II.1.6. Les routes ont détruit la mangrove à
Rhizophora
Le projet ne prend pas en compte la modification de
l'écoulement, alors qu'elle peut être fatale à la survie
des Rhizophora repiquées.
Les routes ont modifié le régime des
marées et de l'inondation quotidienne de la Basse- Casamance en
déviant les lits mineurs et en asséchant des bas-fonds. En
faisant obstacle à l'écoulement de l'eau les routes favorisent et
accélèrent la sédimentation. Lorsque la charge
sédimentaire est forte, il s'en suit un relèvement rapide du
substrat. La vitesse de relèvement du substrat varie d'un point à
un autre, en fonction des propriétés géomorphologiques et
hydrodynamiques locales. Il arrive un moment où le relèvement du
substrat par sédimentation asphyxie43 les arbres. Les
mangroves « s 'autodétruisent » en piégeant
dans leurs racines aériennes des sédiments qui ne sont plus
évacués à la suite de l'apparition d'un obstacle à
l'écoulement de l'eau44. Les modifications sur le couvert
végétal se voient à l'oeil nu. Il y a de nombreux «
cimetières de mangrove » en Basse-Casamance. La
photographie de l'annexe 12 illustre le cimetière de mangrove de
Bafican.
Des précautions doivent être prises pour
minimiser l'impact écologique des routes qui traversent la mangrove
(comme par exemple l'axe Ziguinchor-Tobor, cf. Carte 4, page 29). Il faut
minimiser l'interférence avec le flux d'eau en construisant les routes
parallèlement au flot de surface (bolon et marées) (SAENGER,
HEGERL, & DAVIE, 1983) ou en aménageant des passages d'eau.
En rétablissant l'écoulement naturel on
participe aussi à la régénération naturelle des
Rhizopho ra. La régénération observée en
Basse-Casamance est dans un état sanitaire excellent45
(DOYEN, 1985).
II.1.7. L'augmentation du niveau de la mer diminue la
surface de Rhizophora de
l'embouchure
Les projections font état d'une élévation
de 50 cm à 1 m en moyenne à l'horizon 2100. La résolution
VIII de la convention Ramsar recommande, dans la protection et l'utilisation
durable des mangroves, de « prendre des mesures contre l'effet de
l'élévation du niveau de la mer qui pourrait entrainer la perte
d'habitats et de processus génétiques », et de «
tenir compte de l'éventuelle migration des mangroves vers
l'intérieur en réaction à l'élévation du
niveau des mers »(GAUDIN, 2006).
Dans l'estuaire de Gambie, à quelques dizaines de
kilomètres seulement de l'estuaire de la Casamance, la mangrove à
Rhizophora progresse vers l'amont (RUË, 2002). Une étude
de la dynamique des mangroves dans l'estuaire de Casamance permettra d'affiner
l'impact de l'élévation du niveau de la mer sur la diminution de
la mangrove à Rhizophora en Basse- Casamance.
Le projet ne prend pas en compte les effets ...ne prennent pas
en compte tous les facteurs qui agissent sur ses parce qu'il n'a pas
d'activité pour gérer les risques. Nous avons vu que le projet ne
satisfait pas son objectif car ses résultats ne suffisent et ne sont pas
durable.
43 Le manque d'oxygène a plusieurs causes, à
marée basse, lorsque la mer s'est retirée : la taille très
fine des particules d'argile, la persistance d'eau interstitielle,
l'utilisation de l'oxygène par les micro-organismes de
biodégradation et bien entendu, l'épaisseur accrue de la couche
sédimentaire.
44 De plus, la matière organique produite durant toute
la saison sèche demeure pratiquement intacte au sol, en raison de
l'élévation de la salinité et de l'arrêt presque
complet de l'activité microbienne de décomposition. Les arbres
perdent de leur vigueur et progressivement dépérissent.
45 La densité et la vigueur des plants en sont
les critères.
FAUGERE N. 2009. Étude du projet de reboisement de
palétuviers Rhizophora en Basse-Casamance (Sénégal) par
l'ONG Océanium de Dakar. Mémoire de fin d'étude
d'ingénieur en Agro-Développement International (ISTOM). 96p.
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