L'ancrage du ME au sein du gouvernement s'accompagne de la
croissance de son budget, comme en témoigne le graphique 2.
Cependant, «L'évolution du budget du
ministère chargé de l'Environnement au fil du temps
reflète
(...) aussi les divers transferts institutionnels de
compétences entre les ministères et l'intégration dans
28 «Dire que l'on met dans le même
ministère, voire dans la même direction, à la fois les
intérêts de ceux qui pèsent quelques milliards et ceux qui
défendent des impératifs moins matériels, c'est possible
mais ce n'est pas facile... » (Comité d'histoire du
ministère 2007: 82)
29 Notons cependant que le nouveau ministre de
l'Agriculture, Michel Barnier, a rempli avec efficacité le poste de
ministre de l'Environnement de 1993 à 1995.
30 « L'urbanisation de la France, qui a eu lieu beaucoup
plus tardivement que celle de ses voisins européens, s'est
achevée à la fin des années 70. A cette époque, une
aspiration à la qualité commençait à naître
après une période consacrée essentiellement à la
quantité. » (Comité d'histoire du ministère 2007 :
74)
31 De façon plus générale, la
problématique du développement durable a été
intégrée tardivement dans la politique française. A peine
évoquée par le PNE, il faut attendre la loi Barnier relative au
renforcement de la protection de l'environnement (1995) pour que l'Etat
intègre cette perspective comme objectif directeur. (Rumpala 1999 :
274-276)
32 Bien que le budget du ME représente une part
minoritaire (environ 30 % en 2005) des dépenses publiques pour
l'environnement, nous nous limitons à l'analyse de son évolution
car il est représentatif de l'engagement du gouvernement.
le budget du ministère d'une partie des
dépenses concernant les établissements publics. » (Ifen
2006: 464) Ceci est particulièrement reflété par
l'apparente augmentation de 100 % en 1999, due en réalité
à l'inclusion de la budgétisation de l'ADEME. De même, afin
de ne pas fausser l'image de l'évolution, nous avons exclu du graphique
les 10 milliards d'euros du budget 2008 comprenant les larges dotations
d'administrations précédemment séparées de
l'Environnement.
Graphique 2
Evolution du budget du ministère
de
l'Environnement
1000
900
800
700
600
500
400
300
200
100
0
1971 1980 1989 1998 2007
Source des données : divers rapports émanant
du ME.
Les évaluations des vingt-cinq premières
années d'administration et de politiques environnementales en France
s'accordent pour constater l'inconséquence des moyens
budgétaires:
«Dès le programme des cent mesures en
1970, les limitations budgétaires ont pesé de façon
considérable sur l'action environnementale. Déjà il
fallait innover à moyens constants, c'est-à-dire sans
engager de nouvelles dépenses publiques. Le même principe a
prévalu en 1991 dans la mesure où la création des DIREN a
été davantage accompagnée de redéploiements
budgétaires que d'investissements nouveaux. » (Lascoumes 1999:
18)
Or, si le manque de moyens financiers
spécifiques33 du ME peut être justifié à
ses débuts par sa mission de coordination, cet argument ne tient plus la
route au début des années 90 lors de sa consolidation. Par
comparaison, après les années de crise économique,
«le budget affecté à l'environnement a continué
à subir des mesures de régulation au moment où
l'investissement redémarrait sensiblement dans les pays voisins (milieu
des années 80) ». (Theys 1998 : 26)
La courbe du graphique indique que le budget du ME a connu une
croissance plus importante à partir des années 2000. Mais en
2006, avec un budget équivalant à 0,4 % du budget civil de
l'Etat, le ME est placé en avant-dernière position de
l'échelon gouvernemental.