la communauté rurale. Il affecte les terres du domaine

50 D'où l'expression que nous avons choisie en couverture : « trop de sel gâche la marmite ».

51 La propriété collective regroupe de droit éminent et le droit d'usage collectif (REY, 2007). Le droit éminent est le droit qu'a un groupe sur tout un espace, par un accord de surnature. Il est détenu par les primo-arrivant qui ont un contrat moral avec les génies ou les ancêtres (REY, 2007).

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

national. Il prononce, le cas échéant, la désaffectation de ces terres, contrôle l'exercice de tout droit d'usage et autorise l'installation d'habitations ou de campements.

Haïdar est militant de l'opposition au gouvernement actuel du Sénégal. Ses propos dans les médias accusent le gouvernement et ses représentants d'être incompétents en gestion de l'environnement.

« Comment est ce qu'on peut parler d'écologie à des gouvernants qui sont corrompus, qui ne se préoccupent que de vendre nos ressources au détriment de leur population. Je vis dans un pays qui fait partie des pays les plus pauvres du monde, le deuxième pays au monde le plus aidé. Et dans mon pays les dirigeants font partis des hommes les plus riches du monde. Comment vous pouvez comprendre cela et nous parler d'écologie dans ce pays le Sénégal ? Ce n'est pas possible. »

Haïdar El Ali, mai 2008,

Extrait de sa déclaration au congrès mondial « Global Greens 52» de Sao Paulo

« On ne peut pas atteindre de résultat concret sans faire de politique, sans entrer à l'Assemblée nationale pour décider des lois. Aujourd'hui, ceux qui décident sont incompétents et ne se rendent pas compte de la dégradation du milieu naturel. On ne peut plus attendre de voir le changement promis lors de l'élection d'Abdoulaye Wade. On veut aider à le provoquer. »

Haïdar El Ali, 2002,

Propos recueillis par Fanny Pigeaud pour la RTS (Radio-Télévision Sénégalaise)

Le pays est en crise politique (discrédit de 1'État auprès de la majorité de la population), économique et sociale. La crise sociale est exacerbée en Casamance par le sentiment de marginalisation par rapport aux populations du nord du Sénégal, proches de Dakar. Le reboisement est instrumentalisé, souvent à l'insu du projet, pour l'expression des revendications indépendantistes, dans le débat sur l'appropriation des ressources communes renouvelables (CHAVEAU, et al., 2000). Les partisans de ce débat se complaisent dans les propos de Haïdar, et on les retrouve en Casamance.

« Dommage, en Casamance la chèvre de désertification porte le képis et des galons. Dans 5 ans ce sera le désert en Casamance si jamais on n'arrête pas de délivrer les permis de complaisance et si jamais on n'arrache pas aussi les tronçonneuses. Si aujourd'hui on crie, on parle de l'émigration clandestine c'est parce qu'ils ont fini de saper toutes les ressources halieutiques. Il n'y a pas une bonne gestion de l'environnement, des ressources naturelles. » Groupe casamançais « Abdou Elinkine », musique pour Haïdar. Un concert de ce groupe a été organisé à Bignona en septembre 2008 en l'honneur de reboisement d'Océanium.

Bien que la notoriété de Haïdar ait servi au projet et qu'elle puisse constituer une innovation dans le mode opératoire, d'autres questions méritent d'être posées. Le fait que le président de l'ONG soit un activiste de l'opposition est il un facteur d'exclusion de l'ONG, face à des partenaires institutionnels tels que l'Agence des Eaux et Forêts de Bignona par exemple ? Est-il involontairement un facteur d'exclusion de certains bénéficiaires « pro- gouvernementaux » ? Nous recommandons de séparer les activités politiques des activités de l'ONG, conformément à l'Article 1.5 des statuts de l'association (datés du 17 septembre 1985): « L'Association ne poursuit aucun but lucratif, elle s'interdit toute discussion ou

52 Le congrès mondial « Global Green » est un congrès qui réuni les militants et les mouvements politique écologistes.

FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par l'ONG Océanium de
Dakar. Mémoire de fin d'étude d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.

manifestation présentant un caractère racial, politique ou confessionnel ». Nous recommandons notamment de séparer la gestion des comptes et de la trésorerie.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard