Depuis les années 70, les domaines d'intervention
privilégiés des militants de l'écologie politique
demeurent le secteur associatif et les partis politiques. L'évolution de
ces terrains d'action nous éclaire quant à leur influence, par le
biais de l'opinion publique, sur la politique gouvernementale, mais aussi
réciproquement quant à leur adaptation au mainstream
institutionnel. Nous traiterons en premier lieu du secteur associatif du
fait de son influence sur la première phase d'impulsion
institutionnelle.
Au niveau associatif, tandis que l'organisation structurelle
tend à canaliser et orienter la dynamique contestataire, l'action de
mobilisation/médiatisation a la faculté de générer
un climat de tension propice à une réaction institutionnelle. Par
ailleurs, nous notons que la conjonction de ces facteurs - organisation et
mobilisation/médiatisation - amplifie leur impact spécifique.
C'est le cas au tournant des années 70: le regroupement
de la Fédération française des sociétés
de
protection de la nature (FFSPN)10 en 1968 est suivi de
près par leur mobilisation pour la défense du
9 Les Trente Glorieuses est une expression
inventée en 1979 par l'économiste français Jean
Fourastié pour désigner la période d'expansion
économique continue de 1945 à 1973. (Wikipédia)
10 La FFSPN regroupe la Société
nationale de protection de la nature, la Ligue de protection des oiseaux et des
dizaines d'autres associations à vocation locale ou régionale.
Parc national de la Vanoise entre 1969 et 1971. Saisi par la
forte médiatisation autour de la polémique, le Président
Pompidou finit par annuler le projet d'aménagement touristique qui
menaçait le parc. Mais si cet évènement a certes
notablement contribué à l'émergence d'une phase
d'impulsion, établir un lien de causalité unilatéral entre
l'affaire de la Vanoise et la création du ME, comme le font la
fédération victorieuse (FNE) - et l'auteur américain
Michael Bess (2003: 83) - nous apparaît comme un raccourci simpliste.
C'est également le cas en 2006 : la constitution de
l'Alliance pour la planète, lobby vert beaucoup plus large que
FNE11, est suivie la même année par le lancement du
Pacte écologique de Nicolas Hulot. Ce dernier menace de se
présenter à la présidentielle de 200712 si les
impératifs écologiques, notamment la mise en place d'un ME haut
placé13, ne sont pas pris en compte par les candidats.
Remarquons cependant que le succès du Pacte, signé par
pratiquement tous les candidats à l'élection
présidentielle et par plus de 700.000 citoyens, est surtout dû
à la notoriété de l'animateur de télévision.
En effet, en plus de sa popularité liée à 20 ans
d'émissions Ushuaia (et compagnie), Hulot apparaît
médiatiquement comme le leader d'opinion en matière
d'écologie en France. Ni l'adhésion de la Fondation Nicolas Hulot
à l'Alliance, ni son départ du groupement après le
lancement du Grenelle, n'ont fait grand bruit. Il s'agit pourtant de choix
stratégiquement intéressants... mais dont l'analyse
dépasserait notre cadre d'étude.
Inversement à ces cas de figure, les agissements du
secteur associatif ne nous semblent pas contribuer à la phase
d'impulsion que représente le PNE.
Attribuée en 1990, la nouvelle dénomination de
la FFSPN, France Nature Environnement (FNE) évoque curieusement la
première appellation du ministère de la Protection de la
Nature et de l'Environnement! Si le repositionnement conceptuel de la
nature sensu stricto à l'intégration de l'environnement
semble tardif, notons cependant que la fédération se dédie
aux thématiques environnementales depuis 1972 (FNE).
Quant à l'affaire du Rainbow Warrior en 1985,
Bess démontre que l'incident est en partie responsable de la mauvaise
image environnementale de la France à l'étranger. Si l'affaire
secoue certes le gouvernement Fabius, les sondages d'opinion de l'époque
indiquent que les Français supportent majoritairement l'Etat et le
maintien des essais nucléaires. Pour Greenpeace c'est un
véritable flop: faute de membres et de financements, l'ONG se
voit contraint de fermer son bureau de Paris en 1987. (Bess 2003 : 33-37)
Né d'une fusion en 1984, le parti Les Verts
adopte une attitude globalement passive face à la crise du
Rainbow Warrior. Cette stratégie low profile
s'avère sage si l'on considère leur forte progression
électorale à peine cinq ans plus tard. ...
Mais avant d'entamer l'analyse contextuelle de
l'écologie politique, précisons que nous porterons notre
attention sur les résultats électoraux des Verts
(principal parti écologiste) à divers niveaux territoriaux,
en fonction de leur proximité temporelle aux phases d'impulsion
institutionnelle. Ce vaste cadre d'analyse nous semble d'autant plus
intéressant que le système français de
l'élection
11 L'Alliance pour la planète rassemble environ 80
organisations membres, dont France nature environnement, Les Amis de la Terre,
Greenpeace, WWF, Réseau Action Climat et, à sa fondation, la
Fondation Nicolas-Hulot pour la nature et l'homme et le Réseau Sortir du
Nucléaire.
12 Hulot obtient 10 % d'intention de vote, dans un
contexte de voix serrées entre le candidat de droite Nicolas Sarkozy et
la candidate de gauche Ségolène Royal.
13 Le Pacte écologique
dénonce l'évolution de l'inter-ministérialité:
«Ce qui pouvait être la force de ce ministère, à
savoir sa transversalité, est devenu sa faiblesse. » Afin de
dépasser le rapport de force inégal avec les ministères
plus puissants, Pour Nicolas Hulot et le Comité de veille
écologique proposent de placer l'environnement sous la direction d'un
vice-Premier ministre chargé du Développement durable
qui serait responsable de l'insertion de l'impératif
écologique dans l'ensemble des politiques de l'Etat. (Hulot 2007:
199-208)
présidentielle, désavantageant les partis
minoritaires, est relativement peu représentatif de la popularité
des écologistes.
... Au tournant des années 90, une véritable
«vague verte »14 politique submerge la France. La ligne
puriste et inflexible d'Antoine Waechter, caractérisée par le
slogan « ni droite, ni gauche », attire un électorat
déçu par les manigances des partis traditionnels. En 1989,
Les Verts obtiennent entre 9 et 15 % aux élections municipales
et 10,6 % aux élections européennes. C'est dans ce contexte
favorable que l'écologiste Brice Lalonde, à la tête du
secrétariat d'Etat chargé de l'Environnement depuis 1988,
présente le PNE.
L'influence des scores électoraux des écologistes
sur les impulsions institutionnelles des années 1971 et 2007 nous semble
par contre bien plus réduite.
Au tournant des années 70, l'écologie politique
se forme par la constitution des Amis de la Terre et l'amorce de la lutte
antinucléaire. (Bennahmias 1992: 24) Bien que ces actes émanent
de marges éparpillées de la société, ils convergent
pour former un contre-courant - dans l'esprit de Mai 68. « Cette
politisation a été en l'espèce suffisante pour forcer
l'accès au champ politique et constituer le problème en enjeu
politique: d'abord pris à contre-pied, les autres acteurs politiques ont
été conduits à intégrer dans leurs programmes,
voire à surenchérir sur elle, la revendication écologique,
afin de tenter de désamorcer un mouvement social tendant à
s'organiser de manière autonome sur le plan politique; la
création d'un ministère s'inscrit alors pleinement dans cette
perspective de canalisation et de récupération.» (Chevallier
1999: 30) Nous nuançons cependant cette analyse; soulignons en effet que
la première apparition médiatique des écologistes
politiques est la candidature à l'élection présidentielle
de 1974 de l'agronome tiers-mondiste René Dumont - qui n'obtient que
1,32 % des suffrages. Si la politisation du tournant des années 70
contribue certes à créer un climat propice à
l'émergence d'une phase d'impulsion, elle n'en est pas
l'élément central.
Avec Dominique Voynet à leur tête, Les Verts
opèrent un virage à gauche à partir de 1994.
L'alliance avec les socialistes permet certes de placer des ministres à
l'Environnement (D. Voynet en 1997, Y. Cochet en 2001)15, et par ce
biais de générer de nouvelles politiques environnementales. Mais
ce virement de cap divise également Les Verts et entraîne
le parti dans la chute de la gauche. Ainsi, alors que Noël Mamère
recueille 5,25 % des suffrages à l'élection présidentielle
de 2002 - le meilleur score obtenu par un candidat écologiste au premier
tour - les choses se gâtent après la défaite du socialiste
Lionel Jospin au second tour. Les législatives de 2002 sont
désastreuses ... quant aux élections présidentielles de
2007, Les Verts retombe à un score presque aussi bas que celui
de Dumont en 1974: 1,57 % !16
En guise de conclusion à notre analyse du rapport entre
contextes de militants et institutionnalisation de l'environnement, notons que
le processus d'adaptation est bilatéral.
14 En 1981, Brice Lalonde publie un livre
intitulé Sur la vague verte. Mais l'expression, qui s'applique
mieux à l'époque où Lalonde est secrétaire d'Etat
chargé de l'Environnement, sera reprise par les commentateurs de
1989.
15 Les investitures précédentes de
candidats écologistes comprennent celle de Brice Lalonde dans le
gouvernement de gauche de Michel Rocard (1988-1992) et celle de Corine Lepage
(CAP 21) dans le gouvernement de droite d'Alain Juppé (1995-1997).
16 Certains critiques blâment l'intervention politique
de Nicolas Hulot, qui aurait fait de l'ombre aux Verts. Hulot a certes
prôné une écologie au delà des clivages politiques,
symboliquement cautionnée par les candidats au travers de la signature
du Pacte écologique. Cependant, il ne faut pas perdre de vue la forte
polarité de l'élection présidentielle de 2007: les deux
principaux candidats sont des primo-accédants, ce qui les oblige
à défendre leurs programmes respectifs avec plus de
puissance. Cette particularité a sans doute conduit, dès
le premier tour, à une polarisation parallèle de
l'électorat. De plus, l'expérience de ministre de l'Environnement
de la candidate socialiste Ségolène Royal (1992-1993) avait le
potentiel d'attirer l'électorat hésitant entre le vert et le
rose.
Ainsi, après de longues tergiversations, Les Verts
a entrepris la normalisation des modalités internes de
pouvoir à partir des années 90 (Bess 2003: 104). De nombreux
auteurs soulignent les processus d'intégration et
d'institutionnalisation des associations, notamment par l'acquisition d'une
contre- expertise pour tenir tête à la technocratie. (Micoud 1999:
156 ; Lascoumes 1994)
Mais au-delà du fonctionnement des organismes, nous
proposons d'illustrer la mutation militante par le positionnement des
écologistes face au ME, ceci approximativement aux trois phases de notre
cadre d'analyse:
· 1974 : contestation et solutions radicales par le
candidat René Dumont: «Le ministère de l'environnement,
c'est de la poudre aux yeux ! » (Dumont 1974);
· 1988 : première intégration au pouvoir d'un
écologiste : Brice Lalonde17 investit la fonction de
secrétaire d'Etat chargé de l'Environnement (gouvernement de
gauche);
· 2007: participation du secteur associatif aux tables
rondes du Grenelle (gouvernement de droite).
Or, en intégrant davantage le processus de prise de
décision, les écologistes accroissent en parallèle le
risque de perte de légitimité. Nous avons vu, au travers du cas
de l'alliance des Verts avec les socialistes, à quels
soubresauts cela peut mener. Nous ne pouvons encore évaluer le feedback
définitif du public par rapport à la participation des
associations au Grenelle. Cependant, la comparaison des
Eurobaromètres spéciaux de 2002 et de 2008
révèle déjà une baisse de la confiance
accordée aux associations environnementales (de 44 à 39 %) par
les Français - en parallèle à une hausse de la confiance
accordée aux scientifiques (de 45 à 52 %).18
En effet, l'assimilation au mainstream implique
insidieusement une réaction en chaîne qui remet en question la
notion même de militantisme:
Codécision compromis intégration des contraintes
socio-économiques affaiblissement des
revendications défection de l'opinion publique.
2.3. Le contexte médiatique
Bien que la diffusion du message écologiste puisse
être considérée comme un acte militant, nous traiterons ce
niveau séparément compte tenu de la multiplicité des
acteurs et de la spécificité de l'outil médiatique. Nous
présenterons ensuite un second niveau de sensibilisation
véhiculé par les media: les crises écologiques.
La description du processus de diffusion de la conscience
écologique par Jean-Paul Bozonnet dévoile que
l'évolution des acteurs influe sur la progression du discours
écologiste au sein de la société.
«L'écologisme mêle énoncés scientifiques et
discours militants, et bourgeonne à la lisière des
communautés épistémiques, notamment des biologistes. De
là, il diffuse dans les médias, l'école ou
l'université qui agissent eux-mêmes sur les leaders d'opinion,
enseignants, responsables associatifs..., lesquels alimentent la conscience
écologique des citoyens ordinaires. Ceux-ci ne sont pas mus par un
déterminisme à sens unique, mais forment des groupes de pression,
élisent des représentants politiques et influencent la puissance
publique. » (Bozonnet 2003)
17 Le cheminement de Brice Lalonde est symptomatique de ce
processus d'intégration. Soixante-huitard, il débute sa
carrière d'écologiste au sein des Amis de la Terre; vingt ans
plus tard, il intègre le gouvernement; en 2007, il est nommé
Ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique.
(Le Monde, 26/09/07). Notons que son retour sur la scène politique est
lié à la nomination au ME de Jean-Louis Borloo, avec qui il avait
fondé Génération Ecologie au début des
années 90.
18 Notons par ailleurs que les associations de
consommateurs bénéficient en France d'une confiance presque aussi
importante que les associations environnementales ! (Eurobaromètres 2002
et 2008)
Ainsi, à l'inverse du modèle linéaire de
communication de Shannon et Weaver19 (émetteur message
récepteur), la communication de l'environnement s'établit dans le
temps au travers de boucles de rétroaction par lesquelles s'opère
la progression du récepteur en émetteur.
Une rétrospective des principaux auteurs et ouvrages
(au sens large) médiatisés depuis quarante ans
révèle que l'évolution des ambassadeurs de
l'écologisme influe également largement sur le contenu du message
intégré. OEuvres symboliques à l'appui, nous
présentons ci-dessous les grands courants d'émetteurs/messages
précédent les phases d'impulsion institutionnelle.
· Dès les années 50, mais surtout à
partir des années 60, les scientifiques tirent la sonnette d'alarme.
o Roger Heim (1952), Destruction et protection de la
nature,
o Rachel Carson (1962, traduit en Français en 1968),
Printemps silencieux, o Jean Dorst (1964), Avant que nature
meure.
· Au cours des années 70 et 80, de grands
penseurs des sciences sociales s'emparent du message écologiste. Ils
critiquent le modernisme industriel et théorisent des alternatives au
système en place.
o Ivan Illich (1973), La Convivialité,
o André Gorz (1975), Ecologie et politique,
o Jacques Ellul (1988), Le bluff technologique.
· Au cours des années 90 et 2000, le
développement massif des media audiovisuels20 permet à
des personnalités médiatiques de se positionner comme de
véritables leaders d'opinion en matière d'environnement.
Pragmatiques, ils soutiennent et proposent des solutions win-win
intégrées au système.
Les années 2000 connaissent également un retour
de l'expertise scientifique, lié à la dominance de l'enjeu
climatique. Hulot arme stratégiquement sa Fondation d'un Comité
de veille écologique, composé de scientifiques de renommée
aptes à intervenir sur toutes les thématiques environnementales.
Ils co-rédigent plusieurs ouvrages, signés Nicolas Hulot
en police large afin d'attirer le public.
o Nicolas Hulot (2002), Combien de catastrophes avant
d'agir?, o Documentaire avec Al Gore (2005), Une vérité
qui dérange,
o Nicolas Hulot (2007), Pour un Pacte
écologique.
Notons qu'en parallèle à ces grands courants de
diffusion, une sensibilisation en filigrane ressort des émissions de
Jacques-Yves Cousteau et de Nicolas Hulot. Océanographe, Cousteau
réalise films et documentaires - notamment, le Monde du
Silence, Palme d'or au Festival de Cannes en 1956, et les multiples
aventures à bord de la Calypso -, ce qui lui permet de mesurer
l'ampleur des bouleversements environnementaux de 1942 à 1997 !
