La tendance inverse entre réduction des pressions de
production et augmentation des pressions de consommation se manifeste
clairement au travers des graphiques relatifs à l'énergie (voir
annexe n° 8 et graphique 5 ci-dessous). Nous observons un
découplage absolu entre l'intensité énergétique et
le PIB et un décalage relatif entre la consommation finale
d'énergie et le PIB (graphique 7 a). Or, le premier indicateur
dépend essentiellement de l'évolution au niveau des secteurs de
production, tandis que le second est également tributaire des
évolutions au niveau de la consommation. 44 Ainsi,
l'évolution de la consommation finale d'énergie est très
variable en fonction des secteurs économiques (graphique 5): tandis que
celle de l'industrie (au sens global, en incluant les données relatives
à la sidérurgie) est en baisse, celles du résidentiel -
tertiaire45 et des transports tout particulièrement sont en
forte hausse. Nous constatons une interversion quantitative de la consommation
finale d'énergie de l'industrie et de celle des transports46,
caractérisée par le croisement des courbes. Les fortes hausses
42 «Cette tendance résulte de
l'individualisation des modes de vie, de l'accroissement des divorces, du
vieillissement, de l'effritement des modes traditionnels de cohabitation et de
la fécondité réduite.» (Ifen 2006: 31)
43 « Après le boom des années soixante et
soixante-dix, la consommation pour l'équipement des ménages s'est
ralentie. La quasi-totalité des ménages, même les plus
modestes, possède aujourd'hui un lave-linge, un
réfrigérateur, un four à micro-ondes ou une
télévision. En outre, le multi-équipement,
c'est-à-dire le fait de détenir plusieurs exemplaires d'un
même équipement, progresse que ce soit pour la voiture, la
télévision ou le micro-ordinateur. » (Ifen 2006 : 32)
44 Nous observons une évolution similaire au niveau
des ressources: un découplage absolu entre l'intensité ressources
(DCM/PIB) et le PIB et un découplage relatif entre la consommation de
ressources par habitant et le PIB. Néanmoins, les valeurs de ce dernier
indicateur restent globalement stables depuis 1970, ce qui s'explique par une
relative maîtrise de la consommation des produits pétroliers
liée au développement de l'électronucléaire. (Ifen
2006: 167)
45 « La consommation totale du secteur se subdivise dans
des proportions voisines de 2/3 pour les bâtiments d'habitation et 1/3
pour le tertiaire (bureau, commerces, hôpitaux, établissement
d'enseignement, hôtels).» (Ministère de l'Économie,
des Finances et de l'Industrie 2006)
46 La part du secteur des transports dans les consommations
énergétiques est passée d'un cinquième en 1970
à presque un tiers en 2005. (Ministère de l'Économie, des
Finances et de l'Industrie 2006)
provenant des transports et du résidentiel - tertiaire
ont conduit au quasi-doublement de la consommation finale
d'électricité, tous secteurs confondus.
Nous constatons également une multi-causalité au
niveau de l'évolution de l'intensité
énergétique:
· Les fluctuations du marché du pétrole
influent largement sur l'évolution de l'intensité
énergétique. Ainsi, les courbes de tous les secteurs tendent
à baisser suite aux deux chocs pétroliers, soit durant les
périodes 1974-75 et 1980-82, tandis que vers la fin des années
80, l'effet du contre-choc pétrolier sur les prix stabilise la baisse
pour l'industrie, et infléchit la tendance pour le résidentiel -
tertiaire et les transports (graphique 7 b). Les secteurs où le volume
de consommation par unité consommatrice (industrie/centrale/logement -
commerce/véhicule) est important, et qui par conséquent subissent
le plus de pertes avec l'augmentation des prix du pétrole,
présentent les meilleurs résultats au niveau de
l'efficacité énergétique (voir infra).
· La chute de l'intensité énergétique
du secteur de la sidérurgie (graphique 7 b) est liée à la
mutation structurelle du secteur industriel.47
· La relance de la politique de l'énergie mise en
oeuvre par les pouvoirs publics a favorisé le maintien d'une nouvelle
tendance globale à l'amélioration de l'efficacité
énergétique, qui se dessine à partir de 1996 (graphique 7
a).48 La tension sur les prix en 1999-2000 a également
contribué à réactiver les efforts de maîtrise de
l'énergie.
Graphique 5
40
80
70
60
50
30
20
10
0
Evolution des consommations
finales
énergétiques par secteur
économique
(corrigées du climat)
1973197919851990199520002005
Résidentiel et tertiaire
Agriculture
Transports
Sidérurugie Industrie
Source des données : Ministère de
l'Économie, des Finances et de l'Industrie.
47 L'OCDE constate au niveau de ses pays membres
la même corrélation entre baisse de l'intensité
énergétique et aléas économiques. D'une part, au
niveau des conséquences des chocs pétroliers. Et d'autre part, au
niveau de la délocalisation des activités industrielles à
forte intensité énergétique: «La croissance de la
production industrielle totale a été très forte dans les
pays de l'OCDE (...), mais s'est concentrée dans l'industrie
légère et dans les secteurs de haute technologie. Nombre de
branches d'activité à forte intensité
énergétique, comme la sidérurgie, ont en fait connu une
baisse. » (OCDE 1997: 97)
48 «On enregistre en effet une
amélioration moyenne annuelle de 1,2 % entre 1996 et 2005. Une telle
décroissance n'avait pas été enregistrée depuis
plus de 20 ans. » (Ministère de l'Économie, des Finances et
de l'Industrie 2006)