WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Paradoxe d'apprentissage dans les partenariats d'innovation

( Télécharger le fichier original )
par Mohamed RAOUAK
Sup de Co Montpellier - MBA 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

9.3.4. Implications

La modularité limite le besoin de contrôle (Tiwana 2008). C'était le cas de NextSol où le contrat a pu être signé avant le démarrage du projet. Le contrat n'a pas besoin de décrire toutes les subtilités des engagements. Les interfaces du module de MediaPlug avec l'architecture de NextSol sont clairement définies et définies ex-ante. La négociation est moins élaborée. Pour le cas de LabsNord, c'est différent. Bien qu'on soit dans une configuration modulaire, les interfaces entre le nouveau module et les modules existants sont volatiles. Le contrat n'aurait pas couvert les incertitudes tant pour le client (LabsNord) que pour le fournisseur (AvantCell). Plus la modularité est faible plus l'ambigüité et la volatilité sont fortes.

Le degré de modularité est plus élevé dans le cas de NextSol. Le retour qu'on a eu concernant le transfert limité de compétences confirme le postulat que plus la modularité des composants est forte, moins le transfert de compétences est étendu (Mikkola 2003). A l'inverse le cas de LabsNord est caractérisé par une modularité moyenne donc plus d'interactions et d'échanges. Cela induit, par conséquent, plus de transfert de compétences.

Dans les deux cas, les connaissances sont complexes mais elles n'impliquent pas les mêmes dispositifs de protection. Dans un cas, il s'agit d'une boîte noire clairement délimitée et dans l'autre il s'agit de modules avec des interfaces instables. Le client (LabsNord) essaie de ne divulguer que ce qui est nécessaire à l'intégration des nouveautés. Il y arrive tant bien que mal et des conflits sur le périmètre de responsabilité ressurgissent de temps en temps. Plus les compétences sont complexes, plus leur transfert est délicat et plus de modularité est nécessaire pour une gestion efficace.

Le mode organisationnel est influencé par la modularité du produit (Frigant & Talbot 2005). Dans nos deux cas, les interfaces entre les équipes sont clairement définies. Chaque partenaire n'a accès qu'aux spécialistes concernés de l'autre.

NextSol a envisagé l'acquisition de MediaPlug. Les raisons de Vanhaverbeke, Duysters & Noorderhaven (2002) nous semblent moins pertinentes dans nos deux cas. L'historique des relations n'expliquent pas de telle décision d'acquisition. Les réponses qu'on a eues s'orientent plutôt vers des raisons de s'approprier la technologie et donc de la rendre inaccessible aux concurrents. Quant à LabsNord, les liens directs et historiques n'ont pas ouvert de possibilités de fusion/acquisition.

NextSol, contrairement à LabsNord, a géré plusieurs alliances de même type sur d'autres modules acquis de l'extérieur. La disparité des partenaires aide l'entreprise à sauvegarder son patrimoine des tentatives d'expropriation. Elle dispose également d'une structure R&D interne renforçant sa capacité d'innovation (W. M. Cohen & Levinthal 1990). De plus, NextSol dispose de compétences redondantes avec celles de MediaPlug. Cela facilite l'accès à la technologie et renforce le dynamisme d'acquisition de nouvelles compétences (Mowery, Oxley & Silverman 1996).

L'implication du client final dans la définition du produit attendu est un point clé quant au dynamisme d'innovation et d'acquisition d'information sur le marché (Prajogo, Power & Sohal 2004; Knudsen 2007). Dans nos deux cas, la pression d'innovation provient du client final. « Cette urgence compétitive » (D'Aveni 1994) a été relayée sur le fournisseur.

La relation est cyclique en ce sens qu'on négocie les modifications et les nouvelles demandes en les traduisant par la formulation des engagements dont l'exécution est suivie (ou interrompue) par de nouvelles négociations (Modèle NCE de Marshall (2004)). Cette relation cyclique concerne les deux cas notamment le cas d'innovation produit (LabsNord) à cause de l'absence de contrat formel dès le début du projet.