Journaliste, Hulot fait voyager les Français au bout du monde dès
1987, au travers des émissions successives Ushuaïa, le magazine
de l'extrême, Opération Okavango et Ushuaïa
Nature. Cousteau et Hulot, que rien ne relie au départ, ont
développé des traits communs:
· de conquérants de la nature, ils deviennent
écologistes au fil de leurs voyages;
· ils sensibilisent le public par le biais de l'aventure et
de l'émerveillement;
19 Apparu en 1948 dans Théorie
mathématique de la communication.
20 Un sondage de l'Eurobaromètre 2008 sur
les principales sources d'information environnementale indique qu'en France,
les films et les reportages à la télévision en
représentent pas moins de 45 %, arrivant en deuxième position
derrière le JT, contre seulement 6 % pour les livres ! (TNS Opinion
& Social 2008: 109)
· ils font pression pour la cause environnementale
au travers de l'associatif et de l'international (Cousteau à Rio, Hulot
à Johannesburg) mais préfèrent, en définitive, ne
pas s'engager en politique;
· leurs positions sont largement
controversées: Cousteau pour son soutien aux essais nucléaires
dans le Pacifique Sud et pour son déni de la gravité du trou dans
la couche d'ozone; Hulot - l'« hélico-logiste» selon les
adeptes de la décroissance - pour ses collaborations avec le secteur
privé (TF 1, EDF, ...) ; mais ils demeurent extrêmement
populaires.
Ainsi, ils agissent comme des capteurs/retransmetteurs de
l'évolution de leur époque. Leur emprise sur l'inconscient
collectif des Français a largement contribué à
dépasser la perception anthropocentrique de la nature, encore
très présente au début des années 70.
Le titre de l'ouvrage Combien de catastrophes avant
d'agir de Nicolas Hulot, choisi à la suite de l'explosion de
l'usine AZF à Toulouse en 2001, est symbolique de la portée
médiatique du thème de la catastrophe. Dans le cadre de notre
recherche, nous lui préférons le terme moins sensationnel de
«crise» car il implique la notion de gestion.
Nous avons basé notre typologie des crises
écologiques sur la Chronologie des problèmes environnementaux
à retentissement international par le Centre International de
Recherche sur l'Environnement et le Développement (CIRED).
La fin des années 60 est marquée par
l'émergence des crises écologiques perçues comme telles
par l'opinion publique suite à leur médiatisation. La catastrophe
à la raffinerie de pétrole de Feyzin en 1966 est
considérée comme le premier accident industriel en France.
«Il marque un tournant en France car il met brutalement en lumière
les risques inhérents aux grandes installations industrielles, en plein
développement à l'époque, et ses conséquences sont
considérables dans bien des domaines.» (Wolpin 2007: 60) Cet
accident est suivi de près par le naufrage du pétrolier Torrey
Canyon en 1967. Diffusées par la télévision, les images de
la marée noire souillant les côtes britanniques et
françaises choquent la France et l'Europe.
Les décennies 70 et 80 connaissent une amplification
des accidents pétroliers - Amoco Cadiz (1978), Exxon Valdez (1989) - et
industriels - Bhopal (1984), Sandoz (1986) -, mais aussi l'avènement
d'accidents nucléaires - Three Mile Island (1979), Tchernobyl (1986).
Avec la maîtrise des risques, les accidents industriels et
nucléaires sont en régression à partir des années
90. Par contre, les accidents pétroliers se maintiennent - Erika
(1999), Prestige (2002).
A partir de la fin des années 90, les
évènements climatiques extrêmes prennent le dessus:
tempête (1999), canicule (2003), inondations en Europe (2005), ouragan
Katrina dévastant la Nouvelle-Orléans (2005).
Nous montrerons comment se décline l'influence des
crises écologiques sur l'opinion publique dans le point suivant.
Pour conclure sur le contexte médiatique, notons que
malgré la corrélation de l'outil, les deux niveaux
étudiés intègrent l'opinion publique par un rythme
opposé : progressif et en profondeur pour la diffusion du message
écologiste, brusque et réactif pour les crises
écologiques.