CHAPITRE III : Les améliorations possibles au
projet
Les deux premières améliorations visent à
palier les menaces évoquées précédemment ; à
savoir s'assurer que le projet est participatif et volontaire, et faire en
sorte qu'il satisfait son objectif. La troisième recommandation est de
porter une attention au droit d'usage des parcelles reboisés car sa
négligence est un facteur de risque en plus pour la durabilité
des plantations. La recommandation suivante est qu'Océanium doit
consulter les scientifiques et leur faire partager ses résultats. Enfin,
nous proposons une ébauche pour le guide de suivi du reboisement. Pour
finir, nous dressons l'analyse des faiblesses, des points forts, des menaces et
des opportunités de l'ONG et nous lui proposons un plan
stratégique lui permettant d'intégrer le suivi dans son
fonctionnement.
III.1. S'assurer d'une participation volontaire
III.1.1. Pérenniser l'intervention
Pérenniser par une « logique
programme »
Nous suggérons à Océanium
d'intégrer une logique « programme » au lieu de faire
4 projets successifs de reboisement (2006-2007-2008 et bientôt 2009). Une
conséquence à l'absence de la logique « programme
» est qu'il n'y a pas de suivi des résultats des années
précédentes. La mise en place d'un programme de reboisement
permet de prendre en compte les risques à long terme du reboisement.
Nous définissons ces risques par la suite, dans la partie , à la
page 51.
L'intégration d'une logique programme permettrait à
OCEANIUM d'être éligible à plus de financements publics
(les bailleurs publics ne financent que 2,5% du projet, cf. page 16).
Pérenniser par un suivi toute
l'année
Aucune fiche de suivi n'a été
élaborée pour faire remonter les informations des responsables de
zones aux dirigeants d'Océanium (manière «
bottom-up »), ce qui fait que le temps de remontée de
l'information est long et la réactivité aussi. « Ce
problème est récurent au sein de l'association et handicape la
bonne mise en oeuvre des projets » (TILLEUL, 2008)49. Ceci
est notable en interne : peu de réunions de concertation d'équipe
et les réunions sont souvent informelles. Ceci est également
notable en externe : la fréquence des réunions et reporting avec
les bénéficiaires est insuffisante. Il faut quelquefois que les
partenaires sollicitent Océanium à plusieurs reprises avant
d'avoir un retour. Ce manque de disponibilité a des répercutions
négatives pour l'image de l'association. Les villageois reprochent
à Océanium ce manque de suivi et de réactivité. Les
résultats d'Océanium reposent sur la participation des
bénéficiaires et si les réproches continuent ils risquent
d'abandonner le projet. Océanium sait pourtant être réactif
une fois sur le terrain (pour faire face à des problèmes
techniques). Ce paradoxe est du à un trop grand nombre de «
foyers » allumés en même temps alors que le
personnel permanent est très restreint : 1 président (aussi
président du FEDES), 1 chef de programme (qui doit être
présent sur tous les terrains d'intervention à la fois), 1
assistante (assistante de projet, comptable et secrétaire de l'ONG).
L'organisation du
49 Nadine TILLEUL travail pour l'ONG Océanium,
assistante de Jean GOEPP, chef de programme de l'Océanium.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
travail, en plus de ne pas être défini clairement
(aucune fiche de poste), s'organise dans l'urgence et laisse peu de temps au
suivi-évaluation. De temps en temps, les nerfs lâchent ce qui ne
détend pas l'ambiance et explique un fort turn-over du personnel
embauché. Le personnel permanent est complété tout au long
de l'année par un stagiaire de 6 mois à qui on confie des
responsabilités de chef de mission. Du fait de ce roulement biannuel,
les villageois ont l'impression que le personnel permanent (les 3 piliers) se
« détachent » de leurs préoccupations. Nous
recommandons aux membres du bureau de se rapprocher physiquement de leurs
partenaires avant qu'ils ne démissionnent. Océanium est en
perpétuelle phase d'identification, toujours à la recherche de
nouveaux projets, sans avoir finalisé les projets actuels. « Le
projet, comme tous les projets de l 'Océanium, faute de temps, n 'a pas
fait l'objet d'une conception méthodique50.»
(TILLEUL, 2008)49. C'est là l'un des inconvénients de
l'activisme dont Haïdar est la locomotive. L'activisme désigne un
engagement privilégiant l'action directe. L'activisme de Haïdar ne
laisse pas de temps au suivi-évaluation et à
l'appréciation des risques des projets (défini au Tableau 5 :
Probabilité et gravité des hypothèses critiques non prises
en compte pour l'atteinte de l'objectif global (FAUGERE, 2009), page
52).
III.1.2. Reconnaitre tous les villages participants sur un
même pied d'égalité
Les villageois qui repiquent sont indemnisés pour leur
mobilisation. L'indemnité va de 1.064 FCFA/sac pour la zone 9 à
226 FCFA/sac pour la zone 13 (en date du 12/10/2008). La différence
d'indemnisation peut porter préjudice au projet pour les années
suivantes, si certains villages se sentent lésés.
|