Les deux innovations diffèrent par la possibilité de « reverse engineering ». Celle de composant est difficile à imiter puisqu'elle est livrée sous forme de boîte noire (Mikkola 2003). L'innovation produit est facilement copiable. Ce qui explique que la confidentialité dans ce dernier cas était limitée dans le temps (Hurmelinna-Laukkanen & Puumalainen 2007), sa fin prenant effet dès la commercialisation du produit.

Dans le cas d'innovation de composant il y a eu une synergie entre NextSol et MediaPlug grâce à la formalisation d'un cadre de travail, à l'autonomie R&D, à la communication personnelle et électronique, et à l'interaction des intervenants (Persaud 2005). Cette synergie a permis à chacun de garder un contrôle relatif sur ses compétences stratégiques. Dans le cas de LabsNord, cette synergie a été amoindrie à cause du manque d'autonomie R&D du fournisseur et à la faible formalisation des engagements.

Dans les deux cas, on n'implique pas le fournisseur dans la définition du produit. On fait appel au partenaire pour tirer profit de sa spécialisation (NextSol) ou de sa capacité d'intégration de nouvelles fonctions sur une plateforme pré-définie (LabsNord). On est loin de l'optimisme d'une certaine littérature où l'implication du fournisseur est un facteur clé de réussite (par exemple Bozdogan et al. (1998)).

Le degré d'apprentissage entre les entités, même s'il diffère dans les deux cas, reste relatif pour des raisons structurelles et comportementales (Ingham & Mothe 1998). Structurellement à cause de la modularité et d'une activité R&D propre. Comportementalement à cause de la volonté affichée de restreindre l'échange de certaines informations critiques. Les experts assument les rôles et les obligations qu'on leur a attribués. Cela a été quelque peu ébranlé à cause des sollicitations du client final. Dans les projets modulaires, la modularité est effective tant que les modifications des modules ne sont pas radicales (Ernst 2005).

Ce qui caractérise la relation du premier cas est la recherche d'accès à la compétence et la relation du deuxième cas la recherche de capacité (Takeishi 2002). Dans le premier cas, il s'agit de disposer de compétences de l'extérieur qu'on peut tout à fait générer en interne. Dans le deuxième cas, il s'agit d'éléments qu'on est incapable de produire soi-même. Le niveau de dépendance ainsi que les risques sont différents. Les deux types d'alliances contractuelles reflètent cela : intégration de composant multimédia au travers de « licensing » et intégration de composants (design, IHM) au travers de développement conjoint. Elle est plus contractuelle dans le premier et moins dans le second et inversement pour l'aspect relationnel. Le niveau de protection est également différent. Le design mécanique est banalisé dès son apparition sur le marché contrairement aux applications logicielles protégées institutionnellement (brevet) ou gardées secrètes (secret commercial).

Dans cette deuxième partie, nous avons exposé et analysé nos deux cas empiriques. Il en ressort que les trois dimensions (contrat, relation et modularité) interagissent entre elles dans les alliances technologiques pour donner des effets différents sur le paradoxe d'apprentissage.

Dans le premier cas, le transfert de compétences était limité à cause de la modularité interorganisationnelle du client et la stabilité des interfaces techniques. Le relationnel est mis en place du fait de la pression du client final qui exigeait des modifications du module. Ces modifications était arbitrées dans le cadre du contrat mais ont induit plus d'interactions donc plus de transfert d'informations tacites de part et d'autre. Une situation qui a

probablement donné lieu à des négociations d'acquisition de MediaPlug par NextSol.

Dans le deuxième cas, la modularité s'appuyait sur des interfaces instables. Les deux partenaires étaient conscients de ce fait et privilégiaient une gouvernance relationnelle avec un cadre contractuel a minima. Les connaissances tacites ont été échangées du fait de l'intégration relative des activités R&D. Malgré une gestion contractuelle faible, le transfert des connaissances explicites était contrôlé au jour le jour via des mécanismes propres au client (sensibilisation du personnel, contrôle des canaux de communication avec le fournisseur ...). La protection était limitée dans le temps ce qui rend la relation plus souple car le client était sûr de ce qu'il devait protéger et ne pas protéger et pour combien de temps.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon